Abou Diakhaté de l’Unité VIH/SIDA de l’ONUCI : « Il y a encore du chemin à faire »

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2 déc 2015

Abou Diakhaté de l’Unité VIH/SIDA de l’ONUCI : « Il y a encore du chemin à faire »

ONUCI FM : Le monde entier célèbre ce 1er décembre, la Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA. Quel est le sens de cette journée ?



A.D. : Le 1er décembre, c'est une journée spéciale parce que le VIH/SIDA est un problème de santé publique qui interpelle toutes les consciences, partout dans le monde. La Journée a été créée en 1988, date à laquelle l'OMS a proclamé la première Journée mondiale de lutte contre le SIDA.

La Côte d'Ivoire s'est résolument inscrite dans cette optique et organise, chaque 1er décembre, des manifestations commémoratives, des journées de souvenir de ces personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes qui ne sont plus là...C'est une campagne qui est faite partout dans le monde. C'est une journée où tous les acteurs qui s'activent autour des questions liées au VIH/SIDA se retrouvent pour faire le bilan, tirer la sonnette d'alarme, de parler des défis...



ONUCI FM : Justement, pouvez-vous nous dire quels sont les défis à relever ?



A.D. : Faire de telle sorte que chaque membre du personnel puisse s'engager résolument sur ce que nous faisons comme travail ; cela veut dire, accéder au service que nous offrons : la sensibilisation, l'information sur les aspects néfastes qui peuvent éventuellement les exposer, lorsque par exemple, il y a un problème de comportement. Mais le défi est qu'ils puissent accéder à tous ces services que nous offrons, comme par exemple le dépistage volontaire ; beaucoup de personnes me posent souvent la question de savoir si nous offrons le dépistage. Dans la vie d'une mission, il y a des gens qui viennent et d'autres qui partent. C'est pour cela que nous utilisons des cadres, des plateformes au niveau de la Mission pour leur faire comprendre que nous avons ce genre de services que nous offrons et faciliter l'accès à ces services.



ONUCI FM : Le thème retenu pour la période 2011-2015, c'est objectif zéro. Nous sommes au terme de l'année 2015. Cet objectif a-t-il été atteint ?



A.D. : Zéro, c'est un idéal. On est tous ambitieux. Mais les résultats sont là. Ce sont les chiffres qui parlent. Des rapports ont été consolidés. Dans un pays comme la Côte d'Ivoire, le taux de prévalence, il y a quelques années, était de 4,5%. Maintenant, le taux de prévalence a baissé. Il est, en 2015, de 3,5%. On ne peut pas dire qu'on a atteint nos objectifs à 100%. Mais quand même, il y a un progrès qui a été fait. On n'a pas atteint zéro mais, quand même, les résultats sont satisfaisants.



ONUCI FM : Cela veut dire qu'il y a encore beaucoup à faire...



A.D. : Oui, bien sûr, il y a encore du chemin à faire...C'est pour cela que nous devons pérenniser les acquis. Et pour cela, nous devons essayer de repartir sur de nouvelles bases.



ONUCI FM : Concrètement, qu'est-ce que vous allez faire les jours à venir dans cette lutte contre le SIDA ?



A.D. : C'est la mobilisation ! Interpeller tout le monde, les preneurs de décision, partout dans le monde, dans tous les pays ; faire de telle sorte que les gens jouent la carte de la prévention. L'Afrique est le continent le plus touché par le VIH/SIDA. Les cibles, ce sont plus les jeunes et les femmes.



ONUCI FM : Le thème 2011-2015 était ''objectif zéro''. Quel est le nouveau thème cette année puisque nous arrivons au terme de l'année 2015 ?



A.D. : Oui, 2011-2015, c'était objectif zéro, c'est-à-dire : zéro nouvelle infection, zéro décès lié au SIDA et zéro discrimination. Il faut le souligner, la Côte d'Ivoire a retenu comme thème cette année – c'est important de le mentionner – c'est ''zéro transmission mère-enfant, zéro décès lié au VIH chez l'enfant, avec comme slogan : ''pour l'élimination du VIH chez l'enfant, je m'engage''.



ONUCI FM : Vous mettez l'accent sur l'enfant. Est- ce à dire que l'enfant, en Côte d'Ivoire, est très exposé au VIH/SIDA ?



A.D. : Bien sûr, à l'occasion de cette édition 2015 de la campagne mondiale de lutte contre le SIDA, la Côte d'Ivoire a décidé de mettre un accent particulier sur le renforcement de la lutte contre cette maladie, ciblant le couple mère-enfant. En effet, la transmission du VIH de la mère à l'enfant constitue la principale source d'infection à VIH de l'enfant. Donc il faut aussi rappeler que 50% des enfants infectés par le VIH meurent avant leur deuxième anniversaire. Cela veut dire qu'il faut consentir des efforts dans ce sens pour qu'ils puissent recevoir des soins adéquats ; compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain pour identifier et mettre les enfants infectés sous traitement.



ONUCI FM : Pouvez-vous revenir sur le programme de cette journée ?



A.D. : L'apothéose, c'est le 1er décembre. Depuis la veille, nous avions entrepris des activités, notamment de faire la sensibilisation de masse à tout le personnel ici. Je lance un message à tous nos collègues de s'imprégner de ce que nous faisons, s'informer s'éduquer et nous accompagner. C'est l'affaire de tous.



ONUCI FM : Quels sont les résultats attendus à la fin de cette journée ?



A.D. : À la fin de cette journée, ce que nous allons faire, c'est de sensibiliser l'opinion nationale sur l'ampleur de l'épidémie et de faire des interventions sur le couple mère-enfant ; c'est aussi d'accroitre l'engagement des communautés sur le dépistage précoce des enfants exposés. Sur un plan général, nous allons partager les résultats et les interventions réussis en matière de lutte contre le VIH/SIDA, interpeller l'opinion nationale et la sensibiliser sur l'ampleur de l'épidémie et la nécessité de renforcer les interventions en direction de la communauté.



ONUCI FM : Abou Diakité, je vous remercie.