LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI O9 FEVRIER 2011

9 fév 2011

LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI O9 FEVRIER 2011







Côte d`Ivoire: les experts de l`UA
rencontrent société civile et diplomates




 




AFP -
Les experts envoyés par le panel de chefs d`Etat chargé par l`Union africaine de
dénouer la crise ivoirienne ont poursuivi mardi leurs entretiens à Abidjan, en
rencontrant des organisations de la société civile et des diplomates, a-t-on
appris de source proche du dossier.




Gardant la plus grande discrétion, les
experts, conduits par le Commissaire pour la paix et la sécurité de l`UA,
Ramtane Lamamra, se sont entretenus avec plusieurs organisations de la société
civile ivoirienne puis en fin de journée avec des diplomates occidentaux et
africains en poste dans le pays, a-t-on indiqué. Arrivée dimanche, la délégation
de l`UA, dont le départ est prévu jeudi, avait rencontré lundi les camps du
président sortant Laurent Gbagbo et de son




rival Alassane Ouattara ainsi que le
Conseil constitutionnel, acquis à M.Gbagbo.Depuis la présidentielle du 28
novembre, la Côte d`Ivoire est déchirée entre M. Gbagbo, proclamé élu par le
Conseil constitutionnel, et M. Ouattara, déclaré vainqueur par la commission
électorale et l`ONU et reconnu par la communauté internationale, qui presse en
vain le sortant de céder le pouvoir. Les experts rédigeront un rapport pour le
panel de cinq chefs d`Etat africains, qui doivent se retrouver le 20 février à
Nouakchott avant de se rendre eux-mêmes à Abidjan.(...)




 




Prétoria nie avoir fourni un navire de
guerre à Gbagbo




 




BBC Afrique online -
" Le navire de guerre se trouvait depuis deux semaines dans les eaux
internationales en Afrique de l'Ouest pour des exercices de routine", défend le
porte-parole du ministère sud-africain de la défense Siphiwe Dlamini jure que "
l'Afrique du Sud ne soutien ni Laurent Gbagbo, ni Alassane Ouattara ". Cette
supposée position de neutralité a de quoi irriter certains analystes locaux, qui
relèvent qu'il y a quelques semaines, le président sud-africain en personne
appelait la communauté internationale à mener des enquêtes sur les élections
ivoiriennes passées et à procéder au recomptage des voix ; toutes choses qui
rejoignent les propositions du président ivoirien sortant. Le porte-parole du
ministère sud-africain de la défense affirme par ailleurs que le vaisseau de la
South African Navy, pourrait accueillir le face-à-face Ouattara-Gbagbo que le
panel des cinq Chefs d'Etats mandaté par l'Union Africain souhaite organiser.
Alassane Ouattara est retranché au Golf Hôtel sous la protection des casques
bleues de l'ONU, et on le voit mal accepter une rencontre dans la ville
d'Abidjan sous contrôle des hommes fidèles à son adversaire. De la même façon on
n'imagine pas monsieur Gbagbo se rendre à l'hôtel du Golfe gardé par des
militaires onusiens qu'il considère presque comme une force belligérante. Le
bateau sud-africain pourrait donc jouer le rôle qu'avait joué un autre navire de
guerre du même pays, pour l'historique rencontre entre Laurent Désiré Kabila et
Mobutu sous la médiation de Mandela. On ne sait pas si ces explications vont
convaincre la CEDEAO qui dénonçait un soutien militaire sud-africain à travers
ce bateau, et qui "ne fera que compliquer un peu plus les choses".




 




Gbagbo interdit de séjour au Canada




 




Le Figaro  -
Le président sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo et son entourage ne sont
pas les bienvenus au Canada, pays qui a annoncé aujourd'hui qu'il leur
interdisait l'entrée sur son territoire. "Je tiens à annoncer que Laurent Gbagbo
et son entourage ne sont pas les bienvenus au Canada", a dit dans un communiqué
le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. "M. Gbagbo, en
persistant à refuser de céder le pouvoir, a provoqué la crise (en Côte d'Ivoire)
et la prolonge", a-t-il ajouté. M. Cannon a salué la décision de l'Union
africaine qui a renouvelé récemment son soutien à Alassane Ouattara en tant que
vainqueur de l'élection présidentielle ivoirienne du 28 novembre. Le chef de la
diplomatie canadienne a aussi averti que "tous ceux qui tentent de subvertir le
gouvernement démocratiquement élu de la Côte d'Ivoire et tous les responsables
de violations graves des droits de la personne et de crimes de guerre pourraient
être interdits de séjour au Canada". "Le Canada, en consultation avec ses
partenaires internationaux, continuera de chercher à identifier d'autres mesures
propres à résoudre la crise aussi longtemps que M. Gbagbo et son entourage
persisteront à défier la volonté démocratique du peuple ivoirien", a-t-il
indiqué.




 




Côte d`Ivoire: bientôt des ambassadeurs
pro-Ouattara en Belgique et Suisse (ambassadeur à Paris)




 




AFP -
De nouveaux ambassadeurs de Côte d'Ivoire, nommés par Alassane Ouattara, vont
bientôt prendre leurs fonctions dans "les principaux pays européens", notamment
en Belgique et en Suisse, a indiqué mardi son ambassadeur à Paris, Ali
Coulibaly, devant des députés français."En plus de la France, il y a des
nominations qui ont été faites dans les principaux pays européens", a expliqué
M. Coulibaly invité à s'exprimer sur la situation dans son pays devant la
commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. "Ces
ambassadeurs vont prendre fonctions dès la semaine prochaine, en Suisse, en
Belgique", a-t-il précisé. "Il y a déjà un ambassadeur aux Nations unies et
l'ambassadeur qui a été nommé aux Etats-Unis va présenter ses lettres de créance
le 22 février au président Barack Obama", a poursuivi M. Coulibaly, ancien
conseiller diplomatique d'Alassane Ouattara. La victoire de M. Ouattara à la
présidentielle du 28 novembre est reconnue par la quasi-totalité de la
communauté internationale mais est contestée par le président sortant Laurent
Gbagbo qui refuse de céder le pouvoir. Ali Coulibaly, qui a déjà présenté ses
lettres de créance au président français Nicolas Sarkozy, a répété devant les
députés français que Laurent Gbagbo cherchait "à gagner du temps". "Il veut que
la communauté internationale se lasse et ainsi il s'installera", a expliqué le
diplomate assurant que la solution militaire pour faire partir Laurent Gbagbo,
évoquée par la Communauté des Etats d'Afrique de




l'Ouest (Cédéao), "n'est pas écartée". "Ce
n'est pas une guerre. C'est une opération de rétablissement de l'ordre et de la
démocratie", a plaidé M. Coulibaly à propos d'une éventuelle action militaire de
la Cédéao.




 




Presse ivoirienne : un proche de Gbagbo
à la tête de l`organe de régulation




 




AFP -
Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a nommé un proche à la tête de
l'organe de régulation de la presse écrite, limogeant son prédécesseur pour
"complaisance" avec les journaux favorables à son rival Alassane Ouattara,
a-t-on appris mardi de sources concordantes. Par décret, le journaliste Débi
Dally, auparavant directeur de l'Agence ivoirienne de presse (AIP), a été nommé
président du Conseil national de la presse (CNP). Il remplace Eugène Dié Kacou,
limogé pour "complaisance" avec la presse pro-Ouattara dans un "contexte de
crise post-électorale", a affirmé à l'AFP une source au sein du camp Gbagbo,
sous couvert d'anonymat. Figure du journalisme ivoirien, M. Dié Kacou a
simplement déclaré à l'AFP qu'il avait été nommé "en 2009 pour trois ans". Ce
changement au sommet s'accompagne d'un renouvellement complet des onze membres
du CNP (juristes, hommes des médias et de l'édition...). Le CNP avait dénoncé à
la mi-décembre une "atteinte intolérable à la liberté de la presse" après
l'interdiction, durant quelques jours, de journaux pro-Ouattara par des éléments
de l'armée fidèle à Laurent Gbagbo. Depuis le scrutin du 28 novembre, la Côte
d'Ivoire est déchirée entre M. Gbagbo et M. Ouattara, reconnu président élu par
la communauté internationale, qui presse en vain le sortant de céder le pouvoir.
Connue pour ses partis pris politiques et sa virulence, la presse ivoirienne
reflète quotidiennement ce clivage. 




 




Le martyre des pro-Ouattara




 




Le Pays -
Décidément, il ne fait pas bon être pro-Ouattara en Côte d'Ivoire. Se réclamer
comme tel, c'est s'attirer les foudres des sbires et autres milices au service
de Laurent Gbagbo. La preuve, une protestation de jeunes dénonçant le
prolongement du couvre-feu dans le quartier d'Abobo, favorable à Alassane
Dramane Ouattara (ADO), a violemment été réprimée par des forces de l'ordre
fidèles à Laurent Gbagbo, le 7 février dernier.  Le bilan de cette répression
fait état de 3 tués et plusieurs blessés dans les rangs des manifestants. A vrai
dire, les pro-Ouattara vivent sous la terreur du Gbagboland. Et cela ne date pas
d'aujourd'hui et ne se limite pas au seul quartier d'Abobo. En atteste le
couvre-feu imposé également aux habitants de la ville d'Anyama, un bastion du
RDR. Certes, le camp Gbagbo avait déclaré que Abobo et Anyama étaient des
repaires de rebelles qui pourraient s'infiltrer dans la capitale, Abidjan. Cela
cache-t-il, en réalité, une volonté d'étranglement de ces deux zones ? Le camp
Gbagbo ne tente-t-il pas en réalité d'étouffer dans l'oeuf toute velléité de
révolte ? Ces couvre-feux n'ont-ils pas pour but de réduire au silence tout
partisan d'ADO ? On a des raisons de le croire d'autant plus qu'on se souvient
encore de la répression sanglante contre les pro-Ouattara qui avaient tenté de
marcher sur la Radio télévision ivoirienne (RTI), le 16 décembre 2010. En un mot
comme en mille, les pro-Ouattara souffrent le martyre. Dans la zone sous
contrôle gouvernemental, prendre le parti du président élu Alassane Dramane
Ouattara ou afficher sa sympathie pour celui-ci, c'est s'exposer à des risques
et périls. Pendant que les partisans de Laurent Gbagbo, en particulier les
Jeunes "patriotes", sont libres de manifester à souhait ou de tenir des
meetings, les partisans d'ADO n'y ont pas droit. Ou du moins ils prendraient le
risque de braver cet interdit qu'ils compteraient dans leurs rangs des
macchabées. Le leader des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, et ses
lieutenants peuvent donc mobiliser du monde pour montrer à la face du monde que
le gouvernement Gbagbo a le soutien du peuple ivoirien ! De la poudre aux yeux
que tout cela ! Les partisans d'ADO auraient eu le choix d'en faire autant
qu'ils auraient également mobilisé du monde. Quelle injustice ! Une injustice
qui s'étend aux médias d'Etat, en particulier la RTI où la parole est
exclusivement donnée aux pro-Gbagbo qui ne s'embarrassent pas de propos haineux.
La violence orchestrée par le camp Gbagbo contre les pro-ADO n'est pas de nature
à ramener la paix au bord de la lagune Ebrié. Loin s'en faut. Et Laurent Gbagbo
doit comprendre qu'il complique davantage son camp en optant pour la solution du
pire. Plaise au ciel qu'il se laisse enfin visiter par la sagesse.




 




Incendie du bâtiment des finances : des
« documents importants et stratégiques » détruits




 




Afriscoop -
Un incendie a ravagé mardi à Abidjan une partie du bâtiment des finances, l'un
des centres névralgiques de l'économie de la Côte d'Ivoire, détruisant des
documents "importants et stratégiques", selon des agents du ministère de
l'économie et des finances. Le feu qui s'est déclenché aux deuxième et troisième
étages du bâtiment communément appelé "cité financière" dans l'après-midi a fait
d'importants dégâts matériels. Les sapeurs pompiers alertés sont intervenus et
ont entamé une lutte contre les flammes en vue de circonscrire le feu. L'origine
de l'incendie est pour l'heure inconnue, donnant lieu à toutes sortes de
supputations. Le sinistre intervient au moment où s'est engagée une bataille
entre le camp Gbagbo et le camp Ouattara pour le contrôle des finances de Côte
d'Ivoire.(...) Le bâtiment des finances abritant les services du trésor ivoirien,
de la comptabilité publique et des finances constitue ainsi un maillon important
de l'économie ivoirienne. Les questions des recouvrements des créances de
l'Etat, de la gestion des salaires des fonctionnaires, du budget et d'autres
activités liées à l'économie et des finances y sont traitées au quotidien. La
police ivoirienne s'est engagée à ouvrir une enquête pour déterminer les causes
exactes du sinistre.




 




Accueil sanglant pour experts ès crise




 




L'Observateur Paalga -
Jadis la Côte d'Ivoire était ce pays de Cocagne où coulaient le miel et le lait,
et Abobo, le quartier populaire d'Abidjan, était resplendissant. Marchés,
boutiques, maquis, gares attiraient du monde. Les taxis évitaient de
s'engouffrer dans certaines rues sous peine de tomber sur un bouchon-monstre. Ce
petit bout de la capitale ivoirienne respirait la forme, signe de la vigueur
d'une économie en marche. Depuis plusieurs semaines, cette commune s'est
transformée en univers kafkaïen où s'affrontent les forces de défense et de
sécurité (FDS) et les populations. En cause : le couvre-feu, jugé inique et
illégal, imposé par le camp Gbagbo ; car tout comme Anyama, le quartier d'Abobo
vit depuis des jours sous le couvre-feu décrété par l'encore président de fait
Laurent Gbagbo. En fait, depuis la veille du second round de la présidentielle,
ce couvre-feu existait, mais il a été levé partout sauf dans certains quartiers,
dont Abobo, jugé séditieux et anti-Gbagbo. Ce qui n'est pas faux, car, même si
le président sortant y a fait un bon score à ce scrutin, notamment grâce à son
épouse Simone, Abobo reste foncièrement un vivier électoral pro-Ouattara ; une
situation irrédentiste qui donne de l'urticaire aux partisans du FPI et aux
patriotes du "général" Blé Goudé. En vérité, Abobo a toujours refusé les diktats
du pouvoir central de Gbagbo : c'est ainsi que les patriotes ne sont pas près
d'oublier cette raclée mémorable que leur ont infligée les jeunes du RDR de ce
quartier ; au plus fort de la crise, se croyant les seuls à "maîtriser" la rue,
ces patriotes s'étaient engouffrés dans Abobo pour corriger les "rebelles". Mal
leur en a pris, et les Forces de l'ordre appelées à la rescousse ont dû
également prendre la poudre d'escampette. L'équilibre de la terreur était
respecté. Dernier avatar de cette guérilla vengeresse, les violences du lundi 7
février 2011 qui ont eu pour théâtre le 14 e et 21 e arrondissement d'Abobo.




 




Côte d'Ivoire: le soutien des militaires
pro-Gbagbo durera-t-il?




 




L'Express -
Affrontements à Abidjan, manque de liquidités, pression sur les exportations de
cacao... La crise ivoirienne s'enlise alors que des négociateurs ont été
dépêchés ce lundi pour apaiser les tensions. LEXPRESS.fr fait le point sur les
tenants et aboutissants du péril ivoirien. Les affrontements toujours présents.
De violents affrontements ont eu lieu ce lundi à Abidjan entre manifestants et
forces de l'ordre fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, dans un quartier
favorable à son rival Alassane Ouattara. Selon deux témoins, des habitants d'Abobo
(nord) étaient sortis pour protester contre les "exactions" commises selon eux
par les Forces de défense et de sécurité (FDS), dévouées à Laurent Gbagbo,
durant les semaines de couvre-feu institué mi-janvier dans ce quartier. Les
manifestants ont ensuite saccagé deux commissariats de ce quartier populaire,
selon une source policière et des habitants. Trois morts seraient à déplorer, ce
qui porte le bilan des violence post-électorales dans le pays à 271 morts depuis
la mi-décembre, selon le dernier bilan de l'ONU. Les négociateurs se suivent...
et se ressemblent?  Un panel de cinq chef d'Etats africains - Mauritanie, Tchad,
Afrique du Sud, Burkina Faso, Tanzanie -, a été nommé début février par l'Union
Africaine, en marge du sommet d'Addis Abeba (Ethopie), afin de dénouer la crise
politique qui dure depuis le 28 novembre dernier. Ils se sont réunis une
première fois ce lundi pour constituer une équipe "d'experts", chargée d'entamer
immédiatement les préparatifs des pourpalers entre les deux camps politiques de
Côte d'Ivoire. Le panel, déjà taxé par Gbagbo de complicité avec la commission
électorale qui a donné vainqueur le candidat Ouattara, devra présenter ses
conclusions lors d'une réunion à Nouakchott le 20 février prochain.Toutefois, ce
dernier aura, selon les observateurs, une marge de manoeuvre assez étroite, car
les dissensions au sein de l'UA restent nombreuses. Le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon a exclu d'entrée un recompte des voix, voulu par le camp
Gbagbo et son allié angolais, qui serait "une grave injustice". Le secrétaire
général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Leroy, a quant à
lui écarté un "partage du pouvoir" à égalité entre les deux camps. Du côté de
l'Afrique du Sud ou de l'Ouganda, ces deux pays sont revenus ces derniers jours
sur l'intransigeance affichée jusqu'à présent par l'UA envers Laurent Gbagbo, au
nom de la nécessité de trouver une issue pacifique à la crise. Enfin, selon
Jakkie Cilliers, de l'Institut des études de sécurité (ISS), Pretoria, sensible
à la posture anti-colonialiste de Gbagbon, se serait aussi mis à dos le Nigéria,
lassé de cette interminable crise dans son pré-carré. Dans tous les cas, la
communauté internationale espère davantage de résultats que le maigre bilan
fourni par le Premier ministre kényan Raila Odinga, jusqu'à présent médiateur de
l'UA dans la crise ivoirienne. Les sanctions économiques pleuvent sur le camp
Gbagbo...Le ministre français de la Défense Alain Juppé a assuré ce lundi à New
York que la France allait appliquer "avec beaucoup de détermination" les
sanctions financières contre le président sortant Laurent Gbgabo. Les Etats-Unis
et l'Union européenne ont en effet pris une série de sanctions économiques
contre Laurent Gbagbo, gelant notamment ses avoirs et ceux de ses proches le 14
janvier derniers. A ce stade, ce sont 91 personnes, dont le gouverneur
démissionnaire de la BCEAO, Philippe Henry Dacoury-Tabley, et 13 entreprises
ivoiriennes qui sont sous le coup de sanctions financières. Cacao, café,
pétrole, ports, banques, douanes, taxes: qui contrôle les avoirs de la Côte
d'Ivoire et ses flux financiers dispose d'un atout décisif. D'autre part, la
BCEAO (Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest), dont les agences
ivoiriennes ont été "réquisitionnées" par le camp Gbagbo, a transféré les
pouvoirs de gestion des comptes du pays dans les mains d'Alassane Ouattara.
Dernier handicap pour le président sortant: les exportations de cacao,
contrôlées jusqu'à présent par ce dernier et déterminantes pour l'économie de
pays, ont été stoppées à l'appel de Ouatarra. Pour rappel, fin janvier, le prix
de la tonne de cacao était de 3,420 dollars, une augmentation de 25% en deux
mois. Il ne resterait donc au camp Gbagbo que les recettes de l'exploitation du
port d'Abidjan pour gérer les affaires courantes du pays. Tous les observateurs
s'accordent à dire que le pays, sous régime Gbagbo, est au bord de
l'étranglement financier. La coupure du système électronique de "compensation
interbancaire", qui permet aux banques du pays de travailler ensemble, risque de
désorganiser profondément le système bancaire ivoirien. En urgence, le pouvoir a
donc appelé les banques à recourir à la "compensation manuelle", à l'agence
principale de la BCEAO à Abidjan, placée sous haute surveillance. D'autant plus
que, pour le régime, l'enjeu est "d'alimenter le système en liquidités" alors
qu'il y a "de moins en moins d'argent pour faire tourner l'économie", désormais
largement coupée de l'extérieur, analyse une source proche du dossier. Il y a un
"risque que des banques ferment", souligne-t-elle. Signe que les caisses se
vident: le camp Gbagbo n'a pas honoré le paiement prévu fin janvier de 30
millions de dollars d'intérêts d'un emprunt à des créanciers privés. Par un
effet domino, tous les secteurs de l'économie la plus puissante d'Afrique de
l'Ouest sont aujourd'hui affectés par la crise. Fermeture d'entreprises, chômage
technique, inflation, opérations d'import-export ralenties. "La situation
socio-économique se dégrade drastiquement", estime la Confédération générale des
entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI). Le carburant risquerait également de
manquer, selon une organisation professionnelle du pays. La solution pacifique
s'éloigne. "La fenêtre est en train de se refermer pour un départ honorable et
pacifique de Gbagbo accompagné d'une amnistie", a averti l'ambassadeur américain
en Côte d'Ivoire Phillip Carter, au cours d'une visite à Washington le 4
février. Avant d'ajouter que Gbagbo n'avait plus les moyens de payer les forces
armées ivoiriennes et que celles-ci allaient inéluctablement s'éloigner de son
régime. En effet, l'ONU considère que le régime Gbagbo aurait besoin chaque mois
de 100 à 150 millions de dollars par mois pour payer ses 104 000 fonctionnaires
et 55 000 soldats qui lui sont restés fidèles. Une somme que les observateurs
jugent loin d'être réunie dans les caisses du camp Gbagbo. Selon Phillip Carter,
Gbagbo en est réduit à "voler" des entreprises par le biais d'extorsion d'argent
afin de verser les salaires des militaires. Destruction de commissariats de
police, courses-poursuites, tirs à balles réelles sur les manifestants, et
naturellement à la clef des blessés et 6 morts. Des événements qui surviennent
concomitamment avec les va-et-vient, entre le palais de Cocody et l'hôtel du
Golf, des experts ès crise de l'UA. Leur travail, qui débute dans le bourbier
ivoirien, se fait dans la discrétion totale, et espérons que cet accueil
sanglant ne désarçonnera pas ces experts, qui font preuve d'un travail de
bénédictin. Au demeurant, la diplomatie étant une chorégraphie du silence où
l'on avance à pas feutrés dans les coulisses sans tumulte, on ne peut que saluer
cette approche des envoyés de l'UA qui rompt avec celle de certains
prédécesseurs, qui, sitôt qu'ils ont rencontré un des camps, s'empressaient de
se fendre de déclarations fracassantes, ce qui avait le don d'agacer.
Maintenant, une chose est d'appliquer la vraie diplomatie, une autre est de
parvenir à ses fins. Dans le cas d'espèce, ces experts aboutiront-ils aux
résultats escomptés, c'est-à-dire en clair au respect du verdict des urnes
certifié par l'ONU ? On n'est pas fondé à être optimistes, les positions
maximalistes affichées par les deux camps paraissant difficilement réductibles.




 




Côte d'Ivoire : comment Dacoury-Tabley a
été obligé de démissionner de la BCEAO




 




Jeune Afrique -

Alarmés par un rapport sur l'impact régional de la crise ivoirienne, les chefs
d'État ouest-africains ont resserré l'étau pour précipiter la fin du pouvoir
sortant. Première victime
:
Philippe-Henri Dacoury-Tabley, le gouverneur de la BCEAO, limogé lors du sommet
de Bamako du 22 janvier. Récit des événements, vus des coulisses. Plus de cinq
heures de huis clos, dont une heure à peine de pause déjeuner. La conférence des
chefs d'État de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui
s'est tenue à Bamako le 22 janvier, a été exceptionnellement longue cette année.
Au final, un communiqué sans appel annonçant la démission de Philippe-Henri
Dacoury-Tabley de son poste de gouverneur de la Banque centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), qu'il occupe depuis 2008. Sans être réellement une
surprise, cette nouvelle, la plus importante de ce 15e sommet des chefs d'État
de l'Union, a tout de même fait l'effet d'une bombe. La première personne
abasourdie par l'explosion a été Dacoury-Tabley lui-même. « Il y avait mieux à
faire que ce qui a été fait... Je suis profondément attristé pour l'institution
que j'ai servie pendant trente-cinq ans », a-t-il déclaré à l'issue du sommet,
d'une voix chargée d'émotion. Ses plus proches collaborateurs, présents à ses
côtés, l'interrompront à la limite des sanglots. Jusqu'à la dernière minute, le
désormais ancien gouverneur de la BCEAO espérait se maintenir à son poste. Il
était arrivé dans la capitale malienne avec, dans sa valise, des arguments
montrant qu'il n'avait « techniquement » pas les moyens d'empêcher la sortie de
fonds (près de 80 milliards de F CFA, soit un peu moins de 122 millions d'euros)
en faveur du gouvernement de Laurent Gbagbo, comme le lui avait ordonné le
Conseil des ministres des Finances de l'UEMOA, le 23 décembre 2010 à Bissau.
Selon ses collaborateurs, la décision de l'Union européenne de l'ajouter, le 21
janvier, sur la liste des proches de Laurent Gbagbo interdits de visa en Europe
l'a affecté, même s'il croyait encore sauver sa tête le lendemain. « Dans un
autre ­contexte, Dacoury-Tabley aurait eu ­raison et convaincu les chefs d'État
», affirme un économiste présent au sommet. Autrement dit, l'ex-gouverneur a
fait les frais d'une décision politique. Comment le camp Ouattara a-t-il donc
réussi à avoir la tête de Philippe-Henri Dacoury-Tabley
?
L'essentiel du travail avait été réalisé avant le sommet par Guillaume Soro, qui
avait fait le tour des chefs d'État de l'Union. À Bamako, où ils ont pris leur
décision finale, les dirigeants des huit pays membres (le Niger était représenté
par son Premier ministre, Mahamadou Danda, et la Guinée-Bissau par son ministre
des Affaires étrangères, Adelino Mano Queta) ont d'abord écouté pendant leur
huis clos le Bissau-Guinéen José Mario Vaz, président du Conseil des ministres
de l'Union. Ce dernier leur a présenté un rapport confidentiel alarmant de 24
pages qui analyse, chiffres à l'appui, le danger encouru par toute la
sous-région en raison de la crise ivoirienne. Élaboré par la Banque
ouest-africaine de développement (BOAD), la Commission de l'UEMOA et la BCEAO,
ce document – dont Jeune Afrique s'est procuré une copie (voir les extraits
ci-joints) – est plutôt pessimiste. Ainsi peut-on y lire, sous le titre «
Rapport sur l'impact de le Crise en Côte d'Ivoire sur l'UEMOA »
:
« Au 11 janvier, près des deux tiers des bons du Trésor détenus par les banques
de l'Union sont émis par la Côte d'Ivoire, soit 604,3 milliards de F CFA [921
millions d'euros, NDLR] sur un total de 1
045,2
milliards. Le montant des impayés pourrait atteindre 408,7 milliards à la fin du
premier trimestre 2011.»(...)