Allocution de Said Djinnit, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest à la Retraite de l’UA- Abidjan 29-30 Octobre

29 oct 2013

Allocution de Said Djinnit, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest à la Retraite de l’UA- Abidjan 29-30 Octobre

- Excellence Monsieur Daniel Kablan Duncan, Premier Ministre de la République de Côte d'Ivoire,

- Monsieur Smail Chergui Commissaire à la Paix et la Sécurité de l'Union Africaine,

- Monsieur le Président du Conseil de paix et de Sécurité de l'Union Africaine

- Monsieur le Représentant du Président de la Commission de la CEDEAO,

- Mesdames et Messieurs les Ministres,

- Distingués participants,



1. Permettez-moi tout d'abord de rendre hommage au Président Alassane Ouattara, Président de la République de Cote d' Ivoire et Président en exercice de la CEDEAO et à son Gouvernement pour avoir bien voulu accueillir cette retraite. Je vois dans le choix porté par l'UA sur la Côte d'Ivoire pour accueillir cette retraite comme un témoignage de solidarité à l'endroit d'un pays qui n'a pas été épargné par le spectre de la division et de la discorde et qui aujourd'hui se redresse résolument. J'y vois aussi un hommage à la CEDEAO et à son Président en exercice qui aura tout fait, en son pouvoir, pour conduire l'Organisation sur le chemin de la paix et de l'intégration.



Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Commissaire,

Mesdames et Messieurs.



2. J'ai le privilège de prendre la parole à cette cérémonie d'ouverture de la retraite de l'Union Africaine au nom des Nations Unies et de tous mes collègues présents à cette occasion. Je suis d'autant plus honoré que cette retraite est organisée dans le contexte de la célébration du 50ème anniversaire de l'Organisation de l'Unité Africaine devenue Union Africaine.



3. Cette retraite du Jubilée ne peut donc laisser personne indifférent, notamment les Nations Unies pour qui cela marque également cinquante ans de partenariat avec l'OUA-UA et d'engagement commun au service de la paix et de la stabilité en Afrique et dans le monde. Ce partenariat, sans doute le plus ancien qu'entretient l'Organisation des Nations Unies avec une organisation régionale, s'est renforcé d'années en années pour devenir une collaboration de tous les jours sur des questions de paix et de sécurité, mais aussi sur des sujets de développement et de gouvernance ainsi que d'autres domaines stratégiques d'importance. Les Nations Unies et l'Union Africaine partagent le même idéal d'une Afrique unie et prospère en paix avec elle même et le reste du monde. Leur collaboration porte aussi bien sur la prévention des conflits que sur le maintien et la consolidation de la paix.



4. De l'Afrique du Sud sous le régime de l'Apartheid, à la Namibie, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi, le Liberia ou la Sierra Leone, en passant par la Somalie ou encore le Soudan et la Côte d'Ivoire, le Mali et la République Centrafricaine, les fondements de ce partenariat sont ancrés sur les idéaux communs de liberté, de démocratie, de promotion de l'état de droit et du respect des droits de l'homme. Entre temps, l'Organisation continentale s'est dotée d'une architecture de paix et de sécurité fondée sur les principes démocratiques et le respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit, valeurs qui sont partagées par nos deux organisations. Les institutions et mécanismes créés dans le cadre de cette architecture jouent aujourd'hui un rôle clé dans la prévention et le règlement des crises sur le continent.



5. Cette Architecture a permis, par ailleurs, de créer le socle d'une coopération institutionnelle renforcée entre l'Union africaine et les Nations Unies, notamment par le biais de la collaboration entre le Conseil de paix et de sécurité de l'UA et le Conseil de sécurité de l'ONU, et de la coopération et la concertation renforcées entre le Secrétariat de l'ONU et la Commission de l'Union africaine, marquée, entre autres, par le Programme décennal de coopération entre l'Union africaine et les Nations Unies et l'élévation du niveau de la mission des Nations Unies auprès de l'Union Africaine(UNOAU), dont je tiens a saluer la présence du Représentant spécial auprès de l'UA, Haile Menkerios. Cette coopération s'est étendue, au fil des ans, au maintien de la paix et cela a pris différentes formes y compris le transfert de missions de l'UA sous mandat de l'ONU, le soutien logistique et financier aux missions de l'UA, notamment en Somalie, ou encore un format de mission hybride comme celle déployée au Darfour depuis 2007 pour succéder a la mission de l'UA.



6. En dépit des progrès réalisés comme on a pu le constater récemment au Mali, grâce a la collaboration entre la CEDEAO, l'Union Africaine et les Nations Unies, notre partenariat reste confronté à de sérieux défis en matière de paix, de sécurité et de stabilité sur le continent africain. Ainsi des conflits comme ceux en Somalie et en RDC perdurent et inhibent les efforts visant à promouvoir la paix et la stabilité régionales. Ces conflits, comme beaucoup d'autres, puisent souvent leurs racines dans le déficit de gouvernance, les injustices sociales et les sentiments d'exclusion et de marginalisation.



7. Il y a certainement lieu, dans le contexte de l'Agenda 2063, de repenser le système de gouvernance afin de renforcer la démocratie, la participation, la résilience des institutions et des peuples et prévenir ainsi autant que possible les conflits. De même, les efforts de médiation doivent s'amplifier et s'accompagner de mécanismes de suivi plus rigoureux.



8. Le partenariat entre Nations Unies, Union africaine et organisations sous régionales doit également veiller à préserver le continent des crises électorales qui, dans beaucoup de situations, provoquent des crises institutionnelles aux conséquences politiques et sécuritaires déstabilisatrices. De même, nous devons porter une plus grande attention à la dimension régionale des conflits en tirant les leçons des expériences vécues dans les différentes régions du continent, notamment dans la région des Grands lacs et la région du Fleuve Mano en Afrique de l'Ouest.



9. Avant de conclure, permettez-moi de dire combien j'ai été heureux de dire ces mots au nom de mes collègues de Nations Unies. Je l'avoue, l'émotion est toujours forte quand on évoque le parcours de l'OUA-UA et quand on ne peut pas- ne pas- se rappeler le combats des géants africains des indépendances pour la paix et la dignité des Africains. Quand vous voyez dans la salle des Salim Ahmed Salim-notre Maitre à tous- qui vous rappellent qu'il a fallu un processus de maturation d'une décennie pour consacrer le principe de la "non-indifférence", qui a été opposé au principe sacro-saint de la "non-interférence" dans les affaires intérieures des Etats. D'un Amara Essy qui se rappellera a jamais de l'accouchement dans la douleur de l'Union Africaine et des débats houleux auquel cette initiative a donné lieu. Tous les deux -et tant d'autres qui ne sont pas ici- qui ont offerts leurs plus belles années à l'Afrique. Quand vous avez assisté- et même pris part- aux cotés de grands dirigeants africains aux plus grandes batailles pour la transformation de l'Organisation et l'émergence de son agenda et de son architecture de paix et de sécurité. Quand vous vous souvenez que cet agenda a été accompagné aussi par le développement et la montée en puissance des partenariats stratégiques- qui étaient si chers au Président Alpha Konaré -avec les principaux acteurs du monde, avec la société civile africaine, en particulier les femmes. Quand vous vous rappelez que cet agenda s'est également manifesté par le déploiement dans des conditions rocambolesques de missions de paix sur le terrain au Burundi, puis au Darfour-Soudan et aussitôt après en Somalie, et ce parallèlement à l'envoi de nombreuses missions de médiation et de bons offices. Quand enfin, vous songez au rôle joué par l'organisation continentale dans l'avènement de la démocratie pluraliste qui a vu l'émergence d'oppositions politiques jusque là étouffées dans l'œuf quand leurs dirigeants n'étaient pas étouffés tout court!



Alors on ne peut pas s'empêcher de dire: quel sacre chemin parcouru!



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