Le Président Alassane Ouattara sur ONUCI FM : « la tâche qui reste est importante et nous continuerons d’avoir besoin de l’ONUCI pour nous accompagner »
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, a présidé la cérémonie
commémorative de la Journée Internationale des Casques Bleus, organisée le 28
mai 2015 au siège de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) à
Abidjan. A la fin de la cérémonie, le Président, Alassane Ouattara, a accordé
une interview exclusive à ONUCI FM.
ONUCI FM:
Monsieur le Président de la République de Côte d'Ivoire, bonjour !
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara:
Bonjour !
ONUCI FM:
Quel est votre message à l'occasion de la célébration de l'édition 2015 de
la Journée Internationale des Casques Bleus des Nations Unies ?
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara:
C'est avec beaucoup d'émotion que je participe à cette cérémonie, le 70e
anniversaire de notre organisation commune, l'Organisation des Nations Unies
(ONU) pour d'abord, par ma présence, manifester la gratitude et les
remerciements du Gouvernement et du peuple ivoirien parce que l'ONUCI a été à
nos côtés depuis 11 ans ; des hommes et des femmes de très grande qualité, qui
ont souffert avec nous, qui ont vécu avec nous dans des moments de crise et qui
n'ont jamais baissé les bras, au sacrifice d'ailleurs de 133 personnes pendant
ces 11 années, c'est à dire une moyenne de 11 par an ; c'est quand même
beaucoup.
Je suis d'abord
venu pour témoigner de notre gratitude et dire aussi que notre collaboration est
excellente grâce à Madame la Représentante spéciale, Madame Mindaoudou. Nous
considérons que cette force de l'ONUCI en Côte d'Ivoire est l'une des mieux
adaptées à la Mission des forces de paix. Ils nous ont aidés à aller vers les
élections démocratiques, ils les ont surveillées pour nous et ont pu dire ce qui
s'est passé au monde entier ; ce qui a permis l'installation de la démocratie.
Maintenant, ils sont à nos côtés pour renforcer la paix et la sécurité et
également participer à certains programmes qui nous sont chers, tels que le DDR,
la Réforme du Secteur de Sécurité ou la question de la réconciliation avec la
CONARIV. Je voudrais remercier la Représentante spéciale, tout le personnel de
l'ONUCI et dire, comme on le dit en Côte d'Ivoire, ''Nous sommes ensemble''.
ONUCI FM:
Conformément au mandat de bons offices que lui confère la Résolution 2162
du Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général des
Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Madame Aïchatou Mindaoudou, multiplie les
consultations avec la classe politique en vue d'accompagner l'établissement d'un
environnement électoral apaisé. Quelle appréciation faites-vous de cette mission
de bons offices, Monsieur le Président de la République ?
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara:
Je ne suis pas le seul à le reconnaitre. Je crois aussi bien du côté du pouvoir
que de l'opposition, nous apprécions très très fortement la contribution de
Madame Mindaoudou. D'abord, elle connait la Côte d'Ivoire, elle connait beaucoup
d'acteurs ivoiriens. Ceci lui a permis de développer et de renforcer des
relations de confiance avec les uns et les autres. Grâce à cette position, elle
a pu rapprocher les positions que nous avions; qui étaient diamétralement
opposées à un moment donné ; et qui n'étaient pas toujours paisibles.
Maintenant, grâce à ses interventions discrètes - et je la félicite pour la
discrétion dont elle fait montre - tout cela se passe dans une atmosphère
apaisée. Je crois que la confiance est revenue, le dialogue politique a pu
ainsi être repris en main, de manière formelle, par un ministre d'Etat que j'ai
nommé auprès de moi, le Ministre Jeannot Ahoussou. Nous disons donc un grand
merci à Madame Mindaoudou.
ONUCI FM:
Nous sommes en 2015, année électorale en Côte d'Ivoire. Quelle est l'état
de lieu du processus électoral ?
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara :
D'abord, l'environnement, c'est important pour les élections. L'environnement
est apaisé et ensuite, il faut une Commission électorale qui donne confiance aux
différents acteurs. Nous avons une Commission électorale où tout le monde est
représenté, que ce soit le pouvoir, l'administration ; que ce soit l'opposition
ou la société civile ; donc une Commission qui est consensuelle, qui permet donc
d'avoir l'autonomie nécessaire. Mais ce que j'ai remarqué, c'est que nous avons
des gens d'expérience, de qualité dans cette Commission, qui ont déjà participé
à l'organisation d'élections, soit avec le pouvoir, soit avec l'opposition. Cela
est donc un gage de sécurité et également de contribution à la paix. Et de
manière très précise, la Commission a indiqué récemment qu'elle commencerait la
révision de la liste électorale le 1er juin prochain, pour à peu
près un mois et après cela, bien sûr, ceci permettra d'avoir une liste
électorale qui, comme je le pense, sera donc diffusée largement, y compris sur
internet, pour que tout le monde puisse y avoir accès. Et après, tous les
détails du processus seront engagés pour que les élections aient lieu le 25
octobre prochain.
Donc, nous
sommes confiants que ces élections vont bien se passer ; d'abord parce que
l'environnement est apaisé, deuxièmement parce que nous avons une Commission
électorale qui est consensuelle et troisièmement, la transparence est garantie
et les libertés d'expression également. A priori donc, les choses se présentent
très bien. Je m'en réjouis et je voudrais encore saluer l'ONUCI et Madame
Mindaoudou pour sa contribution.
ONUCI FM:
M. le Président de la République, qu'attend l'Etat de Côte d'Ivoire des
Nations Unies en général et l'ONUCI en particulier dans le cadre des prochaines
échéances électorales ?
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara :
Pour les prochaines élections, bien sûr nous souhaitons que l'ONUCI continue de
nous aider dans les contacts avec les autres partenaires pour la mobilisation
des compléments de ressources, d'assistance technique, la surveillance des
élections - parce que nous voulons une bonne observation de ces élections -
pour que, contrairement aux élections précédentes, qu'à l'issue de ces
élections, nous ayons la paix et que celui qui gagne soit connu et qu'il
l'accepte et que celui qui perde le sache également et qu'il l'accepte, pour que
nous ne revenions pas aux démons du passé qui ont conduit la Côte d'Ivoire dans
la guerre civile.
En plus du
processus électoral, nous considérons très utile la contribution de l'ONUCI au
DDR. Vous savez que nous avions quand même plus de 70.000 ex-combattants. Nous
avons commencé et je pense que les choses vont se terminer en juin prochain. Ces
ex-combattants, il faudra leur trouver du travail, les former également. Pour
cela, nous avons besoin, non seulement de l'expertise de l'ONUCI mais également
de financements pour leur trouver des projets.
Après la clôture
du DDR, nous avons la grande ambition de la Réforme du Secteur de la Sécurité.
C'est tout de même quelque chose d'essentiel, parce que si nous voulons une
armée organisée, forte, crédible, il faut que cette réforme soit mise en œuvre.
Bien sûr, ça prend des années. C'est une affaire qui dure six, sept ans,
quelques fois même dix ans dans certains pays. Mais nous sommes bien avancés et
l'expertise de l'ONUCI nous est également très utile dans ce domaine.
Et enfin,
l'aspect réconciliation est essentiel. Nous avons créé la CONARIV (la Commission
Nationale pour la Réconciliation et l'Indemnisation des Victimes). Sur les deux
volets ''indemnisation des victimes'' et 'réconciliation'', nous souhaitons
également que l'ONUCI continue de nous apporter son soutien et, bien sûr, son
expérience.
Vous voyez, la
tâche qui reste est quand même importante et nous continuerons d'avoir besoin de
l'ONUCI pour nous accompagner. Je pense que nous avons informé Madame la
Représentante spéciale et le Secrétaire général des Nations Unies sur notre
volonté de rester ensemble quelques temps après l'élection présidentielle
d'octobre 2015.
Je voudrais
aussi saluer très honnêtement et très sincèrement tout le personnel de l'ONUCI
parce qu'ils ont un comportement qui est vraiment admirable, les uns et les
autres sont dans différentes régions du pays ; nous n'avons jamais de rapport
négatif sur leur comportement. Donc, il faut le signaler et les remercier - bien
sûr, ceux qui sont à Abidjan également. Ils ont adopté la Côte d'Ivoire, nous
les avons adoptés également et je leur dis un grand merci à tous.
ONUCI FM:
Merci Monsieur le Président de la République d'avoir accepté d'accorder
cet entretien exclusif à ONUCI FM.
Le Président
de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara :
Merci et j'écoute tous les matins ONUCI FM !
Propos
recueillis par Bob Camille Quenum