Financement de la sortie de crise : Mamadou Koulibaly préconise l’unicité des caisses de l’Etat

30 déc 2008

Financement de la sortie de crise : Mamadou Koulibaly préconise l’unicité des caisses de l’Etat







Le Président de l'Assemblée nationale, M. Mamadou Koulibaly, a
estime, mercredi sur ONUCI FM, que l'unicité des caisses de l'Etat est la voie
indiquée pour la mobilisation des ressources destinées au financement de la
sortie de crise.




 




ONUCI-FM:

Président Mamadou Koulibaly, bonjour!




 




MAMADOU KOULIBALY:

Bonjour, Monsieur!




 




ONUCI-FM:

Qu'est-ce qu'on peut retenir sur la question du financement du processus de
sortie de crise (...). Comment est-ce que, selon vous, en tant qu'économiste, l'on
peut y arriver en Côte d'Ivoire ?  




  




MAMADOU KOULIBALY:

Il y a la sécurisation des frontières. J'ai dit
qu'il faut, tout de suite, redéployer l'administration. Les préfets sont partis,
mais il faut que la justice aussi parte là-bas ! Que les policiers, les
gendarmes, toutes les casernes, tous les commissariats de police de toutes les
zones occupées s'ouvrent immédiatement. Que toutes les brigades de gendarmerie
et les pelotons mobiles de gendarmerie, s'ouvrent automatiquement ! Que les
casernes militaires de Bouaké, Séguéla et Korhogo s'ouvrent immédiatement.




            




ONUCI-FM:

En somme, rétablir l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du
territoire !




  




MAMADOU KOULIBALY:

Oui, l'autorité de l'Etat! Et puis ces
mouvements, au lieu d'être ressentis comme une défaite ou une capitulation, sont
bien au contraire, une reconnaissance de la voie de sortie de crise telle que
choisie par le dialogue direct. Parce qu'une fois que ce mouvement a lieu et que
parallèlement dans chaque préfecture, les combattants sont identifiés, à chaque
combattant, il est remis un bon, une reconnaissance de dette de l'Etat. Les
entreprises, les industrielles, les hommes d'affaires et les operateurs
économiques qui voient ce mouvement, se disent : « Tiens ! Maintenant c'est
bon ! Si j'ouvre ma station d'essence à Katiola, si j'ouvre mon usine à Korhogo,
si j'ouvre ma boutique à Odienné, s'il y a des problèmes, au moins, il y a des
agents de police qui peuvent faire le constat. Mon assurance peut me payer. Et
alors, ces industriels, ces operateurs économiques, ces boutiquiers, ces
magasiniers, ces transporteurs, vont repartir. L'agriculture va reprendre. Les
loyers sont là, les fonctionnaires arrivent, les enseignants, les lycées, les
collèges ouvrent, l'impôt est collecté. C'est un ensemble. On prend d'abord
confiance, tout commence par cette confiance du redéploiement et puis l'argent
vient ensuite. Et tout cet argent versé dans les caisses de l'Etat, on a de quoi
financer [le processus]. Bien sûr, le cacao ne fuira plus, le bois ne fuira
plus. L'or et le diamant, tout est collecté, vendu localement. Et puis bien
entendu, tous ces produits qui rentrent de manière frauduleuse par toutes nos
frontières, à  l'Est, à l'Ouest comme au Nord, tout s'arrêtera et notre économie
dans le Nord, dans les zones CNO remontera. (...)




 




ONUCI-FM:

Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui pensent que dans la crise actuelle que
vit la Côte d'Ivoire, il y a eu plus de gabegie dans la gestion des affaires de
l'Etat, notamment, au plan économique ? 




   




MAMADOU KOULIBALY:

Ceux qui disent cela ont raison. Et, dans toutes les crises et guerres, il y a
forcement une économie de guerre qui se crée, une économie parallèle qui laisse
de coté les circuits officiels et qui prospèrent en marge, en vivant de la
guerre et des difficultés de la population. La Côte d'Ivoire ne fait pas
exception. Et d'ailleurs, à partir d'un moment, cette économie de guerre finit
par alimenter la guerre elle-même ; parce que chacun s'installe en se disant :
« moi, j'ai l'or de Séguéla, moi, j'ai le diamant de cette zone, moi, j'ai le
cacao d'ici, le café de là, moi, j'ai tel poste de frontière, moi, j'ai tel
ministère, moi, j'ai tel gouvernement, etc. »  Chacun se contente de piller la
où il est,  parce que personne n'a de compte à rendre à personne.       




     




ONUCI-FM:

A coté de tout cela, on parle de l'éligibilité de la Côte d'Ivoire au programme
PPTE [Pays Pauvres Très Endettés]. Tout le monde espère que ce sera une bouée de
sauvetage pour l'économie ivoirienne. Alors est ce que vous partagez également
cette vision-là.




 




MAMADOU KOULIBALY:

Ma vision c'est que l'aide publique au développement n'a jamais permis de
développer un pays en voie de développement. Ce qui a permis de développer des
pays, ce sont des investissements directs, les investissements privés qui sont
réalisés par des hommes d'affaires nationaux  où étrangers dans un pays donné.
Si le PPTE, si la réduction de la dette est perçue comme une stratégie qui
permet à un Etat de ne pas rembourser la totalité des intérêts de sa dette ou,
de voir même annuler ce remboursement et que cet Etat consacre les sommes qui
auraient dû servir à rembourser la dette au développement, je dis que cela est
très bien, c'est une solution !




    




ONUCI-FM:

Alors, dans le cas de la Côte d'Ivoire, qu'est-ce qu'il faut faire ?




 




MAMADOU KOULIBALY:

Dans le cas de la Côte d'Ivoire, avec les difficultés de la crise et le manque
de collecte de la totalité des recettes de l'Etat les dépenses des recettes de
l'Etat sont énormes et profitent à l'ensemble du pays. Nous nous sommes
retrouvés dans une situation de dépassement budgétaire extraordinaire ! Le
budget de 2008 a été voté à 2000 milliards de F CFA environ. Le gouvernement a
du prendre une ordonnance pour nous amener à 2315 milliards. Ces 315 milliards
supplémentaires que, compte tenu de la crise, nous avons dû dépenser sans avoir
nécessairement l'argent, s'il y avait eu, au moment de l'accord d'Ouaga,
l'unicité des caisses respectées, on n'aurait pas eu à faire ce dépassement. Et
ce dépassement nous a mis en difficulté vis-à-vis de nos partenaires du FMI et
de la Banque Mondiale !       
 




 




ONUCI-FM:

Président, je vous remercie !




 




MAMADOU KOULIBALY:

Merci beaucoup !