Groupe consultatif pour la mobilisation des ressources du Plan national de développement (PND) de la Côte d'Ivoire : le plaidoyer d'Albert Koenders pour une forte mobilisation

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4 déc 2012

Groupe consultatif pour la mobilisation des ressources du Plan national de développement (PND) de la Côte d'Ivoire : le plaidoyer d'Albert Koenders pour une forte mobilisation








GROUPE CONSULTATIF CÔTE D'IVOIRE




(Paris, 4-5 Décembre 2012)




 





                       



Allocution du
Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies,



M. Albert Gérard
KOENDERS



(04 décembre 2012)



 




 





Monsieur le Président de la République de Côte d'Ivoire,




 





Monsieur le Premier Ministre, Ministre de l'Economie et des Finances




 





Messieurs les Ministres d'Etat, Ministres des Affaires Etrangères,




 





Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,




 





Monsieur le Vice-président Afrique de la Banque mondiale,




 





Monsieur le Vice-président de la Banque Africaine de Développement,




 





Monsieur le Vice-président de la Banque Islamique de Développement,




 





Mesdames et Messieurs, les Ambassadeurs, Chefs de Missions Diplomatiques et
Représentants des Organisations internationales et interafricaines,




 





Mesdames et Messieurs, les Représentants de la société civile et du secteur
privé,




 





Distingués invités, Mesdames et Messieurs,




 




C'est pour moi un
honneur et un réel plaisir de prendre la parole, en tant que Secrétaire général
Adjoint et Représentant du Secrétaire général et  du système des Nations Unies
en Côte d'Ivoire, à l'occasion de cette importante rencontre de concertation
entre le Gouvernement ivoirien et ses partenaires au développement.




 




Je voudrais en
premier lieu remercier à la fois, la Banque Mondiale pour la qualité de son
accueil dans ses locaux parisiens et les autorités françaises qui mettent à
notre disposition le cadre de la « ville des lumières » pour donner un éclat
tout particulier à cette importante rencontre.




 




Cette réunion du
Groupe Consultatif, la première depuis plus d'une décennie, vient à point nommé,
dans un climat d'optimisme, un contexte où la Côte d'Ivoire est en mouvement, et
où le gouvernement de la Côte d'Ivoire, sous l'exceptionnel  leadership de son
Excellence le Président Alassane Ouattara, a des plans opérationnels concrets
pour aller de l'avant et répondre ainsi aux vœux de la société toute entière.
Car ce ne sont pas seulement le Président et le gouvernement qui veulent donner
une nouvelle impulsion au pays. Après une décennie de crises successives
multiformes et complexes, et une violente crise postélectorale qui a couté la
vie à plus de 3,000 personnes il y a maintenant un an et demi, c'est la grande
majorité des ivoiriens qui aspire à vivre en paix, dans un pays stable et
prospère où la sécurité, le bien-être, et les droits fondamentaux de tous sont
assurés. Et pour répondre à ces aspirations et ces efforts, ils ont le soutien
de la communauté internationale.




 




Outre ce moment
opportun, cette rencontre s'inscrit dans un agenda hautement stratégique, fondé
sur des engagements conjoints de la Côte d'Ivoire et de la communauté
internationale, qui valorisent une vision à long terme du développement définie
de manière concertée et consacrent un Plan national de développement aligné sur
la croissance durable et les engagements du Millénaire pour le Développement. Ce
plan national de réforme est clair et audacieux, reflétant l'ambition du
Président qui souhaite faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent à l'horizon
2020.




 




La mobilisation
aujourd'hui remarquée des partenaires historiques et traditionnels de la Côte
d'Ivoire, la participation des nouvelles puissances émergeantes ainsi que des
organisations régionales africaines et des agences du Système des Nations Unies,
à cette importante rencontre du Groupe Consultatif, traduisent le dynamisme de
la coopération entre la Côte d'Ivoire et la communauté internationale. Cette
mobilisation atteste aussi de notre volonté affirmée d'accompagner le
Gouvernement et les principaux acteurs nationaux dans leurs initiatives de
promotion de la paix, de la démocratie, du respect des droits de l'homme, et du
développement humain durable.




 




La période actuelle
nécessite une attention particulière. Dans tout pays qui sort d'une crise, la
phase de transition est toujours la plus complexe et difficile. Il faut non
seulement mettre en place rapidement des projets catalytiques et valoriser les
'dividendes' de la paix retrouvée pour rassurer la population, instaurer un
climat de confiance entre les différents parties et groupes de la société, et
améliorer les conditions de vie de tous les citoyens – tant sur les plans
sécuritaire que politique et socio-économique - mais aussi engager des processus
de réformes structurelles qui, sur le moyen et le long-terme, permettront au
pays de sortir de ce cercle vicieux de crises à répétition et de fragilité
chronique.




 




Cela signifie des
progrès soutenus dans tous les secteurs prioritaires de la consolidation de la
paix mais aussi des processus inclusifs, solidaires, et justes. Cela requiert
aussi un accompagnement par les acteurs régionaux et internationaux – tant sur
le plan politique que financier - qui soit fondé sur une vision nationale claire
et un plan cohérent,  une sorte de 'compact' entre le pays et ses partenaires 
tourné vers des résultats concrets et mesurables, qui garantisse des flux d'aide
prévisibles et transparents, et qui instaure des structures de coordination
générale et sectoriel efficaces, avec un système de suivi et évaluation adapté.




 




Monsieur le
Président, Messieurs les Ministres,




Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,




 




'La Côte d'Ivoire
est de retour'. Le pays a fait des progrès considérables depuis la fin de la
crise postélectorale en avril 2011 tant sur les plans sécuritaire et politique
que du point de vue de la relance des activités de développement. La Côte
d'Ivoire, et tout particulièrement la ville d'Abidjan, sont redevenus le siège
d'évènements internationaux très importants. Le dernier en date est celui
relatif à la Conférence mondiale sur le Cacao qui s'est tenu les 19-23 novembre
dernier avec, à la clef, l'adoption d'un agenda mondial pour le cacao.




 




Le Gouvernement
ivoirien a en effet lancé d'importants chantiers pour sortir la Côte d'Ivoire de
la pauvreté en stimulant l'économie notamment par des travaux d'envergure en
matière d'infrastructures, par la promotion d'un cadrage macroéconomique et
financier propice à la croissance, à l'investissement  productif dans les
secteurs à plus fort potentiel de croissance ainsi qu'au développement du
capital humain, en témoignent la rénovation des universités, la politique en
faveur des jeunes et les initiatives pour l'emploi et la formation
professionnelle.




 




Les chiffres de la
croissance - environ 7 % en moyenne sur la période 2011- 2012 - sont
impressionnants et l'insertion nouvelle de la Côte d'Ivoire au marché mondial et
à la dynamique régionale de développement (40% du PIB de la sous-région, 55% de
ses échanges manufacturiers et industriels) attestent de potentialités
remarquables pour une Côte d'Ivoire émergente, prospère et réconciliée.




 




Les orientations
définies par le Gouvernement -sur le plan politique, économique et social et le
contexte dans lequel elles s'insèrent, sont tout à fait favorables à une
accélération de la croissance économique et à une meilleure répartition de ses
fruits. Cela nécessite aussi que l'investissement au profit des secteurs sociaux
de base soit maintenu sur le long terme et que la réduction des disparités entre
les hommes et les femmes constitue une préoccupation centrale des autorités
nationales. Dans le domaine de la santé, les défis de la mortalité maternelle,
infantile et infanto juvénile, et l'impact du VIH-SIDA constituent des obstacles
qu'il convient de relever pour le bien-être des populations. Nous savons le
Président particulièrement mobilisé sur ces questions et saluons cet engagement.




 




 




 




Monsieur le Président, Messieurs les Ministres,




Distingués invités, Mesdames et Messieurs,




 




La Côte d'Ivoire est
entrée dans une phase de consolidation de la paix qui nécessite une attention
certaine, un soutien de qualité, et notre solidarité.




 




La paix et le
développement économique sont comme vous le savez, les deux faces d'une même
médaille, et l'une et l'autre sont indispensables pour l'avenir de la Côte
d'Ivoire et vos investissements. Permettez-moi à cet égard de souligner que sur
le plan sécuritaire, un certain nombre de mesures importantes ont été prises par
le Président Ouattara et ses gouvernements depuis la fin de la crise. Le nouveau
Conseil National de Sécurité a adopté, fin septembre, une stratégie de sécurité
nationale pour la réforme de ce secteur hautement stratégique. Le gouvernement 
a expliqué clairement que la sécurité constituait une de ses premières
priorités. Cet engagement est fondamental pour la nation ivoirienne mais aussi
pour la communauté internationale en vue de s'assurer de l'opérationnalisation
de cette stratégie et de son financement. L'établissement d'un environnement sûr
et sécurisant qui protège toutes les populations sans exclusion, rassure les
investisseurs et prend toute la mesure du contexte sous régional de la Côte
d'Ivoire est fondamental pour aujourd'hui et pour l'avenir.




 




Les avancées
observées en matière de redéploiement des services sécuritaires et judiciaires
sont louables et constituent une condition majeure pour l'émergence d'une Côte
d'Ivoire apaisée, inclusive, et prospère. Comme le note le Gouvernement dans le
PND, la situation sécuritaire constitue un défi important. Il importe à cet
égard de poursuivre, avec le soutien de la communauté internationale, l'élan et
les progrès observés pour réformer les forces de police, de gendarmerie et de
sécurité, renforcer le système judicaire et pénitentiaire, et restaurer – sur
l'ensemble du pays - la primauté du droit et le respect des droits de l'homme en
général et celui des femmes et des enfants en particulier.




 




S'agissant du
désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR), un travail
essentiel a également été accompli ayant conduit à l'adoption d'une politique
nationale ambitieuse et à la mise en place d'une autorité nouvelle. Il convient
maintenant de s'assurer, de nouveau avec le soutien de la communauté
internationale, que les actions et moyens puissent être diligentés sur le
terrain de manière efficace, équilibré, et juste pour désarmer, démobiliser et
réinsérer les anciens combattants et offrir des opportunités de réintégration
économiques et sociales satisfaisantes aux jeunes dit 'à risque'.




 




Dans ce domaine,
l'Organisation des Nations Unies a engagé des discussions avec le Gouvernement,
les partenaires au développement et naturellement, le secteur privé pour une
mobilisation des compétences et des moyens en vue de la promotion de l'emploi
productif et décent des jeunes et de leur formation professionnelle. Un
programme d'intervention a été développé conjointement entre le Gouvernement et
le Système des Nations Unies et de sérieuses opportunités s'offrent à la Côte
d'Ivoire qu'il nous faut saisir et promouvoir. Le programme visera,
particulièrement,  la redynamisation du secteur privé ivoirien et l'amélioration
de sa compétitivité. Ceci s'intègre dans l'optique d'accroitre l'employabilité
des jeunes diplômés et de renforcer leur qualification. Il est indiscutable que
seule la croissance du secteur privé couplé à un fort partenariat public-privé
permet de créer des emplois décents et durables au profit des jeunes et de
répartir équitablement les fruits de la croissance.




 




En outre, la
promotion de la gouvernance démocratique et la responsabilisation des acteurs, à
tous les échelons de l'Etat, en matière de lutte contre la corruption et de
transparence dans la gestion des ressources publiques, constituent des éléments
clés du PND pour renforcer la dynamique des réformes engagées par les autorités
et consolider les partenariats, notamment avec le secteur privé. Sans 'bonne
gouvernance', sans un environnement propice aux affaires, une croissance
économique forte et durable sera difficile à atteindre.




 




Les questions
relatives au dialogue politique, aux respects des droits de l'homme, et au
développement institutionnel sont aussi des sujets abordés dans le PND. Pour que
la paix et la stabilité soient durables, le pays doit se réconcilier et les
causes profondes des crises qui ont si violemment fragilisé la Côte d'Ivoire à
diverses reprises, doivent être abordées. Il s'agit notamment des questions
foncières, des problèmes d'identité, et de la participation politique et
économique inclusive qui seront adressés dans les mois et années à venir,
notamment par l'Assemblée Nationale.




 




 




 




Monsieur le Président, Messieurs les Ministres,




Distingués invités, Mesdames et Messieurs,




 




Nous sommes
convaincus qu'il est possible de consolider le partenariat riche et multiforme
qui lie la Côte d'Ivoire et tous ses partenaires en convenant, à l'issue de
cette rencontre, d'une plateforme d'engagements mutuels qui soient conformes au
nouveau partenariat pour le développement suggéré par la Déclaration du
Millénaire et aux engagements issus de la Conférence de Busan consacrée à
l'efficacité de l'aide pour le développement. Un 'New Deal' est nécessaire.




 




Cet engagement
mutuel doit pouvoir permettre à la fois de renforcer le pilotage stratégique des
réformes et la coordination impulsée par les autorités nationales et ainsi mieux
valoriser l'impact et notamment les résultats issus de nos actions conjointes de
développement.




 




Nous devons par
ailleurs continuer d'œuvrer au renforcement des capacités des organisations de
la société civile et des medias, à côté de celles du secteur privé, notamment
informel et des PME, pour leur permettre de saisir les opportunités de
participation et de développement qui s'offrent à la Côte d'Ivoire.




 




Le Système des
Nations Unies dans son ensemble a accompli un travail remarquable sur le terrain
notamment au plus fort de la crise. Aujourd'hui, la mission de maintien de la
paix de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) et les
Agences, Fonds et Programmes des Nations Unies sont mobilisés afin de soutenir
de manière cohérente et plus décentralisée avec nos bureaux dans tout le pays,
le Gouvernement et les diverses parties prenantes, sur quatre domaines concrets
et catalytiques que sont la sécurité, la création d'emploi et la formation
professionnelle, la question de la santé maternelle (notamment dans le nord du
pays) et enfin, la réintégration communautaire et l'amélioration des conditions
de vie des populations, dans l'Ouest du pays. Ces programmes appellent
naturellement un accompagnement de la part de la communauté internationale
notamment dans la mise en place d'un socle de protection sociale qui soutiendra
les efforts de croissance du secteur productif.




 




J'aimerais terminer
mon intervention en réitérant notre entière disponibilité, à œuvrer aux côtés du
Gouvernement et en collaboration étroite avec les autres acteurs et  partenaires
au développement, tant les partenaires techniques et financiers que le secteur
privé et la société civile, à l'avènement d'une ère nouvelle de coopération,
fondée sur une confiance mutuelle et des engagements partagés en vue
d'accompagner à la fois l'émergence économique et  l'instauration d'une paix
durable en Côte d'Ivoire. Une Côte d'Ivoire stable et prospère est essentielle
pour toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Nos délibérations au cours des
deux prochains jours constituent une immense opportunité. Ne la ratons pas. Pour
les populations de Côte d'Ivoire, les hommes, les femmes et les enfants meurtris
par des années de violence, nous nous devons de faire de cette réunion et de son
suivi un succès. 'La Côte d'Ivoire est de retour'. Agissons ensemble pour
réaliser ses ambitions.




 




Je me permets de
demander maintenant la moitié de la route...




 




Je vous remercie de
votre aimable attention.