L’ONU ET LA COTE D’IVOIRE UNIES CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

25 nov 2011

L’ONU ET LA COTE D’IVOIRE UNIES CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES


Abidjan, le 25 novembre 2011.... Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Côte d'Ivoire, Bert Koenders et la Représentante spéciale sur les violences sexuelles faites aux femmes dans le contexte des conflits, Margot Wallstrom, ont participé vendredi à Bingerville aux côtés du Ministre de la Famille, de la Femme et de l'enfant, Docteur Raymonde Goudou Coffie, à la double cérémonie commémorant le 11e anniversaire de la Résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, et le lancement des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

Le siège mondial de la mission Harriste de Bingerville, localité qui a accueilli cet évènement est également un site abritant des milliers de déplacés. La porte-parole des déplacés, Mme Eunice Gnaoré, a présenté la situation des déplacés internes estimés selon elle, à 2069 familles soit 9 529 personnes majoritairement composées de femmes et d'enfants. Après avoir évoqué leurs difficultés, Mme Gnaoré a, au nom des déplacés, posé une seule doléance: « nous avons besoin de maisons pour pouvoir quitter les sites ».

M Koenders, sensible aux difficultés des déplacés, a réaffirmé le soutien de l'ONUCI. « Il faut désormais aller de l'avant tous ensemble avec détermination afin que les germes que nous allons semer dans le cadre de cette commémoration puisse donner des fruits, il s'agira de mettre en place des actions concrètes en vue d'apporter une réponse aux préoccupations communes et récurrentes des populations déplacées des sites de Bingerville et d'ailleurs », a-t-il indiqué lors de son allocution.
« Nous devons être en contact étroit avec vous, les déplacés de ce pays », a-t-il ajouté. Le Représentant spécial a réitéré tout le soutien de l'ONUCI dans cette lutte inlassable mais aussi difficile et compliquée pour relever plusieurs défis comme celui de la participation effective de la promotion des femmes aux postes de prises de décisions.

M Koenders a expliqué aux populations la portée de la commémoration de la Résolution 1325, qui, a-t-il estimé, est un cadre politique important qui fournit aux femmes, aux organisations féminines, à la société civile et au Gouvernement, une plateforme d'intégration de principe d'égalité entre les femmes et les hommes dans le processus de paix, de reconstruction nationale. Et aussi pour les élections. « Cette résolution reconnait les conséquences dramatiques des conflits armés sur les femmes et les filles et réclament la mise en œuvre des dispositions institutionnelles effectives pour garantir leur protection et leur participation pleine et entière au processus de paix et de reconstruction nationale », a précisé M Koenders. Faisant référence à sa visite effectuée la veille à Duekoué et à Bouaké, le Chef de l'ONUCI a relevé le traumatisme des victimes avec qui ils ont parlé, ajoutant que même des jeunes filles de 10 à 7 ans avaient été humiliées et souvent brutalisées. « Trop de femmes n'osent pas parler et c'est souvent nous les hommes, les leaders politiques qui devons nous exprimer car nous sommes les fils de mères et les frères de sœurs », interpellant toutes les parties.

S'agissant des 16 jours de campagne contre les violences faites aux filles et aux femmes, M Koenders a expliqué que cet évènement constituait le lien entre deux dates importantes à savoir le 25 novembre (Journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes et le 10 décembre (Journée internationale des Droits Humains). « La violence faite aux femmes est une violation des droits humains », a souligné le Chef de l'ONUCI. Revenant sur le thème de la campagne de 16 jours qui est : « De la paix à la maison à la paix dans le monde, défions le militarisme et finissons avec la violence faite aux femmes ». M Koenders a estimé que ce thème était en phase avec les réalités ivoiriennes du moment, les populations qui aspirent à la paix, à la coexistence pacifique et à la cohésion sociale. « L'ONUCI travaille avec la Coalition des femmes leaders de Côte d'Ivoire, nous avons formé des femmes de la société civile des 19 régions du pays sur les principes et les modalités d'application de la résolution. Nous travaillons à la réforme du secteur de sécurité avec 600 éléments des forces nouvelles, 1705 gendarmes et plus de 200 policiers sur l'importance de la pratique de cette résolution, et nous travaillons avec tous les partenaires extérieurs et ceux des agences du système des Nations unies », a révélé le Représentant spécial. « Mais nous savons que le chemin est encore long malgré ces contributions significatives, et c'est ensemble, avec la synergie et avec l'appui de toutes les structures partenaires que nous pourrons parvenir à une pleine maitrise de la résolution 1325 et une implication effective de la prévention et la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes.
M Koenders a conclu par des recommandations adressées au Gouvernement : « Que l'engagement du gouvernement puisse servir de boussole pour bâtir le socle d'une véritable politique de prise en compte du genre dans le processus de paix et de reconstruction nationale »
« Que les femmes soient associées à toutes les initiatives en favorisant leur intégration dans la sphère décisionnelle »

A l'égard de la société civile, que la mobilisation des acteurs non étatique puisse faire la différence en termes d'engagement ferme et d'actions, de professionnalisme et d'efficacité.

« Et à nous l'ONUCI de faire notre mieux, nous sommes maintenant juste avant les élections, c'est un temps de démocratie mais aussi de plus de tension ; cela est toujours un risque, risque de violence contre les femmes, risque de non participation des femmes », a-t-il indiqué.
« J'ai donné des instructions à tous y compris notre force, de faire plus de patrouille, d'être sur le terrain, d'être vigilant sur les problèmes sexuels et les violences contre les femmes », a annoncé M Koenders.

Mme Wallstrom a indiqué d'entrée de jeu, que les femmes et les filles étaient les premières victimes dans le contexte des conflits. Elle a estimé que le viol était un crime qui doit être puni par la loi. La Représentante spéciale a, dans ce contexte, dénoncé les violences sexuelles comme une arme de guerre, soulignant qu'elles étaient devenues des armes de guerre de choix pour beaucoup de groupes et d'individus. « Ensemble nous devons lutter contre l'impunité car les violences sexuelles ne sont pas une fatalité », a souligné Mme Wallstrom qui a étayé ses propos avec des chiffres sur les violences sexuelles faites aux femmes, particulièrement dans l'Ouest et le Centre de la côte d'Ivoire.

Auparavant, le Directeur du Suprémat de l'Eglise Harriste de Bingerville, Philippe Koffi, après avoir noté l'aide apportée aux déplacés, a appelé les uns et les autres au pardon. « Malgré les difficultés auxquels nous sommes confrontés, nous restons frères, nous restons sœurs », a-t-il noté.
Il a insisté sur l'accompagnement en prière de l'Eglise afin que tout redevienne comme avant.

La cérémonie a pris fin par une visite de stands tenus par les agences du système des Nations unies ainsi que les ONG nationales et internationales.