Compte-rendu du point de presse du 26/06/08

27 juin 2008

Compte-rendu du point de presse du 26/06/08

LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME EN COTE D'IVOIRE A CONNU DES PROGRES MAIS RESTE PREOCCUPANTE, ESTIME L'ONUCI

En dépit d'une amélioration du climat général, la situation des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire reste préoccupante, a estimé, jeudi à Abidjan, le Chef de la Division des Droits de l'Homme de la mission onusienne dans ce pays, Simon Munzu. Dans un exposé introductif lors de la conférence de presse hebdomadaire de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), M. Munzu a fait le point d'une visite qui la conduit dans les régions du Moyen Cavally, des 18 Montagnes, du Bafing et du Denguelé dans les villes de Duekoué, Guiglo, Diourouzon, Bangolo, Man, Touba, Odienné, Tomba et Tiemé.

Au niveau des progrès, il a été noté une amélioration de l'ensemble du climat général caractérisé, a dit M Munzu, par la reprise progressive de fonction par des autorités préfectorales et d'autres fonctionnaires de l'Etat, le retour des personnes déplacées internes et la circulation accrue des biens et des personnes.

Cette visite a permis des échanges sur plusieurs sujets avec les autorités administratives et militaires, les acteurs humanitaires, les membres de la société civile, les leaders communautaires (religieux et traditionnels), les communautés étrangères vivant dans ces régions, les populations locales ainsi que le personnel de l'ONUCI et des agences du Système des Nations unies en poste dans les localités visitées.

Il ressort des divers entretiens que les populations de ces régions sont encore préoccupées de la situation des droits de l'Homme. Elles déplorent, entre autres, a expliqué M. Munzu, la persistance des activités des milices locales qui, organisées en bandes armées, se livrent encore à des actes répréhensibles en coupant la route aux populations civiles, notamment les voyageurs, sur l'axe Duekoué-Bangolo. Des actes qui auraient eu des conséquences dramatiques avec « des civils sommairement abattus, des femmes et des petites filles violées, les biens arrachés. Ces mêmes bandes armées attaquent même des cortèges funéraires sur l'axe Guitrozon-Man » a ajouté M Munzu.

Les régions du Bafing et du Denguélé ne sont pas mieux loties avec un taux élevé de déscolarisation et de non-scolarisation des enfants, dont certains sont utilisés pour les travaux champêtres et/ou comme bouviers, tandis que des jeunes filles sont données en mariage forcé. Un phénomène accentué par l'extrême pauvreté à laquelle est confrontée la majorité de la population. La situation des femmes et des jeunes filles ne serait pas plus reluisante, constituant une source d'inquiétude. En effet, a confirmé M. Munzu, « la Division des Droits de l'Homme a reçu des informations récurrentes sur les cas de viols, des mutilations génitales féminines, de grossesses précoces et de mariages forcés, surtout en période de vacances scolaires ». Il a rappelé qu'à ce sujet, l'ONUCI a déploré le manque d'action et de suivi pour les cas de viols.

Par ailleurs, des rivalités violentes et sanglantes persistent encore dans certaines des régions visitées du fait de l'occupation et de l'exploitation de certaines terres par des communautés immigrées et l'exigence de leur restitution par des populations autochtones qui, devenues des déplacés internes, ont parfois du mal a récupérer leurs biens ou leurs propriétés. « Cette situation constitue un foyer permanent de tension entre les communautés autochtones et allogènes » a indiqué M Munzu qui a annoncé que grâce à la médiation de la Division des droits de l'homme un effort de réconciliation a pu être observé dans le village de Diourouzon, à 35 km de Duekoué.

Répondant aux question des journalistes, M. Munzu a indiqué qu'il n'est pas question d'arrêter une liste de priorité en matière des droits de l'Homme. Il s'agit, selon lui, de s'attaquer au phénomène des violations des droits de l'Homme. « Le type de violations détermine les moyens à employer pour y mettre un terme, a savoir le plaidoyer, la sensibilisation », a-t-il souligné. Quant à l'inquiétude exprimée au sujet du respect de la date du 30 novembre, M. Munzu a répondu que l'ONUCI faisait partie de ceux qui croient que cette date pourra être respectée et y travaille. « Nous ferons tout pour mettre les électeurs dans un climat de confiance afin qu'ils puissent véritablement s'impliquer dans le processus et voter », a dit M. Munzu.

Dans la même veine, le Porte-parole de la mission, Hamadoun Touré, a rappelé les efforts en cours pour contribuer à assurer la sécurité des élections. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, l'ONUCI a décidé d'une surveillance plus accrue des frontières avec la participation des forces impartiales, des forces militaires ivoiriennes et des troupes des pays voisins. A ce sujet, le Commandant de la Force de l'ONUCI, le Général Fernand Marcel Amoussou, a entrepris des missions dans les pays frontaliers pour voir comment rendre effective cette sécurisation. En même temps, au plan interne, les opérations de cantonnement se poursuivent, a-t-il rappelé.

Par ailleurs, M. Munzu, suite aux question de la presse, est revenu sur la récente visite de la Haut Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'Homme. Il a précisé que celle-ci avait encouragé les autorités ivoiriennes à revoir l'ordonnance d'amnistie du 12 avril dernier pour la rendre conforme aux normes internationales et à l'Accord Politique de Ouagadougou. Il a appelé à l'occasion les journalistes à contribuer à l'instauration d'un climat de paix en ne déformant pas les propos des intervenants dans des titres alarmistes et loin de ce qui a réellement été dit sur un sujet donné.

Au début de ce rendez-vous hebdomadaire, le Porte-parole de l'ONUCI, Hamadoun Touré a rappelé que les Nations Unies célèbraient en ce jour la mémoire d'un de ses serviteurs. Il s'agit de l'ex- Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Angola, Maitre Alioune Blondin Bèye, disparu il y a 10 ans à la suite d'un tragique accident au large d'Abidjan. « Une cérémonie commémorative est organisée aujourd'hui au siège des Nations Unies à New York, en mémoire de Alioune Blondin Beye, de ses cinq autres collaborateurs et des deux membres d'équipage. Ils sont morts en mission commandée de l'ONU le 26 Juin 1998 suite à l'explosion de l'avion qui les transportait de Lomé la capitale Togolaise vers Abidjan en Côte d'Ivoire », a indiqué M Touré.