Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 25 novembre 2011

25 nov 2011

Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 25 novembre 2011


LA PROTECTION ACCRUE DES FEMMES CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES RECOMMANDEE PAR LA REPRESENTANTE SPECIALE DE L'ONU

En marge de la célébration du 11e anniversaire de la Résolution 1325 de l'ONU et le lancement de 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes et aux enfants, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU sur les questions de violences en situation de conflits, Madame Wallstrom a fait un point de la situation de sa visite de quatre jours en Côte d'Ivoire.
« Nous avons rencontré beaucoup de femmes et les rapports indiquent que 66% d'Ivoiriennes déclarent avoir été victimes de violences, 50% de ces actes de violences sont commis par les conjoints et 6 femmes sur 10 ne déclarent pas les violences subies », a souligné Mme Wallstrom.

Dans la même veine, la Représentante spéciale a indiqué qu'à Duékoué, la délégation onusienne avait été informée de 699 cas de violences sexuelles entre janvier et octobre 2011, ajoutant qu'un peu plus de la moitié des violences concerne des mineures. Parmi ces viols, a précisé la Représentante spéciale, 162 ont été commis par des hommes en armes. « Beaucoup de femmes ne veulent pas rapporter ces crimes, a fait savoir Mme Wallstrom qui a dit qu'au-delà des souffrances psychosociales, les femmes et les filles souffrent aussi de la honte. « Le premier pas pour résoudre ce problème est de briser le silence estimant qu'il fallait en parler entre femmes mais aussi entre hommes et résoudre ces crimes qui peut contribuer aussi à lutter contre l'impunité », a ajouté la Représentante spéciale.

Selon Mme Wallstrom, l'impunité est un problème général ici comme dans certains pays où il y a beaucoup de violences sexuelles ». Il faut commencer à lutter contre l'impunité car, a-t-elle noté, s'il n'y a pas de conséquence pour les auteurs, cela va continuer. Elle a, dans ce cadre, estimé qu'il fallait commencer avec les Forces de sécurité pour mieux former et mieux réformer leur travail. La Représentante spéciale a estimé que l'ONU était déjà mobilisée pour aider les femmes et qu'elle allait poursuivre son aide aux organisations qui travaillent dans ce sens au niveau local. « Les organisations locales n'ont pas suffisamment de moyens, et il faut continuer de dialoguer avec les bailleurs de fonds et les Etats membres pour trouver des moyens », a dit le Représentante spéciale.

« J'ai discuté avec le Gouvernement et l'ONUCI pour voir comment mieux protéger les femmes, avant, pendant et après les élections législatives en décembre », a-t-elle souligné. « Les femmes ont peur que les violences qu'elles ont subies pendant la période de l'élection présidentielle ne se répète », a ajouté la Représentante spéciale. Selon elle, il faut réfléchir à une méthode de patrouilles différente afin de protéger les femmes et les civils.

« Les viols ne sont pas considérés comme un crime selon la législation nationale », a déploré Mme Wallstrom qui a souligné que l'on pouvait travailler pour réformer la législation afin de mieux protéger les femmes et aussi lutter contre l'impunité. « Nous allons poursuivre ces choses à New York et travailler avec le gouvernement ivoirien ainsi que l'ONUCI », a-t-elle fait savoir.

Interrogé sur l'ignorance des femmes en matière de leurs droits s'agissant des plaintes, Mme Wallstrom a déclaré avec force que cela n'est pas culturel, c'est plutôt criminel. « Il faut certes travailler avec les autorités pour trouver les moyens pour lutter contre l'impunité mais cela commence aussi avec la volonté politique, parce qu'il faut que le gouvernement déclare que c'est l'une de ses priorités, en renforçant aussi les capacités du système judiciaire », a-t-elle fait savoir.