Compte-rendu du point de presse hebdomadaire de l’ONUCI du 12 décembre 2008

12 déc 2008

Compte-rendu du point de presse hebdomadaire de l’ONUCI du 12 décembre 2008

Abidjan, le 12 décembre 2008...Des progrès tangibles ont été réalisés au niveau de l'identification des populations et de celui de l'enregistrement des électeurs, a estimé vendredi à Abidjan, le Sous-secrétaire général des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet.

Au cours d'u point de presse au siège de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, M. Mulet, qui conduit une mission technique d'évaluation dans le pays, s'est félicité des progrès enregistrés dans le processus de paix depuis la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou. Il a souligné notamment la disparition de la zone de confiance et le fait que les deux forces ex-belligérantes travaillent conjointement à la sécurisation du processus de paix avec le concours des forces impartiales, même si beaucoup reste à faire.

M Mulet a rappelé que le but de sa mission était de voir la nature du soutien des Nations Unies à la poursuite du processus de sortie de crise. Cela, en tenant compte du contexte sécuritaire et des enjeux politiques auquel est confrontée l'ONU au plan international face à la crise financière qui, a-t-il révélé « incite nos bailleurs de fonds à exercer une pression sur nous afin de rationaliser nos efforts en matière de maintien de la paix ».

Mais le chef de la mission d'évaluation a indiqué que face au leadership très engagé des acteurs politiques ivoiriens dont le Président Gbagbo, il fait preuve d'un certain optimisme car selon lui, « cela nous donne des garanties que le passé de violences, de polarisation et de confrontation est vraiment dans le passé ». Toutefois, il a exhorté les acteurs ivoiriens à poursuivre les efforts afin de finaliser l'identification et l'enregistrement des électeurs pour aller aux élections car a-t-il dit, « il est difficile pour un pays de fonctionner avec un Gouvernement intérimaire. Il faut vraiment un Gouvernement produit d'élections légitimes non seulement au niveau de l'exécutif mais aussi au niveau du Parlement et des autorités locales ». Il a souhaité que dès après la tenue de l'élection présidentielle, les autres scrutins puissent se tenir afin de pouvoir construire à nouveau une structure démocratique dans le pays.

Sur la question sécuritaire il a lancé un appel afin que les parties ivoiriennes continuent à s'engager en vue de faire avancer le volet du désarmement afin de mettre un terme à la circulation des armes. « Il faut accélérer le démantèlement, des milices, la réunification des forces et le redéploiement de l'administration de l'Etat de droit dans les régions du pays où il a été absent » a plaidé M. Mulet avant d'espérer que la prochaine rencontre des acteurs ivoiriens à Ouagadougou se penche plus en profondeur sur cette question.

Rappelant que l'ONU ne voyait pas la nécessité d'envoyer des troupes additionnelles pour la sécurisation du processus, il a admis que le manque de sécurité contribuait à rendre la situation imprévisible et volatile. Il a toutefois confirmé que l'ONUCI et la force Licorne vont conserver, auprès des Ivoiriens, une présence et un dispositif de dissuasion et d'accompagnement. A cet effet, il a indiqué que face à l'aspect déterminant de l'année 2009 et aux avancées politiques enregistrées, la communauté internationale attendait beaucoup de la Côte d'Ivoire afin qu'elle puisse surmonter les derniers obstacles techniques logistiques mais aussi sécuritaires. « Tout cela permettra de créer des conditions pour des élections crédibles libres et transparentes, dans un contexte sécurisé et apaisé », a expliqué M Mulet, avant d'ajouter que le DDR, le démantèlement des milices devaient suivre pour offrir des perspectives concrètes de réinsertion et de réunification pour les ex-combattants.

Cependant, a ajouté M Mulet, face à une situation sécuritaire qui a connu une nette amélioration, l'ONUCI pourrait procéder à une reconfiguration de sa présence en Côte d'Ivoire. Celui-ci devrait comprendre un « dispositif plus mobile orienté sur les zones sécuritaires les plus sensibles » allié au maintien de l'ordre, au renforcement des capacités des forces de police et de gendarmerie.

Répondant aux préoccupations de la presse, M. Mulet a rappelé que les Nations Unies n'avaient pas un mandat exécutif en Côte d'Ivoire. « Nous sommes ici pour appuyer, accompagner, soutenir les décisions prises par les parties ivoiriennes », a-t-il ajouté avant de rappeler que l'obligation de procéder ou non au désarmement avant l'élection, relevait de la seule décision des Ivoiriens. Selon M Mulet ce qui est important dans la suite de ce processus, c'est de maintenir la confiance à tous les niveaux. « Les incidents de la semaine dernière sont un exemple que parfois il peut y avoir des dérapages » a-t-il souligné. A ce niveau il a réaffirmé que pour sa part l'ONU joue un rôle d'équilibre et a rencontré outre le chef de l'Etat, les Présidents Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié, les responsables militaires des Forces Nouvelles au cours d'une rencontre avec les Commandants des Forces en présence dans le pays.

Mais pour lui, il est primordial de respecter et d'appliquer les Accords conclus car assez souvent a dit M Mulet, la mise en œuvre des accords signés ne connait aucune effectivité. Il a rappelé que le souhait de la communauté internationale qui n'a pas pour rôle de fixer la date des élections en Côte d'Ivoire, est de voir celles-ci se dérouler assez rapidement afin de permettre au pays de fonctionner correctement. « Un Gouvernement intérimaire comme celui que vous avez maintenant ne peut pas faire face à des engagements ni à moyen ni à long terme sur des aspects financiers dans des programmes de développement », a souligné M Mulet avant d'émettre le vœu que les élections se déroulent dans leur ensemble dans le courant de l'année 2009 afin de mettre en place la structure démocratique nécessaire au fonctionnement du pays.