Pauline Deneufbourg du Programme VNU: « les Volontaires apportent un appui très important au personnel des Nations Unies et aux populations »
{Dans le monde entier, des Volontaires des Nations Unies se sont engagés avec des partenaires au développement et des communautés locales dans le but de travailler de concert dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ils ont été les catalyseurs fondamentaux pour faire avancer ces objectifs et sont prêts à contribuer aux nouveaux Objectifs de développement durable (ODD). Quel est le bilan et quelles sont les perspectives de leurs actions en Côte d'Ivoire ? Pour en parler, ONUCI FM a interrogé la Coordonnatrice du Programme des Volontaires des Nations Unies en Côte d'Ivoire.}
ONUCI FM :
Pouvez-vous nous parler de la contribution des Volontaires au développement
durable en Côte d'Ivoire ?
Pauline
Deneufbourg. : Je voudrais
commencer d'abord par faire une brève présentation de ce qu'est le Programme des
Volontaires des Nations Unies, communément appelé Programme VNU. C'est un
programme qui existe depuis 1971, partout dans le monde et qui a pour mandat à
la fois de mobiliser les Volontaires au service du Système des Nations Unies –
Volontaires nationaux et internationaux – et de promouvoir le Volontariat comme
valeur auprès des Nations Unies ainsi qu'auprès des partenaires et des
bénéficiaires avec lesquels nous travaillons. Nous travaillons auprès des
gouvernements pour faire le plaidoyer pour le Volontariat, l'engagement citoyen
et toutes les valeurs qui se rapprochent du Volontariat. C'est cela notre
mission en général et c'est ce que nous faisons en Côte d'Ivoire actuellement.
En termes de
mobilisation en Côte d'Ivoire, nous avons environ 150 volontaires. Je dis
environ, car c'est un chiffre qui évolue
constamment, en fonction des besoins exprimés par le Système des Nations Unies.
Ces 150 Volontaires sont mobilisés dans tout le Système, c'est-à-dire à la fois
auprès de la Mission de maintien de la paix - l'ONUCI- et auprès des agences,
fonds et programmes des Nations Unies implantés dans le pays. C'est ce qui
explique que nous ayons parmi ces 150 Volontaires, des profils extrêmement
diversifiés.
ONUCI FM : Est-ce que ce nombre de
150 est suffisant ?
P.D. : C'est
un nombre qui correspond aux différents besoins exprimés par les différentes
sections de l'ONUCI, les agences, fonds et programmes qui les mobilisent et cela
apporte une contribution exceptionnelle à tout le Système des Nations Unies
puisque ce sont des appuis qui sont fournis dans domaines, comme je le disais,
très diversifiés, qui vont des domaines de compétence extrêmement techniques à
des domaines de compétence très différents. On a par exemple des analystes de
projets, des officiers de projets dans le secteur des droits de l'Homme ou des
affaires civiles qui apportent un appui énorme durant la période électorale par
exemple...
ONUCI FM : Quel appui par exemple ?
P.D. :
On a beaucoup de Volontaires qui travaillent dans le domaine des Affaires
civiles dans différents lieux d'affectation en Côte d'Ivoire ; cela va d'Abidjan
jusqu'à Korhogo, en passant par Man, Guiglo, Bondoukou, etc. Tous ces
Volontaires ont apporté un appui énorme avant, pendant et après la période
électorale, dans différents domaines. Je citerai par exemple tous les ateliers
de sensibilisation organisés dans les communautés pour des élections apaisées.
Ce sont des activités qui continuent d'ailleurs de se faire actuellement avec
différentes cibles : on a des Volontaires qui travaillent avec des
établissements scolaires ; on a des Volontaires qui travaillent avec les prisons
dans les domaines des droits de l'Homme ....On a donc des domaines très
diversifiés.
Mais il ne faut
pas oublier tous les Volontaires qui apportent un soutien à l'existence même de
la Mission, de l'ONUCI, et qui permettent à cette mission de vivre et sans qui,
ce ne serait pas possible. Je citerai par exemple nos Volontaires qui
travaillent à la Section Transports, c'est un appui considérable ; on a
également les Volontaires qui travaillent aux Sections ''Procurement'',
''Medical'', dans plusieurs lieux d'affectation, pas seulement à Abidjan et qui
apportent un appui très important, non seulement au personnel des Nations Unies
mais aussi aux populations bénéficiaires.
ONUCI FM :
Quelle a été votre contribution à la réalisation des Objectifs du millénaire
pour le développement ?
P.D. :
Le Programme VNU, à travers le mandat assez transversal qu'il a, a effectivement
apporté un appui important à tout ce qu'on appelle l'agenda post-2015. Je
citerai par exemple...
ONUCI FM : ...Les
Objectifs du développement durable ?
P.D. :
Les objectifs de développement durable, oui, et plus largement, l'agenda
post-2015. Par exemple, on a organisé une activité en partenariat avec diverses
organisations de la société civile et le ministère des Affaires sociales qui
organisaient la Journée de promotion du genre. La contribution du bureau VNU a
été d'organiser un atelier de sensibilisation à destination des populations
jeunes, la cible principale, pour montrer qu'elle était la contribution du
Volontariat pour lutter contre les inégalités de genre. C'est une des
contributions que le Volontariat peut apporter.
C'est vrai que
le Volontariat, en tant que valeur, est réellement un outil pour de nombreux
objectifs de développement durable. Je pense que le Volontariat peut s'intégrer
dans la plupart des objectifs de cet agenda post -015. Certes que la lutte
contre les inégalités du genre, c'est un exemple, mais il y en a beaucoup
d'autres...
ONUCI FM : ...Dans l'environnement
aussi ?
P.D. : ...Exactement,
j'allais en parler aussi.
Le Volontariat
contribue aussi à la sauvegarde de l'environnement. On a deux Volontaires en
poste actuellement à l'agence UNEP (NDLR : Programme des Nations Unies pour
l'Environnement) et qui travaillent justement sur cette thématique-là
d'environnement et de changement climatique....Il y a vraiment l'engagement de
Volontaires dans plein de domaines différents qui touchent aux Objectifs de
développement durable.
ONUCI FM :
En quoi aujourd'hui les Volontaires en Côte d'Ivoire
ont pu changer la vie des communautés locales ? Avez-vous des exemples de
projets qui ont donné satisfaction ?
P.D. :
On a beaucoup, beaucoup de satisfaction. Je citerai des projets que j'ai eu
la chance de visiter à travers nos missions de terrain – quand nous allions
visiter nos Volontaires sur le terrain – sans oublier ceux d'Abidjan, bien sûr,
très actifs eux aussi...Je citerai, par exemple, les projets d'autonomisation des
femmes qui ont lieu dans la région de Man et qui sont mis en place par l'agence
ONU Femmes, avec l'appui d'un de nos Volontaires national. Nous avions pu
rencontrer les bénéficiaires, ces femmes qui ont bénéficié de ce projet, et l'on
sent qu'il y a un impact réellement durable. On a également visité des projets
de cohésion sociale, mis en place grâce à l'appui de nos Volontaires des
Affaires civiles à l'ONUCI. J'ai eu l'opportunité de visiter certains résultats
de ces projets dans les régions de San Pedro et Sassandra. C'est vrai que le
fait de pouvoir rencontrer les bénéficiaires et de discuter avec eux dans les
communautés, c'est un parfait exemple de la réussite de ces projets et surtout
de l'appui de nos Volontaires pour cette réussite.
ONUCI FM :
Des obstacles ?
P.D. :
(Rires) Je
n'en connais pas beaucoup...
ONUCI FM :
...Dans votre travail au quotidien ?
P.D. :
Je pense que les obstacles sont justement des atouts également. J'ai pu le
dire en introduction : une de nos valeurs ajoutées, c'est la diversité de nos
profils et de nos nationalités – on a énormément de nationalités représentées en
Côte d'Ivoire...
ONUCI FM :
...Entre autres ?
P.D. :
La nationalité la plus représentée, c'est la République démocratique du
Congo. On a également beaucoup de Volontaires qui sont du Burundi et du
Cameroun également. On a beaucoup de profils différents et on est aussi en train
de mobiliser nationaux, ivoiriennes et ivoiriens.
...Je voudrais
vous parler du projet que nous sommes en train d'initier en appui au
Gouvernement, avec le ministère de la Jeunesse. C'est un projet de Volontariat
national qui consiste à créer une modalité de Volontariat qui serait destinée
aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens et qui permettrait de les affecter dans des
missions de volontariat, auprès de différentes structures d'accueil. Là, on
sortirait du cadre des Nations Unies ; ce serait des Volontaires nationaux qui
travailleraient auprès de structures associatives ou d'autorités locales qui en
exprimerait le besoin. Ce sont deux projets pilote que nous avons vocation à
mettre en place dans deux régions, Man et Bouaké, identifiées comme deux régions
prioritaires pour mettre en place ce type de projets qui est essentiellement à
destination des jeunes. Il faut savoir que la jeunesse est notre public
principal du fait du mandat du programme VNU.
ONUCI FM :
Pourquoi ces villes sont-elles prioritaires ?
P.D. :
Ce ne sont pas des villes mais plutôt des régions ; les régions du Gbêkê et
du Tonkpi ont été identifiées comme des régions pilotes. Elles sont prioritaires
car on a jugé que c'était des régions qui contenaient une jeunesse fortement
touchée et traumatisée ; des régions avec des problèmes de cohésion sociale. Ce
sont des régions où il y a un fort besoin d'insertion et de réinsertion.
Je parlerai
également d'employabilité. C'est vrai que l'employabilité, pour nous, c'est un
objectif durable qu'apporte le Volontariat. Le Volontariat aide à insérer les
jeunes dans un circuit d'employabilité ; cela leur permet de développer leurs
compétences. Etre volontaire, c'est développer ses compétences dans un certain
domaine d'expertise ; c'est également s'insérer dans un réseau professionnel.
Là, je parle des Volontaires des Nations Unies et aussi des Volontaires
nationaux qu'on aura à mobiliser par la suite, si le projet fonctionne, et qui
pourront développer des compétences, par la suite, dans leurs domaines.
Quand on dit
domaine, encore une fois, on a vraiment vocation à s'adapter aux domaines
prioritaires de la Côte d' Ivoire, en particulier de ces deux régions ciblées.
Nous avons conscience qu'il y a des besoins très ruraux dans certaines régions
et parfois des besoins qui sont tout autre, par exemple d'ordre administratif,
dans certaines structures. On s'adaptera aux besoins exprimés par les structures
et aux capacités de ces structures d'accueil pour accueillir des Volontaires et
les former.
...Nous organisons
également tous les ans, le 5 décembre, la célébration de la Journée
internationale des Volontaires qui a vise à rendre hommage à tous les
Volontaires qui contribuent à la paix et au développement dans le monde. A
cette occasion, dans le cadre de nos activités de l'année 2015, nous avons une
série d'activités telles que le ramassage des déchets et d'autres actions qui
ont une portée sociale et une portée communautaire, qui ont lieu dans différents
lieux d'affectation où on a vocation à toucher les populations et à les
sensibiliser sur la valeur du Volontariat et de l'engagement citoyen.
ONUCI FM :
Votre apport au processus de paix et de cohésion sociale ?
P.D. :
Notre apport au processus de paix et de cohésion sociale est assez large
puisque nous avons un certain nombre de volontaires des Nations Unies qui
travaillent dans les sections et qui vont vers ce mandat-là, vers cet
objectif-là. Je citerai par exemple les Volontaires qui travaillent dans la
section DDR (NDLR: Désarmement,
démobilisation et réinsertion) qui ont contribué à certaines actions de
réinsertion des anciens combattants ; on a également les Volontaires qui
travaillent à la section des Affaires civiles pour la cohésion sociale. Je
citerai aussi ceux qui travaillent au PNUD (NDLR : Programme des Nations
Unies pour le Développement) qui travaillent dans le secteur de la jeunesse,
pour l'insertion des jeunes en Côte d'Ivoire, la cohésion sociale et la
réconciliation.
Propos recueillis par Malika Kamara