L'ONEF sensibilise contre l'excision à Bondoukou

21 avr 2008

L'ONEF sensibilise contre l'excision à Bondoukou

Abidjan, le 21 avril 2008... L'Organisation Nationale pour l'Enfant, la Femme et la Famille (ONEF), a lancé, à Bondoukou, avec l'appui du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (UNICEF), le 18 avril, une campagne de sensibilisation de 9 mois sur l'excision, l'une des pires formes de mutilations génitales féminines répandues à travers le monde.

Selon une étude de l'ONEF, plus de 78 % des femmes du département de Bondoukou, ont été excisées. Devant cette situation alarmante, des associations et ONGs de la région s'organisent auprès des autorités religieuses, locales et administratives pour jouer un rôle plus accrue dans la lutte contre ce fléau, a constaté le correspondant de ONUCI- FM dans la localité.

Dr. Seth Loité, originaire de la région et chirurgien au Centre Hospitalier Régional de Bondoukou (CHR) a tiré la sonnette d'alarme, en faisant prendre conscience aux femmes de la nécessité de combattre l'excision.

« C'est le même instrument qui est utilisé par l'exciseuse pour faire toutes les excisions, or le virus de l'hépatite B est très redoutable et résistant. Les méthodes de stérilisation des instruments ne sont pas suffisantes » explique-t-il.

L'ONEF œuvre à la promotion et à la protection des droits des filles et des femmes par l'élimination des mutilations génitales féminines dans les quartiers, villages et sous préfecture de Bondoukou.

Le Chef de projets de l'ONEF, Gnéblé Lablé a indiqué que durant pratiquement toute l'année, son organisation a fait des séances de sensibilisation dans 30 villages et dans les 24 quartiers de la ville de Bondoukou. « Nous avons identifié 15 exciseuses dont certaines se sont engagées avec nous dans la sensibilisation. Ce que nous visons à la fin, c'est un changement de comportement et l'acquisition de nouvelles pratiques qui ne seraient plus néfastes pour la santé et pour les droits des femmes et des enfants », a conclu M. Gnéblé.

L'Evêque du Diocèse de Bondoukou, Monseigneur Félix Kouadio, touché par le drame que vivent ces femmes a pris fait et cause pour la lutte contre l'excision et a engagé l'église aux côtés de l'ONEF. « Je vais en parler à mes prêtres et voir dans quelle mesure nous pourrions dans l'avenir, nous (...) informer un peu plus afin que nous puissions à notre tour former nos fidèles », a-t-il promis.

Le préfet de Bondoukou, Goun François Germain, a, quant à lui, promis un appui des sous-préfets au projet de l'ONEF et a ensuite fait des recommandations pour mieux véhiculer le message. « Lors de vos plaidoyers, il faut montrer des images et des diapositifs afin que les gens comprennent mieux le mal qui est fait à l'intégrité physique des femmes et des filles par la pratique de l'excision », a-t-il conseillé

Peut-on abandonner la pratique de l'excision dans la région ?

A Soko, village situé dans la commune de Bondoukou où l'excision est toujours en cours, la doyenne des 6 exciseuses, Yaoua Afia dit que l'excision est une vieille tradition qu'elles tiennent de leurs arrières grand parents et dont l'abandon nécessiterait des sacrifices de bétails « pour demander pardon aux ancêtres ».

Dans les quartiers de Djiminisso et Hamdalaye renommés pour la pratique de l'excision, la présidente de L'Union Générale des Femmes (UGF), Touré Madiala, s'est dite satisfaite de l'impact de la sensibilisation menée par leur association. « On y a enregistré une diminution de la pratique », s'est-elle réjouit.

L'ONEF compte étendre ce projet à davantage de villages, tout en impliquant les chefs religieux et traditionnels.