Pauline Deneufbourg du Programme VNU: « les Volontaires apportent un appui très important au personnel des Nations Unies et aux populations »

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10 déc 2015

Pauline Deneufbourg du Programme VNU: « les Volontaires apportent un appui très important au personnel des Nations Unies et aux populations »





{Dans le monde entier, des Volontaires des Nations Unies se sont engagés avec des partenaires au développement et des communautés locales dans le but de travailler de concert dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ils ont été les catalyseurs fondamentaux pour faire avancer ces objectifs et sont prêts à contribuer aux nouveaux Objectifs de développement durable (ODD). Quel est le bilan et quelles sont les perspectives de leurs actions en Côte d'Ivoire ? Pour en parler, ONUCI FM a interrogé la Coordonnatrice du Programme des Volontaires des Nations Unies en Côte d'Ivoire.}


















ONUCI FM :

Pouvez-vous nous parler de la contribution des Volontaires au développement

durable en Côte d'Ivoire ?



Pauline

Deneufbourg
.
 : Je voudrais

commencer d'abord par faire une brève présentation de ce qu'est le Programme des

Volontaires des Nations Unies, communément appelé Programme VNU. C'est un

programme qui existe depuis 1971, partout dans le monde et qui a pour mandat à

la fois de mobiliser les Volontaires au service du Système des Nations Unies –

Volontaires nationaux et internationaux – et de promouvoir le Volontariat comme

valeur auprès des Nations Unies ainsi qu'auprès des partenaires et des

bénéficiaires avec lesquels nous travaillons. Nous travaillons auprès des

gouvernements pour faire le plaidoyer pour le Volontariat, l'engagement citoyen

et toutes les valeurs qui se rapprochent du Volontariat.  C'est cela notre

mission en général et c'est ce que nous faisons en Côte d'Ivoire actuellement.



En termes de

mobilisation en Côte d'Ivoire, nous avons environ 150 volontaires. Je dis

environ, car c'est un chiffre qui évolue

constamment, en fonction des besoins exprimés par le Système des Nations Unies.

Ces 150 Volontaires sont mobilisés dans tout le Système, c'est-à-dire à la fois

auprès de la Mission de maintien de la paix - l'ONUCI- et auprès des agences,

fonds et programmes des Nations Unies implantés dans le pays. C'est ce qui

explique que nous ayons parmi ces 150 Volontaires, des profils extrêmement

diversifiés.



ONUCI FM : Est-ce que ce nombre de

150 est suffisant ?



P.D. : C'est

un nombre qui correspond aux différents besoins exprimés par les différentes

sections de l'ONUCI, les agences, fonds et programmes qui les mobilisent et cela

apporte une contribution exceptionnelle à tout le Système des Nations Unies

puisque ce sont des appuis qui sont fournis dans domaines, comme je le disais,

très diversifiés, qui vont des domaines de compétence extrêmement techniques à

des domaines de compétence très différents. On a par exemple des analystes de

projets, des officiers de projets dans le secteur des droits de l'Homme ou des

affaires civiles qui apportent un appui énorme durant la période électorale par

exemple...



ONUCI FM : Quel appui par exemple ?



P.D. :

On a beaucoup de Volontaires qui travaillent dans le domaine des Affaires

civiles dans différents lieux d'affectation en Côte d'Ivoire ; cela va d'Abidjan

jusqu'à Korhogo, en passant par Man, Guiglo, Bondoukou, etc. Tous ces

Volontaires ont apporté un appui énorme avant, pendant et après la période

électorale, dans différents domaines. Je citerai par exemple tous les ateliers

de sensibilisation organisés dans les communautés pour des élections apaisées.

Ce sont des activités qui continuent d'ailleurs de se faire actuellement avec

différentes cibles : on a des Volontaires qui travaillent avec des

établissements scolaires ; on a des Volontaires qui travaillent avec les prisons

dans les domaines des droits de l'Homme ....On a donc des domaines très

diversifiés.



Mais il ne faut

pas oublier tous les Volontaires qui apportent un soutien à l'existence même de

la Mission, de l'ONUCI, et qui permettent à cette mission de vivre et sans qui,

ce ne serait pas possible. Je citerai par exemple nos Volontaires qui

travaillent à la Section Transports, c'est un appui considérable ; on a

également les Volontaires qui travaillent aux Sections ''Procurement'',

''Medical'', dans plusieurs lieux d'affectation, pas seulement à Abidjan et qui

apportent un appui très important, non seulement au personnel des Nations Unies

mais aussi aux populations bénéficiaires.



ONUCI FM :

Quelle a été votre contribution à la réalisation des Objectifs du millénaire

pour le développement ?



P.D. :

Le Programme VNU, à travers le mandat assez transversal qu'il a, a effectivement

apporté un appui important à tout ce qu'on appelle l'agenda post-2015. Je

citerai par exemple...



ONUCI FM : ...Les

Objectifs du développement durable ?



P.D. :

Les objectifs de développement durable, oui, et plus largement, l'agenda

post-2015. Par exemple, on a organisé une activité en partenariat avec diverses

organisations de la société civile et le ministère des Affaires sociales qui

organisaient la Journée de promotion du genre. La contribution du  bureau VNU a

été d'organiser un atelier de sensibilisation à destination des populations

jeunes, la cible principale, pour montrer qu'elle était la contribution du

Volontariat pour lutter contre les inégalités de genre. C'est une des

contributions que le Volontariat peut apporter.



C'est vrai que

le Volontariat, en tant que valeur, est réellement un outil pour de nombreux

objectifs de développement durable.  Je pense que le Volontariat peut s'intégrer

dans la plupart des objectifs de cet agenda post -015. Certes que la lutte

contre les inégalités du genre, c'est un exemple, mais il y en a beaucoup

d'autres...



ONUCI FM : ...Dans l'environnement

aussi ?



P.D. : ...Exactement,

j'allais en parler aussi.



Le Volontariat

contribue aussi à la sauvegarde de l'environnement.  On a deux Volontaires en

poste actuellement à l'agence UNEP (NDLR : Programme des Nations Unies pour

l'Environnement
) et qui travaillent justement sur cette thématique-là

d'environnement et de changement climatique....Il y a vraiment l'engagement de

Volontaires dans plein de domaines différents qui touchent aux Objectifs de

développement durable.



ONUCI FM :

En quoi aujourd'hui les Volontaires  en Côte d'Ivoire

ont pu changer la vie des communautés locales ? Avez-vous des exemples de

projets qui ont donné satisfaction ?



P.D. :

On a beaucoup, beaucoup de satisfaction.  Je citerai des projets que j'ai eu

la chance de visiter à travers nos missions de terrain – quand nous allions

visiter nos Volontaires sur le terrain – sans oublier ceux d'Abidjan, bien sûr,

très actifs eux aussi...Je citerai, par exemple, les projets d'autonomisation des

femmes qui ont lieu dans la région de Man et qui sont mis en place par l'agence

ONU Femmes, avec l'appui d'un de nos Volontaires national. Nous avions pu

rencontrer les bénéficiaires, ces femmes qui ont bénéficié de ce projet, et l'on

sent qu'il y a un impact réellement durable. On a également visité des projets

de cohésion sociale, mis en place grâce à l'appui de nos Volontaires des

Affaires civiles à l'ONUCI. J'ai eu l'opportunité de visiter certains résultats

de ces projets dans les régions de San Pedro et Sassandra. C'est vrai que le

fait de pouvoir rencontrer les bénéficiaires et de discuter avec eux dans les

communautés, c'est un parfait exemple de la réussite de ces projets et surtout

de l'appui de nos Volontaires pour cette réussite.



ONUCI FM :

Des obstacles ?



P.D. :

(Rires) Je

n'en connais pas beaucoup...



ONUCI FM :

...Dans votre travail au quotidien ?



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P.D. :

Je pense que les obstacles sont justement des atouts également. J'ai pu le

dire en introduction : une de nos valeurs ajoutées, c'est la diversité de nos

profils et de nos nationalités – on a énormément de nationalités représentées en

Côte d'Ivoire...



ONUCI FM :

...Entre autres ?



P.D. :

La nationalité la plus représentée, c'est la République démocratique du

Congo. On a également beaucoup de Volontaires qui sont du  Burundi et du

Cameroun également. On a beaucoup de profils différents et on est aussi en train

de mobiliser nationaux, ivoiriennes et ivoiriens.



...Je voudrais

vous parler du projet que nous sommes en train d'initier en appui au

Gouvernement, avec le ministère de la Jeunesse. C'est un projet de Volontariat

national qui consiste à créer une modalité de Volontariat qui serait destinée

aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens et qui permettrait de les affecter dans des

missions de volontariat, auprès de différentes structures d'accueil. Là, on

sortirait du cadre des Nations Unies ; ce serait des Volontaires nationaux qui

travailleraient auprès de structures associatives ou d'autorités locales qui en

exprimerait le besoin. Ce sont deux projets pilote que nous avons vocation à

mettre en place dans deux régions, Man et Bouaké, identifiées comme deux régions

prioritaires pour mettre en place ce type de projets qui est essentiellement à

destination des jeunes. Il faut savoir que la jeunesse est notre public

principal du fait du mandat du programme VNU.



ONUCI FM :

Pourquoi ces villes sont-elles prioritaires ?



P.D. :

Ce ne sont pas des villes mais plutôt des régions ; les régions du Gbêkê et

du Tonkpi ont été identifiées comme des régions pilotes. Elles sont prioritaires

car on a jugé que c'était des régions qui contenaient une jeunesse fortement

touchée et traumatisée ; des régions avec des problèmes de cohésion sociale. Ce

sont des régions où il y a un fort besoin d'insertion et de réinsertion. 




Je parlerai

également d'employabilité. C'est vrai que l'employabilité, pour nous, c'est un

objectif durable qu'apporte le Volontariat. Le Volontariat aide à insérer les

jeunes dans un circuit d'employabilité ; cela leur permet de développer leurs

compétences. Etre volontaire, c'est développer ses compétences dans un certain

domaine d'expertise ; c'est également s'insérer dans un réseau professionnel.

Là, je parle des Volontaires des Nations Unies et aussi des Volontaires

nationaux qu'on aura à mobiliser par la suite, si le projet fonctionne, et qui

pourront développer des compétences, par la suite, dans leurs domaines.




Quand on dit

domaine, encore une fois, on a vraiment vocation à s'adapter aux domaines

prioritaires de la Côte d' Ivoire, en particulier de ces deux régions ciblées. 

Nous avons conscience qu'il y a des besoins très ruraux dans certaines régions

et parfois des besoins qui sont tout autre, par exemple d'ordre administratif,

dans certaines structures. On s'adaptera aux besoins exprimés par les structures

et aux capacités de ces structures d'accueil pour accueillir des Volontaires et

les former.



...Nous organisons

également tous les ans, le 5 décembre, la célébration de la Journée

internationale des Volontaires qui a vise à rendre hommage à tous les

Volontaires qui contribuent à la paix et au développement dans le monde.  A

cette occasion, dans le cadre de nos activités de l'année 2015, nous avons une

série d'activités telles que le ramassage des déchets et d'autres actions qui

ont une portée sociale et une portée communautaire, qui ont lieu dans différents

lieux d'affectation où on a vocation à toucher les populations et à les

sensibiliser sur la valeur du Volontariat et de l'engagement citoyen.



ONUCI FM :

Votre apport au processus de paix et de cohésion sociale ?



P.D. :

Notre apport au processus de paix et de cohésion sociale est assez large

puisque nous avons un certain nombre de volontaires des Nations Unies qui

travaillent dans les sections et qui vont vers ce mandat-là, vers cet

objectif-là. Je citerai par exemple les Volontaires qui travaillent dans la

section DDR (NDLR: Désarmement,

démobilisation et réinsertion
) qui ont contribué à certaines actions de

réinsertion des anciens combattants ; on  a également les Volontaires qui

travaillent à la section des Affaires civiles pour la cohésion sociale. Je

citerai aussi ceux qui travaillent au PNUD (NDLR : Programme des Nations

Unies pour le Développement
) qui travaillent dans le secteur de la jeunesse,

pour l'insertion des jeunes en Côte d'Ivoire, la cohésion sociale et la

réconciliation.





Propos recueillis par Malika Kamara