Discours de la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la Côte d’Ivoire et Chef de l’ONUCI, Mme Aïchatou Mindaoudou, à l’occasion des Journées portes ouvertes sur la Résolution 1325

précédent suivant
14 nov 2014

Discours de la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la Côte d’Ivoire et Chef de l’ONUCI, Mme Aïchatou Mindaoudou, à l’occasion des Journées portes ouvertes sur la Résolution 1325





Abidjan 12 novembre 2014





Mme la Ministre chargé de l'Économie et des Finances,



Mme la Ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et de l'Enfance



Mme la Ministre de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement Technique



Mme la Ministre de la Santé et de l'Action Sociale,



Mr le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, des Droits de l'Homme et des Libertés Publiques,



Mr. le Ministre d'Etat, Ministre du Plan et du Développement,



Mme la Ministre de la Communication,



Mesdames et messieurs les Chefs de missions diplomatiques,



Mesdames et messieurs les Chefs d'agences des Nations Unies,



Mesdames et messieurs les Représentants des organisations de la société civile,



Chers collègues du Système des Nations Unies,



Distingués invités,



Mesdames et Messieurs,



Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour commémorer l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette résolution, adoptée le 31 octobre 2000 reste, sans aucun doute, l'une des initiatives ayant marqué de son empreinte l'histoire de la prise en charge des conditions de vie des femmes et des filles dans les conflits armés ainsi que celle de leur protection; elle met aussi en exergue leur rôle stratégique dans l'ensemble des processus de maintien de la paix et de reconstruction nationale. Plus de 10 années de mise en œuvre de cette Résolution auront démontré, sur le terrain, le rôle important que les femmes ont joué, jouent et peuvent encore jouer, dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.



Les Etats membres, la société civile et l'ensemble du Système des Nations Unies, à travers la mise en commun des ressources et une solidarité agissante, ont entrepris, tant conjointement que séparément, des initiatives nationales, régionales et universelles en faveur d'une plus grande implication des femmes dans les processus de paix et d'une amélioration des mécanismes de protection des femmes et des jeunes filles.



Dès son adoption, la Résolution 1325 a constitué le socle des mandats des Missions de maintien de la paix qui ont, sur cette base, intégré l'approche genre dans l'ensemble de leurs activités et développé des stratégies conséquentes afin de mieux protéger les femmes et les jeunes filles dans les situations de conflit et d'après conflit. Une rapide évaluation révèle aujourd'hui que des politiques, des directives et des instructions relatives au genre et à la protection des femmes, des jeunes filles et des enfants sous-tendent les choix stratégiques et opérationnels des Missions de maintien de la Paix. En outre, l'approche genre est parfaitement intégrée dans les processus de planification, de recrutement et de gestion des ressources humaines ainsi que dans les activités de médiation et les opérations des composantes militaires et civiles de l'ONUCI et des agences du Système des Nations Unies. De ce fait, le pourcentage de femmes participant aux missions de paix s'est largement amélioré, même si des efforts restent encore à fournir pour atteindre la parité. Pour les composantes police et militaire, les pays contributeurs acceptent de plus en plus, en amont, d'intégrer les femmes dans les forces de défense et de sécurité. L'effort de la Côte d'Ivoire dans l'intégration des femmes dans l'armée et la police est à saluer. Je profite, d'ailleurs, de cette occasion pour encourager les autorités dans leur initiative d'enrôlement des femmes dans la gendarmerie nationale.







Mesdames et Messieurs,



Sans entrer dans les détails que vous connaissez parfaitement, permettez-moi de relever pour m'en féliciter que les femmes de la sous-région Ouest Africaine se sont bien illustrées dans l'appropriation, la mise en œuvre et la vulgarisation de la résolution 1325 et de celles que je peux appeler ses résolutions sœurs du Conseil de sécurité de l'ONU sur les femmes, la paix et la sécurité. Leurs plaidoyers se sont soldés par la création de doubles dynamiques régionale et nationale sur tous les aspects de la 1325, notamment la prévention des violences à l'égard des femmes; une protection plus renforcée des femmes et des jeunes filles pendant et après les conflits; la lutte contre l'impunité et la promotion de la participation des femmes dans les processus politiques et de paix.



Il me plait à cet égard, de relever, pour m'en féliciter, le leadership de la Côte d'Ivoire, particulièrement le partenariat exemplaire et le dialogue constructif qui ont été développés entre le Gouvernement, la société civile ivoirienne et les partenaires internationaux, y compris le Système des Nations Unies, qui ont conduit à l'adoption du Plan d'Action National 2008-2012 de Mise en Œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité.







Mesdames et Messieurs,



Le lancement récent de la Stratégie Nationale de Lutte contre les Violences Sexuelles Basées sur le Genre et la mise en place, par les Forces Républicaines de Côte Ivoire, d'un Comité d'Experts Nationaux sur les Violences Sexuelles liées aux Conflits, marquent un tournant décisif dans la politique de prévention des violences à l'égard des femmes et jeunes filles. Ces efforts louables, en plus de l'intégration de l'approche genre dans le Plan National de Développement, illustrent la volonté des autorités ivoiriennes à s'inscrire dans une dynamique structurelle de mise en œuvre de la Résolution 1325.



Permettez-moi de rappeler, Mesdames Messieurs, que les Journées Portes Ouvertes sont beaucoup plus qu'une simple cérémonie commémorative; elles sont, en réalité, l'occasion d'évaluer nos performances dans la mise en œuvre de la Résolution 1325.



Je suis sûre que les experts et participants réunis ici aujourd'hui ne manqueront pas de passer en revue l'impact et la portée véritable de toutes les mesures prises par les autorités que je viens d'énoncer, et feront, le cas échéant, des recommandations pertinentes quant à leur mise en œuvre dans la droite ligne des dispositions de la Résolution, objet de notre rencontre d'aujourd'hui.





Mesdames et Messieurs,



Je parlais tantôt des Résolutions sœurs de la 1325. L'une d'entre elles est la 2122 du 18 octobre 2013 dans laquelle le Conseil de sécurité réaffirme que l'autonomisation des femmes est indispensable au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Conseil appelle régulièrement à l'application intégrale de la 1325 afin que soient réalisées l'autonomisation des femmes et leur pleine participation aux processus de paix, à la vie politique et à la reconstruction de leur pays. Il identifie, par conséquent, un certain nombre de défis auxquels la Côte d'Ivoire n'échappe malheureusement pas. En effet, une plus grande autonomisation des femmes en milieux urbain et rurale est toujours d'actualité dans le pays. Il en est de même de leur participation dans les instances de décisions et de la jouissance de tous les droits de la personne humaine. Pour améliorer les résultats déjà enregistrés dans ce domaine, il nous reviendra, par conséquent, d'explorer toutes les possibilités existantes en prenant en compte notre complémentarité et les rôles respectifs que les Nations Unies, l'Etat de Côte d'Ivoire et la société civile pourraient jouer autour du triptyque Prévention-Protection-Participation.







Mesdames et Messieurs,



En Côte d'Ivoire comme ailleurs, nous ne saurions passer sous silence la vulnérabilité accrue des femmes et jeunes filles dans les situations de conflits armés et d'après conflits, particulièrement les violences et exactions multiples qu'elles subissent à ces moment-là. Notre capacité à relever les défis dans ce domaine réside dans notre aptitude à faire avancer le combat contre l'impunité et à faire prévaloir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation. Je me réjouis de l'implication des femmes dans le processus de justice transitionnelle, plus particulièrement dans toutes les activités de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation. Il s'agira, à présent, d'explorer les mesures à prendre pour prévenir la répétition des crimes et violences à l'égard des femmes et pour promouvoir leur participation dans les processus décisionnels en Côte d'Ivoire.





Chers participantes, chers participants,



Comme vous le constatez donc, les résultats de vos échanges revêtent une importance capitale à plusieurs égards :



- Une importance capitale d'abord, parce qu'ils indiqueront à l'ensemble des parties prenantes, la voie à suivre afin d'optimiser les performances déjà enregistrées et d'accroitre l'impact des actions déjà initiées pour mieux encore mettre en œuvre la Résolution 1325 en Côte d'Ivoire. Pour ce faire, nous devrons savoir ce qui a bien fonctionné; nous devons connaître ce qui n'a pas bien fonctionné, et pourquoi cela n'a pas fonctionné, afin de mieux ajuster les actions futures autour des priorités liées à la prévention des violences sexuelles, à la protection et à la participation des femmes.



- C'est un exercice important ensuite parce qu'il devrait permettre à la Côte d'Ivoire de contribuer à l'étude globale sur la mise en œuvre de la Résolution 1325. A cet effet, comme vous le savez, la Résolution 2122 a requis un Examen de haut niveau. Cet Examen de haut niveau est prévu en 2015. Je vous exhorte donc à saisir cette opportunité pour discuter en profondeur de tous les aspects pertinents de la question afin de produire un rapport qui reflètera aussi bien les bonnes pratiques, les avancées majeures enregistrées en Côte d'Ivoire que les défis et les perspectives à venir.



Sur ce, je vous souhaite de fructueuses délibérations et vous remercie pour votre aimable attention.