La problématique des Dozos et la RSS évoquée au cours d’échanges entre l’ONUCI, le Gouvernement, la société civile et les élus

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7 mai 2014

La problématique des Dozos et la RSS évoquée au cours d’échanges entre l’ONUCI, le Gouvernement, la société civile et les élus

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Arnauld Akodjénou, a présidé, mardi 6 mai 2014, au siège de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), la 16e édition du déjeuner-débat mensuel organisé par la Division Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) de la Mission onusienne, en partenariat avec la Fondation Allemande Friedrich Ebert Stiftung.







Axé sur ''la problématique des Dozos et la Réforme du Secteur de la Sécurité'', le sujet a été passé en revue par le Directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, Bamba Cheikh Daniel, avec pour auditoire les représentants des partis politiques, la société civile, les élus et des responsables en charge des questions de sécurité.



M. Bamba a remercié l'ONUCI d'avoir créé cette plate-forme qui permet d'échanger sur un projet devenu mature après moult soubresauts et après une tentative de règlementation et de mise en oeuvre en 1999, suite au coup d'Etat, des efforts de maîtrise du phénomène des Dozos (chasseurs traditionnels). Plus d'une dizaine d'années plus tard, le problème se posant à nouveau avec acuité, M. Bamba y voit une alerte forte dont il faut débattre, soumettant à l'attention de l'auditoire une ébauche de propositions internes du ministère de

l'Intérieur et de la sécurité, relatives à ce sujet. « Tout le monde a retenu que ce problème est véritablement pris à bras le corps par le Gouvernement et que les solutions qui sont envisagées, si elles sont rapidement mises en œuvre, peuvent conduire à des lendemains pacifiés au niveau électoral, surtout que les Dozos sont preneurs. C'est avec beaucoup de discipline qu'ils ont accepté d'avoir un chef unique, une association unique. Cela les agrée mais, c'est le financement qu'on attend maintenant pour démarrer », a indiqué M. Bamba.



Dans sa présentation, Bamba Cheikh Daniel a fait l'historique de la confrérie Dozo et rappelé que celle-ci n'est pas propre à la Côte d'Ivoire. On la retrouve dans des pays comme la Guinée, le Sénégal, la Sierra Leone, le Mali, le Niger et le nord du Ghana. Si cette confrérie de chasseurs traditionnels avait pour vocation première l'apprentissage de la faune, de la flore, des plantes médicinales et à laquelle les membres adhéraient par initiation, cela s'est finalement démocratisé, a-t-il expliqué. Par ailleurs, face à l'insuffisance de l'appui

sécuritaire fourni par l'Etat, les Dozos ont été invités ou se sont invités pour assurer la sécurité des populations, a dit encore M. Bamba. Ils avaient finalement essaimé toute la Côte d'Ivoire au-delà de leur région originelle qui est le nord, se retrouvant partout, souvent utilisés à des fins politiques, a-t-il ajouté.



« Je me suis rendu compte que les Dozos sont diabolisés et que les gens ignorent l'historique de leur présence et ne se rendent pas compte qu'ils ont eux-mêmes laissé le phénomène prospérer. Aujourd'hui, on sent une envie d'aller vite et de régler ce problème rapidement. Mais nous leur avons expliqué que ce n'est pas comme cela qu'il faut procéder, qu'il faut la sensibilisation, l'information, une logistique importante dans le projet. Les Dozos, dans l'identification et dans le processus de réintégration dans la société en vue, ont compris que l'Etat a pris la chose en main et qu'il y a des solutions fortes. Les échanges avec les participants ont été souvent vifs. Nous ne sommes pas en disharmonie mais l'ensemble des intervenants de l'auditoire souhaitent que ce problème soit réglé avant les élections et nous sommes d'accord avec eux », a conclu M. Bamba.



Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Arnauld Akodjénou, qui a ouvert les échanges, a qualifié la question des Dozos d'un phénomène social préoccupant et s'est félicité de ce que le Gouvernement ivoirien soit décidé à le gérer, en particulier dans la transparence. La Mission des Nations Unies est fortement impliquée dans la réforme du secteur de sécurité concernant la stratégie de mise en oeuvre, a-t-il rappelé. « Tout en mettant en œuvre cette réforme et cette stratégie, il y a cette situation des Dozos qui n'est pas un épiphénomène : c'est une réalité quotidienne. Nous savions que le Gouvernement travaille sur la question et aujourd'hui l'occasion a été donnée de voir le Gouvernement exposer ce qu'il compte faire concernant les Dozos. Nous avons un projet cohérent sur la table et les discussions seront engagées avec les autorités pour voir par quelle porte d'entrée nous pouvons le traduire dans sa réalité. Pas nous seuls, en tant qu'ONUCI, mais le crédit que nous pouvons apporter au projet pourrait enclencher un apport des partenaires pour renforcer ce que le Gouvernement est sur le point de réaliser », a indiqué M. Akodjénou.







Il a émis le vœu que ce projet soit soutenu par une bonne stratégie de communication avec tous les acteurs impliqués – les Dozos, les structures compétentes de l'administration territoriale, les populations – aux fins d'en assurer l'efficience lors de sa mise en oeuvre. L'ONUCI reste aux côtés du Gouvernement ivoirien pour mener à bout cette activité essentielle et dans le cadre de la réforme du secteur de sécurité et pour les populations, a conclu M. Akodjènou.