Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 11 août 2011

11 aoû 2011

Compte-rendu du point de presse hebdomadaire du 11 août 2011

LES PERSONNALITES DE L'ANCIEN REGIME N'ONT PAS FAIT ETAT D'ACTES DE TORTURES, INDIQUE UNE MISSION DES DROITS DE L'HOMME DE L'ONUCI

Aucun des dignitaires de l'ancien régime visités par l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), actuellement détenu ou assigné en résidence ne s'est plaint des actes de tortures, a déclaré jeudi à Abidjan, le Chef par intérim de la Division des droits de l'Homme (DDH), de la mission, Guillaume Ngefa.

Lors du point de presse hebdomadaire de l'ONUCI, M. Ngefa a fait une évaluation des conditions de détention de l'ancien président Gbagbo et des dignitaires de son régime. Des améliorations restent à faire, a-t-il fait remarquer.

Les équipes conduites par lui-même ont eu à se rendre à Odienné, Boundiali, Korhogo et à Bouna pour des entretiens avec les concernés. Il a indiqué avoir échangé à Odienné et à Korhogo, avec le couple Gbagbo « sur leurs conditions de détention, y compris l'accès à l'information et à leurs avocats ». La même démarche a été effectuée avec les 25 personnes retenues à Boundiali, les sept de Bouna et les 5 de Katiola personnes accusés d'« atteinte à la sureté de l'Etat » et de « crimes économiques ». Par ailleurs, le journaliste Hermann Aboua, animateur de l'émission télévisée Raison d'Etat, inculpé et détenu au Camp de la Gendarmerie d'Agban depuis le 21 juillet 2011, a lui reçu la visite d'Officiers des Droits de l'Homme d'Abidjan.

Selon M. Ngefa, il s'agissait de s'assurer que les droits des personnes détenues étaient respectés et d'évaluer leurs conditions de détention. « En ce qui concerne Mme Gbagbo qui est en résidence surveillée je crois que les conditions sont bonnes. Nous avons longuement parlé avec elle. Elle est satisfaite de ses conditions...Quant à l'ancien Président, nous nous sommes longuement entretenus avec lui » a-t-il souligné.

Toutefois, admet M. Ngefa, si aucun détenu ne s'est plaint d'actes de tortures ou d'exactions et estime les conditions bonnes et acceptables en dehors de l'isolement, « nous avons certaines préoccupations et il y a des améliorations à faire. Nous allons faire des recommandations appropriés aux autorités. A Bouna, les conditions ne sont pas vraiment conformes, quand il pleut les murs suintent et il y a des problèmes d'étanchéité. Et que les conditions hygiéniques ne sont pas ce que nous avons constaté ailleurs », a-t-il dit.

M.Ngefa a révélé que dans la période du 11 juillet au 10 août, en dépit de l'amélioration de la situation sécuritaire à Abidjan, restait marquée par une certaine précarité avec de nombreuses violations des droits de l'homme, plus d'une centaine reportées et investiguées par les 9 bureaux régionaux des droits de l'homme. « Les violations commises incluent des cas avérés d'exécutions sommaires, extrajudiciaires, des arrestations et détentions illégales, des cas de libération des personnes moyennant des sommes d'argent, des cas d'extorsion et des cas de rackets dont sont victimes de nombreux transporteurs », a précisé M. Ngefa.

Aux dires de M. Ngefa, dans le sud, la DDH avait pu documenter 26 cas d'exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, 85 cas d'arrestations arbitraires et de détentions illégales, 11 cas de viol et de mutilations génitales féminines et a effectué plusieurs missions à Abidjan et à l'intérieur du pays. « Pendant la période en revue, 26 personnes, dont un enfant de 17 mois, ont été sommairement exécutées à Biéby (40 km d'Azopé), Daobly/Ponan (120 km au sud est de Duekoué), Doba (90 km au nord de San-Pedro), Guetuezon (42 km de Daloa), Guitrozon (5 km de Duekoué) et à Yopougon. Par ailleurs, huit fosses communes ont été découvertes aux alentours de trois établissements scolaires dans la commune de Yopougon à Abidjan. Le nombre exact de corps enterrés dans ces fosses communes n'a pu être déterminé » a déploré M. Ngefa.

M. Ngefa a souligné la préoccupation de la DDH face à la résurgence de violents affrontements entre des éléments des FRCI et les jeunes des villages d'Ores-Krobou (39 km d'Abidjan), d'Abadjin-Kouté (situé dans la commune de Dabou), d'Abadjin-Doumé (10 km d'Abidjan), d'Akoupé-Zeudji (30 km d'Abidjan) et de Biéby (40 km d'Azopé). « Ces violents affrontements ont été émaillés de graves violations des droits de l'homme notamment des atteintes à l'intégrité physique, des traitements cruels, inhumains et dégradants ainsi que des atteintes au droit à la propriété ».

Il a noté des violations similaires perpétrées contre des personnes du groupe ethnique Bété, dans la localité de Nakiahio (108 km de Daloa). Au cours de ces incidents, huit autres personnes, dont cinq civils, blessées par balles, poursuivent les soins. N'y ont pas échappé des membres des groupes ethniques Bakwé, Attié et Ebrié, originaires de San-Pedro, Akoupé et Dabou ainsi que des habitants du village de Ganon, Sikensi (145km d'Abidjan) et Odienné. Selon M. ngefa, les victimes ont dénoncé « des actes d'intimidation, d'extorsion ainsi que de nombreuses entraves à leur liberté de mouvement perpétrées par les éléments des FRCI déployés dans ces localités ».

Des Mutilations Génitales Féminines (MGF), sont également à déplorer avec 11 cas documentés par la DDH à travers le pays principalement dans la région de Duekoué.

Pour ce qui est du Nord du pays, Odienné, Bouna, Bondoukou, M. Ngefa a mentionné des violations routinières telles que les rackets et quelques cas d'arrestations arbitraires ont été signalées. Ces questions a-t-il précisé ont été évoquées avec les différentes autorités militaires, politico-administratives et judiciaires. « Les FRCI conservent l'effectivité de certaines attributions relevant de la compétence d'autres autorités étatiques ; à savoir le prélèvement des taxes commerciales, d'exploitation minière, de douanes, etc. Les éléments des FRCI jouent toujours un rôle prépondérant dans la résolution des litiges malgré la restauration de l'autorité de l'Etat et la présence du personnel et des structures étatiques compétents (hormis les services des douanes) » a déploré le Directeur de la DDH.

Selon M. Ngefa, les FRCI ont justifié ces actes par le fait que ce mode de rançonnement constituait leur seule source de revenus. Il s'est inquiété de ce que ceux-ci aient indiqué qu'ils « n'entendent pas y mettre fin », alors même qu'au niveau judiciaire, les affaires pénales et économiques continuent d'être traitées et réglées par les FRCI, reléguant ainsi les affaires civiles aux tribunaux. « A Korhogo, par exemple, le contrôle des prisons échappent totalement aux autorités judiciaires et pénitentiaires compétentes. A Bouna, l'absence d'officiers de police judiciaire entrave le bon fonctionnement de l'aspect pénal de la justice. En outre, l'unique prison de Bouna a été exclusivement réservée à l'accueil des 7 dignitaires de l'ancien régime de Gbagbo. En l'absence d'autres centres de détention sur place, les affaires pénales sont réglées à l'amiable par les FRCI » a conclu M. Ngefa.

M. Ngefa s'est félicité des avancées positives relatives à l'amélioration du cadre juridique de la protection des droits de l'enfant, avec la ratification par la Côte d'Ivoire, du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants (mai 2005). Celui-ci va prévoir « des sanctions disciplinaires, administratives et judiciaires soient prises contre les éléments des FRCI mis en cause, en vue de mettre un terme à l'impunité ».

Auparavant, le Porte-parole de la mission avait déclaré que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, YJ Choi, avait rencontré jeudi 11 août 2011, le Représentant du Facilitateur du dialogue inter-ivoirien, Boureima Badini, a à Abidjan, le Porte-parole de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), Hamadoun Touré.

M. Touré a précisé qu'il s'agissait pour les deux personnalités de se pencher sur les derniers développements du processus de paix ivoirien. « En plus des tâches restantes de ce processus, ils vont échanger sur le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et le Facilitation pour assurer le retour d'une paix définitive dans le pays », a souligné M. Touré.

Relativement aux actions de la Force militaire de la mission le Porte-parole a souligné que celle-ci les avait poursuivies dans le courant de la semaine écoulée au travers de 1216 patrouilles terrestres et aériennes destinées. Selon M. Touré, les patrouilles mixtes menées également avec le concours des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) en vue d'accroitre le degré de sécurité dans le pays répondaient à un double objectif, ceux « de rassurer les populations et de contribuer à 1'amélioration de la situation sécuritaire sur tout le territoire ivoirien ».

M. Touré a rappelé que l'ONUCI s'est associée au deuil qui a frappé la Côte d'Ivoire à la suite de l'accident du bus le 5 août à Abidjan. Dans un élan d'humanisme, des militaires et des policiers de l'ONUCI ont aidé les autorités ivoiriennes à évacuer les blessés et les corps sans vie. « Dès qu'elle a été alertée, l'ONUCI a déployé 3 ambulances, 2 bateaux et une équipe médicale pour porter assistance ».

Par ailleurs, a-t-il dit, les casques bleus ont poursuivi leur assistance aux populations en offrant des soins gratuits à 1125 patients et en distribuant 36500 litres d'eau potable à des personnes nécessiteuses. Une action couplée avec la fourniture hebdomadaire de 10 000 litres d'eau potable au camp des personnes déplacées internes situé à 10 km d'Abidjan sur la route de Dabou.

Aux dires du Porte-parole, l'ONUCI poursuit son appui au renforcement des capacités des partenaires nationaux et organise dans ce cadre, elle organise, le vendredi 12 août, un atelier de sensibilisation au profit du Parlement des Jeunes de Côte d'Ivoire. Prévue pour se dérouler à la rotonde de l'Assemblée nationale, cette activité en lien avec la Journée Internationale de la Jeunesse « permettra de mieux outiller les jeunes pour leur contribution à un environnement post-crise apaisé », a souligné M. Touré.

Par ailleurs, « ONUCI TOUR », la campagne de sensibilisation de proximité de l'ONUCI se poursuit et fera des haltes à Kerekeni (Zanzan) et à Gagou (Nzi Comoé) dans le but d'encourager les populations à s'approprier le processus de réconciliation nationale en cours. Mais déjà pour ce 11 août, M. Touré a indiqué
Qu'Onuci Tour sera au quartier Belleville de Duékoué.

Le Porte-parole a signalé que l'ONUCI aura une journée remplie vendredi 12 août. En collaboration avec la Commission Electorale Indépendante (CEI) et l'ONG Esperance-Vie, elle mettra le cap sur Tiesso dans la sous-préfecture de Kani (55 Km de Séguéla), tandis que le Bureau de Divo organise une activité identique à Datta, à 09 Km de Divo, sur la promotion de la cohésion sociale et d'un environnement électoral apaisé a jouté le Porte-parole. A San Pedro la mission se consacrera sur une sensibilisation en faveur de la paix et la cohésion sur le thème: « après la crise postélectorale, quelles contributions des élèves pour le retour de la paix ? ».

Selon M. Touré, dans sa dynamique de travailler main dans la main avec les autorités ivoiriennes, le mercredi 17 août 2011, l'ONUCI sera à Niazaroko, aux côtés du Sous-préfet de Goudouko (Lakota) et des Responsable des FRCI de la localité pour une sensibilisation à la réconciliation nationale. L'objectif selon M. Touré : « rassurer les populations quant à leur sécurité », avant que les activités de sensibilisation de proximité ne prennent fin le 18 août, par l'étape de Blahou dans le département de San Pedro.

Le Porte-parole a également ouvert une lucarne sur le sport « facteur de paix et de rapprochement » selon lui. C'est dans ce cadre que l'équipe de football de la 3è compagnie du 14è bataillon du Bénin, Beninbat, sera opposée à celle des FRCI, samedi 13 août 2011 lors du tournoi de la paix.

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