LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 17 JANVIER 2011

17 jan 2011

LA REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU LUNDI 17 JANVIER 2011







Côte d`Ivoire: le médiateur de l`UA,
Raila Odinga, ce lundi à Abidjan




 




A.F.P. -
Le Premier ministre kényan et médiateur de l'Union africaine pour la crise
politique en Côte d'Ivoire, Raila Odinga, doit arriver lundi à Abidjan où il
devrait rester "quelques jours", a-t-on appris de source diplomatique africaine.
"Il arrive aujourd'hui" lundi à Abidjan pour une mission de "quelques jours", a
indiqué à l'AFP cette source, alors que la date exacte de l'arrivée de M. Odinga
en Côte d'Ivoire n'avait pas été précisée jusque là. Le Premier ministre kényan
est arrivé dimanche à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, où il s'est
entretenu dans la soirée avec le président nigérian Goodluck Jonathan, selon une
source à la présidence nigériane. Aucun détail n'était disponible sur la teneur
de leur entretien. Goodluck Jonathan est le président en exercice de la
Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui groupe quinze
pays. Dans la suite d'une première visite infructueuse début janvier, la
médiation de M. Odinga en vue d'une solution pacifique à la crise née de la
présidentielle du 28 novembre, paraît quasi impossible après l'appel à la force
lancé par Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté
internationale, pour faire partir Laurent Gbagbo.




 




 




Côte d`Ivoire: l`option militaire
contre Gbagbo fait débat à l`ONU




 




A.F.P. -
La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) n'exclut pas
une intervention militaire en Côte d'Ivoire pour déloger Laurent Gbagbo du
pouvoir, mais nombre de diplomates à l'ONU s'interrogent sur la crédibilité de
cette menace. La Cédéao a plusieurs fois brandi la menace d'une action militaire
pour faire partir M. Gbagbo si tous les efforts diplomatiques s'avèrent vains.
Elle l'a répété le 4 janvier. "L'option militaire est toujours sur la table", a
déclaré à Abuja James Victor Gbeho, président de Cédéao. "Les voisins africains
de la Côte d'Ivoire sont très fermes" sur ce sujet, souligne un diplomate selon
qui les plus résolus sont d'abord le Nigéria, suivi par le Sénégal, le Burkina
Faso et dans une moindre mesure par le Niger et le Togo. "Ces pays sont prêts à
une action militaire", souligne ce diplomate. "Il y a une certaine mobilisation,
car si Gbagbo arrive à se maintenir au pouvoir, cela enverrait un très mauvais
message au reste de l'Afrique et ailleurs dans le monde. Mais certains pays de
la Cédéao comme le Ghana ne sont pas prêts à envoyer des troupes. Il reste donc
des points d'interrogation", souligne un autre diplomate. Au Conseil de sécurité
de l'ONU, il y aurait probablement une réticence à autoriser une opération
militaire de la part de pays comme la Russie et la Chine, et peut-être le Brésil
et l'Afrique du Sud. Mais si la demande d'intervention émane d'Alassane
Ouattara, président élu et reconnu par la communauté internationale, il n'y
aurait pas besoin de feu vert du Conseil de sécurité, fait valoir un diplomate.
Pour mener une opération avec toutes les chances de parvenir à ses fins, la
Cédéao devrait aligner quelque 20.000 soldats alors qu'elle ne pourrait en
disposer que de 3.500 environ, souligne un autre diplomate.




"Personnellement je pense qu'une telle
aventure est improbable. Il y a un manque de moyens à la Cédéao", estime John
Campbell, chercheur au Council on Foreign Relations, expert de l'ONU dans ce
centre de réflexion basé à New York. "Dans le passé, de telles opérations se
sont montrées très longues et coûteuses et je soupçonne M. Gbagbo de penser lui
aussi que cela n'est pas faisable", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas de précédent
dans ce domaine pour la Cédéao", souligne Robert Herman, expert à Freedom House,
un centre de réflexion basé à Washington. "Ils n'ont pas la puissance de feu.
Mon avis est que non, ils n'ont pas les moyens", dit-il. Mais les chefs
militaires de Cédéao ont finalisé leurs plans visant à renverser par la force le
président sortant ivoirien M. Gbagbo si les discussions pour qu'il cède le
pouvoir échouent, avait annoncé l'armée




nigériane le 31 décembre. "Les chefs
d'état-major se sont rencontrés pour mettre la machine en marche. Si tous les
moyens de persuasion politique échouent (...) la Cédéao prendra par la force le
pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara", a indiqué à Abuja
le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah. Une réunion de
suivi pour affiner les questions de logistique est prévue au Mali les 17 et 18
janvier, selon le colonel. Une autre question que se posent les diplomates à
l'ONU est celle de savoir si M. Gbagbo a encore les moyens financiers de payer
son armée. Si la réponse est non, il se retrouverait grandement fragilisé.(...)




 




Côte d`Ivoire: les pro-Ouattara
appellent à une opération "pays mort" dès mardi




 




A.F.P. -
La coalition de partis politiques soutenant Alassane Ouattara a appelé à une
opération "pays mort" en Côte d`Ivoire à compter de mardi, "jusqu`à ce que" son
rival Laurent Gbagbo "reconnaisse sa défaite et quitte le pouvoir", dans un
communiqué reçu dimanche. La direction du Rassemblement des Houphouétistes pour
la démocratie et la paix (RHDP) demande à ses partisans et à "tous ceux qui
habitent la Côte d`Ivoire et qui sont épris de paix et de justice de reprendre
« l`opération pays mort » à compter" de mardi, "jusqu`à ce que Laurent Gbagbo
reconnaisse sa défaite et quitte le pouvoir", écrit-elle. Le RHDP avait déjà
appelé à une grève générale dans le pays entre le 27 et le 30 décembre, qui
avait eu un succès mitigé. Ce nouvel appel à cesser le travail intervient alors
que le médiateur de l`Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga,
est attendu en début de semaine à Abidjan pour trouver une solution pacifique à
la grave crise née de la présidentielle du 28 novembre.(...)




 




 




Côte d`Ivoire: cinq à sept blessés
dans un incident à Yamoussoukro




 




A.F.P. -
Entre cinq et sept personnes ont été blessées dimanche dans le centre de la Côte
d`Ivoire lors d`un incident entre partisans d`Alassane Ouattara, l`un des deux
présidents proclamés, et une milice favorable à son rival Laurent Gbagbo, selon
des sources concordantes.L`incident, qui a eu lieu dans la capitale
Yamoussoukro, près de Bouaké (centre), a opposé des jeunes du Rassemblement des
houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-Ouattara) et
les "Scorpions guetteurs", une milice soutenant le président sortant, selon ces
sources




contactées par téléphone. Un journaliste
local a affirmé à l`AFP avoir vu au centre hospitalier




régional (CHR) de Yamoussoukro six jeunes
du RHDP blessés. "J`ai vu six blessés par éclats de grenade, mais l`infirmier
nous a dit que leur vie n`est pas en danger", a-t-il déclaré. Il n`était pas en
mesure de préciser dans quelles circonstances les jeunes avaient été blessés. Un
commissaire de police ainsi qu`un préfet contactés par l`AFP ont refusé de
s`exprimer sur cet incident. Deux sources locales du RHDP ont également fait
état de blessés, cinq selon l`une, sept selon l`autre.




Les "Scorpions guetteurs" sont un groupe
d`auto-défense apparu à Yamoussoukro il y a plusieurs années.(...)




 




 




Gbagbo va-t-il suivre Ben Ali ?




 




Le Républicain -
Après la chute du dictateur de Tunisie Ben Ali le vendredi dernier, tous les
regards sont braqués sur le palais présidentiel ivoirien où squatte un autre
dictateur mal inspiré Laurent Gbagbo qui s'accroche désespérément au fauteuil,
malgré son isolement par le monde entier. Dans les salons feutrés d'Abidjan et
dans les maquis, l'attitude de Gbagbo alimente toutes les conversations. Au
moment où la garde républicaine, la Police, les Mercenaires et la milice
endeuillent les familles en Eburnie, dans le seul but d'aider Gbagbo à se
maintenir, tous les hôtels des régions proches de la Cote d'Ivoire sont occupés,
réservés par les proches de Gbagbo. Lors de sa dernière rencontre avec la Presse
à l'hôtel du Golfe, le Président Alassane Ouattara prédisait la chute de Laurent
Gbagbo avant la fin du mois de Janvier. Ces propos ne sont certainement pas des
paroles en l'air. Car pour tous les habitants d'Abobo, les combats qui ont eu
lieu dans la commune dans la nuit du Mercredi à Jeudi, opposaient les FDS à
d'autres éléments de la police qui ont choisi de déserter pour ne pas être
comptables des errements du dictateur Gbagbo. Ils sont encore nombreux les
policiers qui hésitent certes, mais qui finiront par franchir le pas, en se
désolidarisant des milices et mercenaires proches de la Refondation. Le pouvoir
Gbagbo se fissure, l'armée privée d'armes et de minutions assiste, impatiente
d'en découdre, un jour, avec la garde présidentielle et les miliciens pro
Gbagbo. Ce jour là, la refondation chutera comme un château de cartes. Gbagbo
n'assimilera jamais la leçon Ben Ali parce que son entourage lui a mis dans la
tête qu'il est immortel et règnera jusqu'en 2020. Diaby Oumar, militant du Rhdp
de Treichville, paraphrase son Président Alassane Ouattara en disant : «
l'Ecomog viendra cueillir Gbagbo, non comme un fruit mûr, mais comme un fruit
pourri et les barons de la Refondation détaleront comme des lapins pour se
refugier au Ghana ». En attendant, le pays ne jure que d'une intervention armée
de l'Ecomog pour libérer enfin le pays. Les Chefs d'Etat Major de la Cedeao qui
se réunissent cette semaine à Bamako n'ont pas droit à l'erreur. L'organisation
sous régionale n'a plus le droit de tergiverser après avoir donné espoir aux
millions d'Ivoiriens de déloger Gbagbo de force du Palais de la République afin
de permettre au Président légitime, Alassane Ouattara, de prendre les rênes du
pays.




 




 




Mme Gbagbo accuse le "diable" Sarkozy
et le "chef bandit" Ouattara




 




A.F.P. - Simone Gbagbo, l`épouse
du président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, a qualifié samedi de "chef bandit"
Alassane Ouattara, le rival de son mari, et de "diable" le chef de l`Etat
français Nicolas Sarkozy, lors d`un rassemblement à Abidjan, a constaté l`AFP.
Quelque 4.000 personnes s`étaient réunies au Palais de la culture pour soutenir
M. Gbagbo à l`appel de la coalition qui l`appuie, le Congrès national de la
résistance pour la démocratie (CNRD), dont Mme Gbagbo est la secrétaire
générale. Alors que l`assistance protestait quand elle commençait a citer les
noms de MM. Ouattara et Sarkozy, Simone Gbagbo a dit: "Alors je vais les
identifier avec un nom bien clair: Sarkozy sera le +diable+, et Ouattara sera le
+chef bandit+." "Le temps des débats sur les élections entre Gbagbo et le +chef
bandit+ est passé. Notre président (Laurent Gbagbo) est vigoureusement installé
au pouvoir et il travaille", a-t-elle lancé.(...)




 




 




 




La "dame de fer" Simone Gbagbo met sa
poigne au service de son mari




 




Le Monde - L'homme fort de la Côte
d'Ivoire s'appellerait-il Simone Gbagbo ? Samedi 15 janvier, devant près de 5
000 personnes survoltées qui se pressaient au Palais de la culture, au bord la
lagune Ebrié, à Abidjan, elle en a quasiment fait la démonstration. Tandis que
le sommet de l'Etat reste paralysé entre un président autoproclamé, son époux
Laurent Gbagbo, et un président cloîtré dans l'hôtel du Golf, l'ancien premier
ministre Alassane Ouattara, celle qui se considère toujours comme la première
dame a jeté ses forces dans la conservation du pouvoir.




Gare aux infidèles. Le ban et l'arrière ban des dignitaires du
régime, les partis, les syndicats, les associations, les forces religieuses,
tout le monde a été convoqué et a dû débiter son discours : on se compte, avant
un dénouement incertain. L'argument est simple, efficace. Laurent Gbagbo est
"l'enfant de l'Afrique", soutenu par Dieu, et la Côte d'Ivoire le fer de lance
de la décolonisation inachevée du continent. "Y'a rien en face", proclament les
tee-shirts, ou plutôt, le favori "des tenants pervers d'un colonialisme
rétrograde". [...] Quand le révérend Camara, costume de velours lie-de-vin et
chemise rouge, a fini de chanter, en star devant une salle debout, l'animateur
l'a rappelé. "Vous avez oublié quelque chose". Le pasteur évangéliste, un
ex-musulman, est retourné sur ses pas pour faire conspuer les forces de l'ONU en
Côte d'Ivoire (Onuci) et l'armée française. L'imam de la mosquée d'Abobo, cette
commune au nord du district d'Abidjan où des émeutes ont fait plusieurs morts
depuis le 11 janvier, est également venu en renfort : "Que Dieu bénisse le
couple présidentiel", a-t-il conclu après une courte intervention en arabe et en
français. Puis ce fut au tour des politiques de vilipender à qui mieux mieux la
Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'ONU, les
Etats-Unis, et surtout la France. Le secrétaire général du Front populaire
ivoirien (FPI) a "condamné avec la plus grande fermeté l'ingérence étrangère" et
adressé un message à Nicolas Sarkozy : "La Côte d'Ivoire n'est pas un
département français."




Longue robe crème, rehaussée d'un motif de pyramides, Simone
Gbagbo s'est offert d'aimables chants d'accueil – "mère nous t'adôôôrons, mère
nous t'acclaaamons" – avant de s'installer sur un trône de velours rouge juché
sur une petite estrade assortie. Quand son tour est venu, au pupitre, elle a
savouré son récit – mimé, martelé, psalmodié. Alassane Ouattara ? "Comme je ne
veux pas dire son nom, je vous propose qu'on l'appelle le chef des bandits",
a-t-elle commencé en provoquant des hurlements de joie. Trente minutes à
l'avenant, au cours desquelles la France a été copieusement étrillée et son
président assimilé au "diable". Contrat rempli pour Mme Gbagbo. La foule s'est
écoulée calmement, satisfaite. "L'indépendance on ne l'a pas encore, approuvait
Justine Klaouroux, une commerçante de 43 ans. La monnaie que l'on utilise (le
franc CFA) est fabriquée par l'ancienne colonie." Charles Guigrehi, étudiant en
droit public jugeait pour sa part que "Nicolas Sarkozy n'a aucun droit de dire
'nous t'imposons tel président'. Il est élu par les Français, qu'il s'occupe de
la France". Un autre homme ajoutait : "Les marionnettes de la Cedeao, nous n'en
voulons pas."Des commentaires plus modérés que les interpellations entendues
dans la rue avant le meeting, comme celle de cet homme qui se penche avec
véhémence vers la portière de la voiture : "On l'a installé Gbagbo, il est là à
vie. Si vous touchez un de ses cheveux, on vous tuera, vous les Français."




 




 




 




 




 




Le gouvernement Gbagbo redemande le
départ de l`Onuci




 




A.F.P. - Le gouvernement ivoirien
de Laurent Gbagbo a de nouveau réclamé samedi le départ de la force de l`ONU
dans le pays, l`Onuci, que les Nations unies souhaitent renforcer alors que la
tension monte avec le camp du président sortant. "Le gouvernement voudrait
rappeler qu`il a demandé le retrait de l`Onuci en raison de sa partialité
notoire dans la gestion de la crise postélectorale et de la non application des
mesures relatives au désarmement des rebelles", selon un communiqué lu par le
porte-parole Ahoua Don Mello sur la télévision publique RTI. "Toute action
visant à perpétuer cette présence n`a plus d`objet véritable pour la Côte
d`Ivoire", a-t-il averti. L`ONU recherche actuellement 1.000 à 2.000 Casques
bleus supplémentaires en Côte d`Ivoire. L`Onuci compte déjà quelque 9.500
éléments. "La Côte d`Ivoire demeure ouverte à une franche collaboration avec les
Nations unies qui servirait" la "paix", a cependant assuré M. Don Mello.




Le gouvernement Gbagbo, a-t-il répété, "entend trouver une
solution pacifique et négociée à la crise" née de la présidentielle du 28
novembre, à l`issue de laquelle M. Gbagbo s`oppose à l`autre président proclamé
Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale.




L`Onuci avait accusé jeudi "les forces civiles et militaires du
camp du président Gbagbo" d`avoir incendié ou endommagé cinq de ses véhicules à
Abidjan, dernier en date d`une série d`incidents. Le gouvernement Gbagbo avait
rejeté ces accusations.




 




 




Côte-d'Ivoire: "Des signes de
génocide"




 




La Libre -
L'Onu alerte contre les dangers d'une dérive génocidaire en Côte-d'Ivoire. La
bipolarisation politique s'accroît dans le pays de manière inquiétante. Nous
n'en sommes pas encore là", mais "nous constatons les phénomènes qui ailleurs
ont abouti au génocide". Simon Munzu, le chef de la division des droits de
l'homme de l'opération des Nations unies en Côte-d'Ivoire (Onuci) fait le
parallèle avec la situation explosive de 1990 au Rwanda, quelques années avant
que 800000 Tutsis ne soient massacrés. Une bipolarisation politique qui se
radicalise, des civils armés et entraînés, des médias véhiculant un discours de
violence et de haine. Les exactions commises par les deux camps font craindre
que le pire soit encore à venir et les Nations unies semblent réduites à
l'attente. Les casques bleus sont, en effet, systématiquement stoppés dans leurs
déplacements par des civils ou les forces de sécurité de Laurent Gbagbo. Jeudi,
pour récupérer un pick-up brûlé par la foule dans le quartier pourtant calme de
la Riviera, l'Onuci a dû se déployer en force. Plusieurs dizaines de casques
bleus lourdement équipés ont pris position à un carrefour, encerclés par la
police de Gbagbo. Les soldats de la paix se sont finalement repliés pour éviter
l'affrontement avec des jeunes menaçants et de plus en plus nombreux. Simon
Munzu reconnaît l'impuissance de la mission lorsqu'il s'agit de faire face aux
habitants. "La stratégie [du camp Gbagbo] consiste en partie à pousser des
civils devant", s'inquiète t-il. La situation s'est compliquée depuis le début
de la semaine dernière. Des individus non identifiés s'opposent aux forces de
sécurité de Laurent Gbagbo dans plusieurs communes d'Abidjan. Armés de fusils
d'assaut et de lance-roquettes, ils évoluent au cœur même d'une population
terrorisée. Ils savent qu'ils peuvent compter sur des militants pro-Ouattara
vindicatifs. "Nous avons du sang de guerrier", s'emporte un habitant du quartier
d'Abobo, où six policiers auraient perdu la vie. "Nous les tuerons tous jusqu'au
dernier parce qu'il n'y a personne pour nous aider."  Ces jeunes en colère sont
également une arme de choix dans le camp Gbagbo. Charles Blé Goudé, "ministre"
et "général de la Jeunesse", bras droit de l'ex-Président, parcourt Abidjan
comme une star en tournée. De meeting en meeting, il réunit des centaines de
supporters conquis par son discours. "Attendez le mot d'ordre du général",
réclame l'idole à son public en parlant de lui-même. "Vous devez veiller à ce
que les forces étrangères ne nous dérangent pas !"




Pendant que leur chef prépare son plan
d'action, la milice des "Jeunes Patriotes", continue à se mobiliser. Pour
Guillaume, le message doit être clair : "Nous voulons montrer à l'opinion
internationale que nous sommes prêts à défendre notre nation à mains nues." Les
journalistes choisissent leur camp. A "Notre Voix", on adhère parfaitement à ce
discours. Ce quotidien fait partie de ceux qui ont été accusés d'incitation à la
haine raciale par l'Union européenne. Abdoulaye Villard Sanogo, un des
rédacteurs en chef, ne comprend pas pourquoi. "Nous avons été nourris à la sève
de la démocratie ", se défend-t-il, convaincu d'être du côté de la justice. Le
journaliste se dit pourtant "prêt à enlever sa chemise pour aller se battre
lorsqu'il le faudra".  Frank-Claude About, rédacteur en chef à la RTI, la
télévision publique, comprend très bien cette démarche. "Chaque candidat a eu le
droit à la parole pendant la campagne", Alassane Ouattara y compris, mais "comme
il a un groupe armé et le soutien de la communauté internationale, il n'a plus
le droit de se défendre". En attendant la suite, les médias ivoiriens inondent
leur public d'images et d'informations bricolées pour donner l'illusion de la
véracité. Simon Munzu, lui, continue d'espérer. "Nous sommes encore dans une
phase de plaidoyer et de négociation." Mais l'augmentation constante et
régulière des violences dans le pays inquiète. Un journaliste du quotidien
pro-Ouattara l'interroge sur le nombre de morts qu'il faudra avant que les
casques bleus réagissent et défendent la population. Le chef de la division des
droits de l'homme s'emporte : "C'est à travers vos déclarations qu'on crée les
conditions d'un génocide en Côte-d'Ivoire ! Assumez vos responsabilités !"