Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 28 avril 2011

28 avr 2011

Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 28 avril 2011

Abidjan, le 28 avril 2011... La situation humanitaire en Côte d'Ivoire demeure préoccupante, a dit jeudi le coordonnateur humanitaire, N'dolamb Ngokwey, lors du point de presse hebdomadaire de l'Opération des Nations unies pour la Côte d'Ivoire (ONUCI). Il y a d'énormes besoins mais des obstacles sécuritaires limitent encore les interventions humanitaires, notamment dans les quartiers abidjanais de Yopougon et d'Abobo et dans une partie de l'ouest du pays, a-t-il expliqué.

M. Ngokwey a fait remarquer que, selon une évaluation de trois semaines effectuée par l'Equipe des Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe (UNDAC), les secteurs les plus touchés sont la santé, l'éducation, l'eau et l'assainissement, les abris et la protection des civils. Dans tous ces domaines, le coordonnateur humanitaire, qui est également le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, a dit avoir noté des efforts de la part de la communauté humanitaire.

Parmi les actions notées dans le secteur de la santé, figurent la fourniture de médicaments, de personnel et de matériel de fonctionnement aux hôpitaux et centres de santé ainsi que la mise en place d'un programme de cliniques mobiles dans l'ouest du pays et à Abidjan, selon M. Ngokwey. « Le grand défi que nous avons aujourd'hui dans le domaine de la santé est de rendre opérationnels tous les centres de santé détruits ou pillés afin de désengorger les rares hôpitaux qui fonctionnent encore », a-t-il dit.

M Ngokwey a également mis en relief les difficultés dans le domaine de l'éducation, notamment la reprise des cours. Il a cité, entre autres, le déplacement des enseignants et des élèves ainsi que le pillage du matériel et de certaines infrastructures scolaires. « Certaines écoles sont utilisées comme lieu de déplacement ou même comme abris pour des combattants », a-t-il indiqué. Selon le coordonnateur humanitaire, des solutions ont été apportées à ces difficultés à travers la création d'un espace temporaire pour le déroulement des cours et le recrutement d'enseignants volontaires. « Un programme de repas scolaire est également prévu afin d'encourager le retour des enfants à l'école », a-t-il dit, ajoutant que l'UNICEF estime que près de 800 000 enfants ont manqué entre quatre et six mois de cours en raison de la crise ivoirienne.

Parlant de l'eau et de l'assainissement, il a fait savoir que le système d'approvisionnement en eau était redevenu fonctionnel à Abidjan et revenait progressivement dans le reste du pays, grâce à des mesures prises par les autorités. Le coordonnateur humanitaire a, cependant, noté de fréquentes pénuries à Man. Il a également tiré la sonnette d'alarme sur l'accumulation des déchets ménagers depuis plusieurs semaines dans la plupart des villes, qui fait peser de graves menaces de santé publique.

S'agissant de la protection, le coordonnateur humanitaire a indiqué que tout doit être mis en place en cette période de post-crise pour continuer à garantir la protection des civils et la prise en charge des victimes d'abus. Il a déploré des cas de violences graves dans certaines poches ou règne encore l'insécurité. « Il faut qu'un terme soit mis rapidement à ces actes et que l'ordre public soit restauré afin que les populations puissent vivre en toute quiétude », a ajouté M Ngokwey.

Cela permettra le retour des déplacés dans leurs villes et villages. A cet égard, M. Ngokwey a fait allusion à la surpopulation de la mission catholique de Duékoué, où plus de 28 000 personnes sont accueillis sur un espace de quatre hectares.

« Des aides à moyen et à court terme doivent être apportées aux ménages à revenus essentiellement agricoles qui ne pourront certainement pas cultiver leurs champs », a dit M Ngokwey. Il a annoncé que seulement 32 millions de dollars sur un appel de fonds de 160 millions de dollars avait été financés.

Par ailleurs, le flux de réfugiés n'a pas cessé. M. Ngokwey a révélé que 150 Ivoiriens traversent la frontière chaque jour pour aller au Ghana. « C'est qu'il y a quelque chose qui continue à se passer », a-t-il estimé.

Le Directeur adjoint de la Division des Droits de l'Homme, Guillaume Ngefa, faisant le point de la situation des droits de l'homme sur l'ensemble du pays, a annoncé la mise sur pied d'une équipe composée de spécialistes des droits de l'homme et de la police de l'ONUCI, en vue d'enquêter sur les violations dénoncées dans les régions d'Abidjan d'une part, et celles d'Issia, Daloa, Gagnoa et Divo, de l'autre.

« A Abidjan, l'enquête va s'étendre sur une période de trois semaines, à partir d'aujourd'hui », a indiqué M. Ngefa, qui a annoncé qu'une équipe qui avait mené des enquêtes dans l'ouest du pays en début avril avait terminé ses travaux et qu'elle était en train de finaliser son rapport. Il a précisé que l'équipe avait dû étendre ses investigations aux régions de Man, Danané, Bangolo, Toulepleu, Guiglo, Blolequin et Tai ainsi qu'à 83 villages de l'ouest. « L'équipe a aussi terminé son travail à San Pedro », a-t-il ajouté.

M Ngefa a également signalé la présence à Abidjan depuis deux jours de l'équipe d'appui à la Commission d'enquête internationale créé par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à la demande du gouvernement ivoirien pour établir les faits et circonstances liés aux violations des droits de l'homme depuis l'élection présidentielle, en vue d'identifier les responsables de tels actes et de les traduire en justice.

Le Directeur adjoint a aussi révélé avoir discuté avec le Ministre ivoirien de la Justice et des droits de l'homme, des conditions de détention de l'ancien président, son épouse et d'autres membres de son entourage, du statut juridique des personnes qui sont à l'hotel Pergola, ainsi que des mesures prises par le gouvernement pour sécuriser la population.

Réagissant à la question d'un journaliste, M. Ngefa a déclaré que le gouvernement avait clairement dit que les personnes hébergées à l'Hôtel Pergola n'étaient pas des prisonniers. « Nous suivons leur situation et le ministre nous a rassurés que leur intégrité physique est garantie ; nous faisons confiance à la justice ivoirienne et nous pensons qu'elle fera son travail conformément aux normes internationales des droits de l'homme », a-t-il dit.