60ème Anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme Interview de M. Simon Munzu, Chef de la Division des Droits de l’Homme, sur ONUCI FM

10 déc 2008

60ème Anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme Interview de M. Simon Munzu, Chef de la Division des Droits de l’Homme, sur ONUCI FM







Abidjan, le 10 décembre 2008...
A
l'occasion de la commémoration de la Journée Internationale des Droits de
l'Homme, le 10 décembre 2008, M. Simon Munzu, Chef de la Division des Droits de
l'Homme de l'ONUCI, a expliqué au micro d'ONUCI FM la campagne de
sensibilisation sur les droits de l'homme entreprise par sa division en
collaboration avec la radio de la mission. Il a mis en exergue la signification
profonde de cette journée et de la déclaration des droits de l'homme avant de
souligner l'importance, d'une manière générale, du respect et de la promotion de
ces droits.




 




ONUCI-FM:

Cela fait donc à peu près deux mois déjà que nous avons
lancé cette campagne de sensibilisation, ONUCI-FM et la Division des Droits de
l'Homme de l'ONUCI. Nous allons commencer par avoir votre avis sur cette
initiative,  même si vous êtes partie prenante.




 




SIMON MUNZU:

Notre devoir en tant que partie de l'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire, l'ONUCI, est de contribuer à ce que toutes les personnes qui vivent en
Côte d'Ivoire aient une meilleure compréhension de leurs droits. On parle des
droits de l'homme, mais en réalité, c'est pour les hommes, les femmes et les
enfants tous ensembles. Je me félicite donc du fait qu'à l'occasion de cette
célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme, ONUCI-FM ait pris cette initiative en collaboration avec la
Division des Droits de l'Homme pour faire en sorte que les Ivoiriens et toute
personne qui vit en Côte d'Ivoire aient une meilleure compréhension de ce que
leur garantit la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui est une
déclaration qui vise le bien-être et le bonheur de tous les individus à travers
le monde entier ! Alors pourquoi est-ce qu'en Côte d'Ivoire on va s'en priver ?
C'est donc une heureuse initiative. J'ai suivi, peut-être pas chaque jour, mais
j'ai suivi la plupart des émissions par rapport à cela, où vous avez cherché
effectivement à mieux expliquer ces articles et je souhaite vivement qu'à
travers cette initiative, les Ivoiriens puissent dire aujourd'hui qu'ils
comprennent mieux, sinon entièrement mais un peu mieux, leurs droits tels qu'ils
sont garantis par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dont nous
fêtons cette année le 60ème anniversaire.          




 




ONUCI-FM:

Alors, vous l'avez dit, cette déclaration aura 60 ans le 10
décembre 2008.  Avec du recul, vous qui représentez la Commission des Droits de
l'Homme [de l'ONU], est-ce que qu'aujourd'hui, vous avez le sentiment que cette
déclaration a apporté quelque chose de plus à l'humanité,  qu'il y a eu un pas
qualitatif vers le respect et la protection des droits humains ?
 
  




 




SIMON MUNZU:

Ah oui, sans aucun doute, je suis personnellement convaincu que la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme a marqué une étape très importante pour le
désir de chacun de nous de voir ses droits biens protégés.




 




Nous naissons avec nos droits et avec nos libertés. C'est même
affirmé d'entrée de jeu par la Déclaration elle-même puisque, comme vous vous
souvenez, au premier article de cette Déclaration, il est bien dit « tous les
êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit ». Donc, ce n'est
pas l'Etat qui vous donne votre dignité ou votre droit. Ce n'est pas votre père.
Ce n'est pas votre église. C'est plutôt votre Créateur qui vous le donne, donc
vous naissez avec ça. Mais malheureusement, pour les réaliser, leur donner
effet, il faut des actions par des hommes, des femmes et je dirais même des
enfants. La valeur de cette déclaration, c'est que, pour la première fois, tous
les êtres humains, à travers tous les pays du monde, se sont mis d'accord pour
dire « oui, nous naissons libre et égaux ». Par conséquent, nous devons dire
quels sont effectivement ces libertés-là et on les a énumérées. Depuis cette
première étape, les choses ont beaucoup évolué parce que, vous savez, dans
plusieurs traités, dans des conventions, des pactes internationaux pour les
droits et l'élimination de discrimination contre les femmes, le droit des
enfants, les conventions contre la torture etc., on a mieux explicité ces
notions de droits de l'homme, comme cela s'applique à plusieurs catégories de
personnes.




 




Tout récemment, c'était les handicapés à travers le monde.
Aujourd'hui, on a une convention qui cherche à protéger les handicapés. Or,
avant, il n'y en avait pas. Donc, sur le plan des textes, on a fait beaucoup de
progrès, mais ensuite sur le plan des institutions, parce qu'il ne s'agit pas
d'avoir les textes, mais il faut avoir les organes qui sont chargées de la mise
en application de ces textes... Alors, sur le plan international, on a assisté à
la création de plusieurs organes, y compris le tout récent qu'on sait, le
Conseil des Droits de l'Homme, qui siège à Genève, [et] les différents comités
chargés de l'application des différentes conventions. On sait qu'il y a des
tribunaux et des cours internationaux pour juger les personnes qui commettent
des génocides, des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre, etc. Et de
plus en plus, nous entendons parler des gens qui sont appelés à répondre de
leurs actes, alors qu'avant, on tuait dans l'impunité, on menait la guerre, des
civils mouraient et personne ne rendait compte de cela. Mais, aujourd'hui, tout
a changé et je pense que même s'il y a encore un long chemin à faire, on doit
reconnaître qu'au cours des 60 dernières années, les choses se sont beaucoup
améliorées et nous ne pouvons que souhaiter pour les 60 années qui suivent, que
ça puisse s'améliorer d'avantage, au bonheur de l'humanité toute
entière.                       




 




ONUCI-FM:

Alors, pour terminer, la Division des Droits de l'Homme
de l'ONUCI, depuis 2004, a entamé des activités sur l'ensemble du territoire
ivoirien. Nous n'allons pas faire le bilan car il y aura certainement un autre
espace pour le faire, mais quels sont aujourd'hui les grands motifs de
satisfaction de la division que vous dirigez au sein de l'ONUCI ?




 




SIMON MUNZU:

Comme vous le dites, il serait vraiment difficile de vous faire le bilan des
réalisations des quatre dernières années en si peu de temps, mais je peux déjà
vous dire que, premièrement, nous nous félicitons de la prise de conscience par
l'ensemble de la population ivoirienne, aujourd'hui, des questions des droits de
l'homme. Depuis quatre ans, on en parle et ce n'est pas seulement la Division
des Droits de l'Homme, mais au cours de ces quatre années, nous avons vu comment
les ONG des droits de l'homme ivoiriennes ont beaucoup amélioré leurs capacités
dans ce domaine : comment mener des enquêtes ? Comment écrire des rapports ? Et
tout cela a été avec notre contribution.




 




Nous nous réjouissons également du fait que le pays, dans son
ensemble, a pu avoir une idée des types de violations qui se commettent, à
travers les rapports que nous publions tous les deux ou trois mois. Pour les
Ivoiriens qui s'intéressent à ces choses-là, à chaque fois qu'ils lisent nos
rapports, ils ont une idée très nette et très claire de la situation. Vous
savez, c'est comme toute maladie : quand on ne fait pas un bon diagnostic, on ne
peut pas bien traiter les malades.




 




Alors, à travers les investigations que nous menons et les
rapports que nous produisons, je pense que nous mettons à la disposition, non
seulement des citoyens mais aussi de ceux qui nous gouvernent, de ceux qui
prennent les décisions - que ce soit sur le plan du gouvernement [...], au
parlement ou dans le monde judiciaire, ils ont les matériels qui permettent de
mieux prendre des décisions sur la base de la réalité que vivent les Ivoiriens.




 




Troisièmement, je pense que notre présence ici a renforcé l'idée
que la Côte d'Ivoire n'est pas isolée dans le monde, que la Côte d'Ivoire, qui
est un Etat membre des Nations Unies, fait partie de ces communautés dont on
parle. Si aujourd'hui nous autres, nous sommes en Côte d'Ivoire pour appuyer les
Ivoiriens dans l'effort de sortie de cette crise, il ne faut pas oublier qu'au
même moment, il y a beaucoup d'Ivoiriens qui travaillent dans les missions de la
paix des Nations Unies dans d'autres pays où il y a des problèmes et qui, eux
aussi, apportent leurs contributions.




 




Alors, c'est ça l'esprit de la communauté internationale et je
pense qu'au cours des quatre dernières années, nous avons vu cela s'améliorer et
se renforcer. Je termine en disant que, nous qui parcourons la campagne, les
villages les plus reculés de la Côte d'Ivoire pendant ces périodes de crise,
nous avons pu constater les degrés des douleurs et des souffrances de la
population. Grâce à ce travail que nous faisons, on arrive à avoir une idée plus
claire de ce que vivent concrètement ces populations. Parce que la recherche
d'une sortie de crise qui ne tient pas compte des réalités des populations ne
serait pas une bonne recherche. Alors je pense que sur ce point-là également,
nous faisons une contribution positive dont on pourra se féliciter.




 




ONUCI-FM:

Alors, je rappelle Monsieur Simon Munzu, que vous êtes le chef de la Division
des Droits de l'Homme de l'ONUCI et que nous vous recevions dans [L'émission]
Dignité et Justice pour nous tous, pour conclure les 30 articles de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui aura 60 ans le 10 décembre !