Le président du PIT souhaite une année de paix et de justice aux ivoiriens

7 jan 2009

Le président du PIT souhaite une année de paix et de justice aux ivoiriens







Le président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT), Pr.
Francis Vangah WODIE était, lundi, l'invité spécial de l'émission « bilan de
l'année 2008» d'ONUCI FM. Il a, à cette occasion, souhaité aux ivoiriens une
année de paix, de justice et de démocratie. Ci-dessous, un extrait de
l'interview.




 




ONUCI-FM: Votre pays, la Côte
d'Ivoire est, depuis 2002, secoué par la crise qu'on connait. Et en Mars 2007,
il eut l'Accord Politique de Ouagadougou. Quel est le regard aujourd'hui du Pr.
Francis Wodié sur le chemin parcouru ?




 




FRANCIS WODIE: La crise que
traverse ou que traversait la Côte d'Ivoire remonte assez loin ! Nous, nous
avions dès 1990, lorsque nous avons eu la possibilité de parler clairement, à
ciel ouvert, nous avons dit qu'aujourd'hui, les Ivoiriens devraient se retrouver
pour jeter les bases de la nouvelle Côte d'Ivoire. Nous vivions sous le régime
du parti unique avec le pouvoir personnel, avec ses pratiques. Nous avons pris
la décision d'en sortir. Cela signifie que le consensus qui était supposé
exister sur la base du parti   unique, ne peut pas continuer à servir de
fondement au multipartisme et au pluralisme. Il faut qu'ensemble, nous
redéfinissions les bases et les règles du jeu.   




 




ONUCI-FM: Etait-ce la conférence
nationale préconisée par le PIT ?




 




FRANCIS WODIE: C'était la
conférence nationale, la concertation nationale pour qu'on se mette d'accord sur
 le minimum. On n'a pas été entendu. Nous avons traversé de différentes crises
en 1993, au décès du président Houphouët Boigny, nous avons frôlé le coup d'Etat.
En 1995, le boycott actif, [avec] des morts. En 1999, le coup d'état et en 2002,
le conflit armé. Jusqu'où devons-nous aller pour comprendre qu'il est temps pour
renoncer définitivement à la guerre et à la violence pour régler les problèmes
de la Côte d'Ivoire. Quand comprendrons-nous que c'est par le dialogue entre les
Ivoiriens que nous pourrons régler nos problèmes et sortir de la crise. Nous
avons conclu plusieurs accords avec de différentes parties, ces accords ont été
donnés comme un échec. On peut expliquer la situation de diverses manières. Et
puis, nous sommes accrochés à l'Accord Politique de Ouagadougou qui a été
présenté un peu comme la voix royale de sortie de cette crise. L'Accord s'est
donné dix mois pour régler les problèmes et nous conduire aux élections. Nous
sommes pratiquement à 2 ans. Avec la situation que nous connaissons, nous avons
dit quelque part, qu'on peu au total considérer que l'Accord de Ouagadougou pour
n'avoir pas pu réaliser les objectifs qu'il s'est assignés dans le temps qu'il
s'est fixé. Ne manque t-il pas quelque chose ici ?  Un qualificatif de
l'Accord ? Nous n'allons pas polémiquer sur cette
question. Nous pensons que le plus important, c'est de se rendre compte qu'il
est extrêmement difficile de régler à deux ou à trois les problèmes qui
concernent 10 mille, 10 millions  ou 20.millions d'Ivoiriens. Prenant conscience
de cela, des difficultés que les accords conclus ont rencontré, il est temps
aujourd'hui, sortant de la l'année 2008, de savoir que nous n'avons pas su, et
pour certains n'avons pas voulu régler les problèmes et sortir de la crise. Que
2009, soit l'année de la paix, d'une paix durable, d'une paix juste voulue par
l'ensemble des Ivoiriens qui s'engagent résolument dans la voie de la paix. Et
pour nous, aujourd'hui plus qu'hier, la voie de la paix passe par le dialogue,
par la concertation nationale. Et nous retrouvons le slogan d'il y a 18 ans,
« ou la concertation, ou la violence ». Nous voulons au PIT, la concertation et
la paix. C'est notre raison d'être, c'est notre pratique et c'est notre volonté.




                        




ONUCI-FM: Pr. Francis Wodié, ce
concept de concertation nationale, c'est quoi concrètement?




 




FRANCIS WODIE: Pour nous, tout est
simple. Dans un village, dans une ville, dans un pays, des problèmes se posent
au quotidien, qu'on peu régler par diverse voies. Mais lorsque les problèmes
atteignent les fondements de la société, entament les racines de l'arbre
tutélaire, en quelque sorte, qu'est ce qu'on fait ? On se rassemble pour en
parler afin de savoir d'où vient le mal, d'où vient le problème pour chercher à
comprendre et à la suite de la compréhension, qu'on en a, on tire les
conséquences et on dégage les moyens destinés à régler les problèmes et à sortir
de la crise. Est-ce qu'on peut confier à un seul, le soin de régler le problème
de l'ensemble ? Seul Dieu, peut régler tout seul les problèmes des hommes. Mais
le problème des hommes, sont créés par les hommes et ce sont les hommes qui
doivent les régler. Les hommes ne peuvent pas les régler si chacun reste dans
son coin, si chacun donne sa solution ! Il faudra alors qu'un ou quelques uns
aient assez de volonté pour imposer leurs solutions à l'ensemble. Mais, la
crédibilité et la fiabilité d'une telle solution, elle est incertaine et elle
est précaire. Donc pour une solution durable, il faut un minimum d'accord. Et
nous le reconnaissons tous d'ailleurs, en ayant reconnu qu'on n'a pas pu mater
la rébellion par la force, nous sommes un peu en situation d'équilibre et nous
avons du recourir à des négociations, en reconnaissant la nécessite d'accord,
c'est-à-dire un minimum de consensus. Elargissons le champ, posons les vrais
problèmes, trouvons les solutions et construisons ensemble sur la base du
consensus minimal de ce nouveau contrat social et politique pour la nouvelle
Côte d'Ivoire.               




 




ONUCI-FM: Qu'est ce qui vous a le
plus marqué au cours de l'année 2008 ?  




         




FRANCIS WODIE: Je note au total
que l'année 2008 a été extrêmement difficile pour tous !




Après avoir longtemps discutaillé, il est temps avec l'année
2009 pour les Ivoiriens de se ressaisir, pour aller les uns vers les autres. On
a souvent tendance à dire que ce sont les hommes politiques qui sont à l'origine
de la crise. Des hommes politiques ont certainement leur part de responsabilité.
Et selon la position qu'on occupe, cette part est plus ou moins importante. Il
faut que les Ivoiriens comprennent, même ceux qui disent ne pas vouloir faire de
politique, que leur sort est commun et que chacun, nous avons notre part de
responsabilité où que nous nous trouvions et quoi que nous fassions, il faut
qu'on en soit conscient. 




  




ONUCI-FM: L'opération
d'identification et de recensement électoral a été lancée il y a quelques temps.
L'opération a pris fin à Abidjan, elle s'étend à l'intérieur du pays. Le
commentaire du président Francis Wodié !




         




FRANCIS WODIE: Le commentaire du
président Wodié, c'est  de se réjouir de ce que cette opération importante pour
les élections ait commencé et qu'elle se réalise dans l'ensemble, de manière
satisfaisante. L'opération est globalement satisfaisante. Mais, on ne peut pas
se taire sur les difficultés que rencontre cette opération. On s'est rendu
compte, au départ, qu'il n'y avait pas de sécurité, les forces de l'ordre
n'étaient pas présentes. Il y a eu quelques fous pour s'emparer des machines,
des valises pour saboter le système. Il y a des organismes qui sont parfois
absent sur le site, il y a une atmosphère de suspicion des uns à l'égard des
autres. Il faut que la confiance revienne entre les Ivoiriens. Chaque fois, nous
retrouvons notre idée centrale. La confiance ne pourra revenir que si les
préjugés tombent, si les frustrations cessent et si la vérité peut se dégager.
Il ne faut pas entendre les discours de chacun, les discours croisés. La
violence verbale arrive et la violence physique, peut-être même la violence
militaire peut advenir. Donc, il faut que l'opération se poursuive en toute
confiance et en toute sérénité, avec la volonté de tous. On ne doit pas chercher
à tricher parce que si on triche aujourd'hui, on va récolter la violence demain.
Donc, l'opération doit se poursuivre dans les meilleures conditions possibles
pour que les élections puissent avoir lieu et que les résultats soient reconnus
par tous. Ce qui signifie que nous sommes sortis ou que nous sortons de
l'atmosphère de méfiance et de suspicion généralisées. Un conflit vient de
surgir sur le désarmement, qu'est ce que c'est que ça ! Même ceux qui ont conclu
l'accord, ne sont pas d'accord sur les thèmes de l'accord, ça signifie qu'il y a
un problème ! Le FPI dit : « pas d'élection sans désarmement, le désarmement
comme un préalable aux élections ». Le Premier ministre depuis Paris dit, le
désarmement a commencé et a déjà eu lieu pour les ex-belligérants. Alors qu'est
ce qu'on fait, où est la vérité, où est la réalité ! Tout cela montre qu'ou bien
nous ne vivons pas la même situation, ou bien nous n'avons pas la même lecture
de la situation. Lecture divergente, risque de confrontation. Donc le plus
simple, c'est que nous réécrivions les solutions, que nous sachions les lire
ensemble et que nous sortions ensemble de la crise, qu'il s'agisse
d'identification, qu'il s'agisse du désarmement, qu'il s'agisse du redéploiement
de l'administration sur toute l'étendue du territoire, de l'unicité des
caisses ! Beaucoup de problèmes sont encore en suspend, qui conditionnent la
bonne organisation des élections, qui conditionnent l'établissement de la
confiance et des résultats pour des élections acceptables.




          




ONUCI-FM: Le PIT, M. le président
Francis Wodié, est-il toujours un parti de gauche ?  




 




FRANCIS WODIE: Oui, le PIT est un
parti de gauche au sens où nous sommes un parti du changement, au sens où le
parti comme l'indique sa devise, repose sur le travail ! Le travail, c'est une
valeur de gauche, c'est part le travail que l'homme existe, l'homme est un
animal fabriquant d'outil. La justice entre les Ivoiriens, car il y a trop
d'inégalité au niveau de la répartition des richesses. Nous constatons
aujourd'hui, alors que la crise a appauvri le plus grand nombre d'Ivoiriens,
qu'il y a quelques Ivoiriens, une minorité qui s'est enrichit grassement et
parfois insolemment. Il faut mettre un peut de justice parce que la justice est
la condition de la paix. Une meilleure distribution des richesses pour
équilibrer un peu, et puis la solidarité, car sans solidarité, il n'y a pas de
société, s'il n'y a pas de solidarité, il n'y a pas de nation. Solidarité et
justice se conjuguent sur le même mode d'où le lien que le PIT établi entre la
politique et la morale. Il faut moraliser non pas seulement la vie politique
mais également la vie économique et sociale. Une politique sans morale, est
aveugle, elle est source d'incertitude, source d'injustice et risque de nous
conduire aux affrontements que nous connaissons aujourd'hui.




Donc au total, nous pensons que nous sommes un parti de gauche
et peut-être aujourd'hui le seul parti de gauche parce que ce qui compte, c'est
la pratique et les partis et les hommes. On peut se prétendre de gauche sur le
papier, en théorie, mais dans la pratique une politique de droite. Et c'est ce
que nous observons aujourd'hui.




              




ONUCI-FM: Que répondez-vous à ceux
qui estiment que le PIT votre parti gagnerait à rejoindre les rangs du RHDP, le
Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix ?




 




FRANCIS WODIE: J'en ai attendu
parler, je l'ai lu comme vous. Et au PIT, nous sommes de fermes partisans du
rassemblement, de l'union de l'ensemble des Ivoirien et, c'est redoutant
justement les divisions que les camps peuvent introduire au sein de la société
ivoirienne, que le PIT a décidé de n'appartenir à aucun groupe, à aucun camp.
Mais aujourd'hui la situation est telle que le PIT est prêt à coopérer avec
l'ensemble des partis comme l'ensemble des forces vives du pays. C'est ainsi que
nous avons pris la décision de faire et le tour des partis politiques et de la
société civile, autant avec les partis du RHDP qu'avec les partis du côté
présidentiel, le CNRD, particule du FPI. Certains ont répondu à notre appel et
nous les avons rencontré, d'autres n'ont pas voulu nous rencontrer. Donc le PIT
est prêt à s'entendre avec tous les partis politiques, parce que le PIT est prêt
à s'entendre avec tous les Ivoiriens.




 




ONUCI-FM: L'année 2008 s'achève,
vive 2009, pourrait-on dire, quels sont les vœux du président Wodié pour son
pays la Côte d'Ivoire ?




 




FRANCIS WODIE: Bien sûr, le vœu le
plus cher aux Ivoiriens, c'est la paix, la paix et la tranquillité de sorte qu'à
la veille de l'année 2009. Le vœu que le président du PIT forme, en son nom
propre et au nom surtout de l'ensemble des militants du PIT, c'est la paix, que
la paix revienne dans ce pays. C'est vraiment le vœu que nous formons
sincèrement pour l'ensemble des Ivoiriens. A partir de là, que les Ivoiriens
vivent dans des conditions décentes, de santé, en sortant de l'environnement que
nous connaissons déplorable, source de maladie et d'insécurité. Que les
Ivoiriens sortent de la pauvreté et qu'il y ait un peu de justice dans ce pays,
qu'il y ait un peu de solidarité dans ce pays, que nous regardions d'avantage
vers l'intérêt général pour que nous pussions ensemble marcher résolument vers
la paix, vers l'unité de l'ensemble des ivoiriens et qu'il y ait plus de justice
et de démocratie.        




 




ONUCI-FM: Et tout ça, c'est du
domaine du possible ?




 




FRANCIS WODIE: C'est du domaine du
possible si l'on en prend d'abord conscience. C'est du domaine du possible si
l'on sait s'organiser et organiser les choses parce que l'un des maux dont
souffre aujourd'hui le pays, c'est le désordre, c'est le cafouillage. Il faut
donc mettre de la rigueur dans la gestion.