Aïchatou Mindaoudou sur ONUCI FM : au 30 avril 2017, il n’y aura plus de militaires ni de civils de l’ONUCI en Côte d’Ivoire

25 oct 2016

Aïchatou Mindaoudou sur ONUCI FM : au 30 avril 2017, il n’y aura plus de militaires ni de civils de l’ONUCI en Côte d’Ivoire

Conformément à la Résolution 2284 du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) mettra totalement fin à sa présence dans le pays au 30 juin 2017.  C’est dans ce cadre que le Plan de transfert des activités résiduelles de la Mission a été officiellement remis au Gouvernement ivoirien et à l’Equipe pays des Nations Unies, le 17 octobre 2016.
 
Dans une interview téléphonique accordée à la Radio des Nations Unies en Côte d’Ivoire,  ONUCI FM, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire (RSSG), Aïchatou Mindaoudou, donne des précisions sur les activités résiduelles transmises et sur le chronogramme du retrait de la Mission onusienne.
 
 
ONUCI FM: Aichatou Mindaoudou, bonjour
 
RSSG Aïchatou Mindaoudou: Bonjour
 
ONUCI FM: L’ONUCI vient de remettre officiellement au Gouvernement ivoirien le plan de transfert de ses activités résiduelles. Que recouvre ce terme ‘’activités résiduelles’’ et quels sont les domaines ciblés ?

 
RSSG A.M. : Lorsqu’on parle d’activités résiduelles, il s’agit en fait des activités restantes de l’ONUCI, c’est à dire celles que le Conseil de sécurité a estimées nécessaires de poursuivre après le départ de l’ONUCI. Les domaines ciblés sont au nombre de six. Il s’agit de la cohésion sociale, des droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, de la réforme du Secteur de la sécurité, du DDR (NDLR : Désarmement, Démobilisation et Réinsertion) et du désarmement civil, de la défense, de la sécurité et le maintien de l’ordre et enfin de la communication, notamment le transfert d’ONUCI FM.
 
 
ONUCI FM: Quels seront les acteurs de cette transition ?
 
RSSG A.M. : Les acteurs, c’est le Gouvernement ; ce sont les partenaires nationaux - je pense à la société civile - ce sont les partenaires internationaux, notamment les partenaires bilatéraux et multilatéraux et les agences du Système des Nations Unies.
 
ONUCI FM: Vous parliez tantôt du volet communication. Le Gouvernement ivoirien a, justement, émis le souhait de maintenir opérationnelle la radio de la Mission; ONUCI FM. Que représente, à vos yeux, un tel souhait et à quelles conditions pensez-vous qu’il puisse être concrétisé ?
 
RSSG A.M. : Pour moi, ce souhait est l’illustration même de la reconnaissance du professionnalisme, de l’indépendance et de l’inclusivité d’ONUCI FM dans le traitement de l’information sur le processus de paix en Côte d’Ivoire. C’est aussi la reconnaissance du maintien de la dynamique d’informer les populations, les accompagner dans la mise en œuvre de leur engagement à consolider la cohésion sociale. A mon sens, ce souhait du Gouvernement peut être concrétisé à deux ou trois conditions : la première, c’est le maintien du statut international de la radio ; la deuxième, c’est la garantie d’un accès équitable à tous les segments de la société ivoirienne et la troisième condition, c’est cette impartialité et cette indépendance éditoriale dont je parlais, en conformité avec l’esprit qui a toujours été celui d’ONUCI FM.
 
ONUCI FM: Le coût de ces activités résiduelles de l’ONUCI est estimé à 50 millions de dollars, soit près de 30 milliards de FCFA. Est-ce que les  fonds sont déjà disponibles ?        
 
RSSG A.M. : Je voudrais parler de la recommandation que le Conseil de sécurité a faite de nous rapprocher des partenaires bilatéraux, des partenaires multilatéraux, notamment le Gouvernement et les agences du Système des Nations Unies. Le Gouvernement, à travers son plan national de développement ; les partenaires, chacun en ce qui le concerne, ainsi que les agences du Système des Nations Unies travaillent globalement autour de ces activités restantes. Une partie des fonds est disponible dans les programmes qui sont existants et qui sont en cours, mais il est certain qu’une autre partie de ces fonds devra être recherchée.
 
ONUCI FM: A l’heure actuelle, quels sont les axes prioritaires de l’ONUCI jusqu’à sa fermeture en juin 2017 ?
 
RSSG A.M.
: La première des priorités, c’est de conduire, en conformité avec les règles et les règlements de l’organisation, la réduction du personnel. La deuxième se rapporte à la clôture des bureaux terrain, à la clôture des camps militaires et des camps de police. Le troisième axe, pour moi, se rapporte à tout le rapatriement des troupes et aussi au rapatriement du personnel civil. Il y a également l’archivage de la documentation et enfin, nous devons rétrocéder au Gouvernement l’ensemble des bâtiments qui ont été mis à notre disposition.
 
ONUCI FM : Pouvez-vous décliner le chronogramme concernant la réduction du personnel ?
 
RSSG A.M. : Au 15 décembre 2016, les quatre bureaux restants du Secteur Ouest vont cesser leurs activités. Au 15 février 2017, l’ensemble du personnel de Police et l’ensemble des militaires seront rapatriés.
 
Le restant de la Force et de la Police au niveau du quartier général de l’ONUCI  va quitter la Mission en avril 2017. Au 31 janvier 2017, les deux bureaux régionaux de Bouake et de Daloa vont cesser leurs activités. À partir du 1er avril 2017, tous les bureaux civils, les bureaux du Commandant de la Force, du Commissaire de Police et tous les bureaux restants vont commencer à fermer et ce jusqu’au 30 avril 2017. Donc, au 30 avril 2017, il n’y aura plus de militaires, plus de civils, seulement une présence résiduelle pour s’occuper de la fermeture physique de la Mission.
 
ONUCI FM : Au moment où la Mission de l’ONU s’apprête à quitter la Côte d’Ivoire, quels sont, selon vous, les défis majeurs que le pays doit relever pour consolider la paix et la cohésion sociale de façon durable ?
 
RSSG A.M. : Les défis majeurs tournent autour des six domaines que j’ai évoqués tantôt et sur lequel porte le transfert des activités résiduelles de l’ONUCI. Mais il est aussi important que les Ivoiriens et les Ivoiriennes poursuivent leur engagement pour consolider la démocratie en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays et des populations, qui forcement doit être et  est au-dessus des intérêts particuliers et partisans.
 
ONUCI FM : Aïchatou Mindaoudou, merci
 
RSSG A.M. : C’est moi qui vous remercie
 
 
Propos recueillis par Malika Kamara