Le président du Conseil Constitutionnel de Côte d'Ivoire, M. Yanon Yapo a expliqué le rôle de l'Institution qu'il dirige et a assuré la population de sa volonté de travailler en toute neutralité. M. Yanon s'exprimait sur ONUCI-FM à l'issue d'une cérémonie de décoration au cours de laquelle, il avait été distingué Grand Croix de l'Ordre National par le Président Ivoirien Laurent Gbagbo.

ONUCI-FM : Vous venez d'être décoré Grand Croix de l'Ordre National, quel est votre sentiment?

YANON YAPO : Sentiment de joie, de fierté et de reconnaissance à l'égard de tous ceux qui ont œuvré pour que cela m'arrive, pour que je sois élevé à cette dignité de Grand Croix et en tête de toutes ces personnalités, le Président de la République.

ONUCI-FM : Quand on est président du Conseil Constitutionnel et qu'on vient de recevoir une telle distinction, quel sens ?

YANON YAPO : Cela signifie que nous avons apporté une petite distinction à l'évolution favorable des choses. Notre porte parole a dit que c'est l'œuvre de nos collaborateurs et tous les citoyens, même les humbles, au-dessus des chantiers, dans les forêts d'exploitation, dans les champs, c'est le travail collectif. Mais en notre qualité de premier responsable, on a été distingué et cette distinction-là est le fruit du travail de tous les citoyens de ce pays.

ONUCI-FM : (...) Et qu'est ce que cela va changer dans la conduite de l'institution ?

YANON YAPO : Nous avons un rôle défini, une mission remplie, nous continuons à le faire mais c'est une motivation supplémentaire pour aller de l'avant. Mais nous continuerons à remplir notre mission comme cela se doit.

ONUCI-FM : Vous allez jouer un rôle très important dans les élections à venir. Est-ce que vous n'êtes pas un peu gêné d'être décoré ?

YANON YAPO : Non ! Je n'ai pas été décoré seul. C'est l'ensemble des institutions qui ont été décorées. Donc je ne peux pas dire que j'ai été décoré, si je vous comprends bien, pour que celui qui me décore puisse en tirer un avantage quelconque.

ONUCI-FM : Vous m'avez vraiment bien compris !

YANON YAPO : Donc, je ne suis pas gêné et moi, dans ma mission, je n'ai jamais été gêné.

ONUCI-FM : Vous jouez la carte de la neutralité jusqu'au bout ?

YANON YAPO : Absolument ! C'est ce que j'ai toujours fait. Un magistrat a un esprit indépendant et c'est ce que j'ai toujours fait pour ceux qui me connaissent. J'ai toujours eu un esprit indépendant.

ONUCI-FM : Quel message avez-vous pour tous ceux qui sont présidents d'institutions comme vous et qui ont été décorés ?

YANON YAPO : Oui, d'une manière générale, tous ceux qui ont une mission à remplir, je leur demanderais de remplir leurs missions avec compétence, abnégation, dans le seul intérêt de la Nation, et c'est de cette façon seulement que je crois que le pays peut aller de l'avant.

ONUCI-FM : Quel rôle pourrait jouer l'institution que vous dirigez dans les élections à venir ?

YANON YAPO : Le Conseil Constitutionnel est au début et à la fin du processus.

ONUCI-FM : C'est-à-dire?

YANON YAPO : C'est-à-dire que c'est le Conseil seul qui reçoit les candidatures, qui arrête la liste définitive des candidats. Ensuite, après le scrutin, c'est le Conseil constitutionnel qui statue sur tous les contentieux, ...] qui proclame les résultats définitifs et reçoit les serments du président de la République. C'est un rôle essentiel.

ONUCI-FM : Comment se fera la cohabitation entre le Conseil Constitutionnel et la CEI, la Commission Electorale Indépendante ?

YANON YAPO : Il n'y a pas de cohabitation. Le Conseil constitutionnel est une juridiction. Actuellement, la CEI, qui est une institution administrative, joue son rôle. Mais la CEI n'a pas pouvoir de décision. Elle organise les élections et a un rôle administratif très important à jouer par rapport aux élections. Et maintenant, le Conseil constitutionnel, le moment venu, en tant qu'institution, est une institution de décision puisque c'est le Conseil constitutionnel qui arrête la liste définitive des candidats admis à participer aux élections. Et ensuite, lorsqu'il y a des observations ou des réclamations, c'est le Conseil constitutionnel qui statue. Il peut annuler partiellement ou même totalement les élections s'il estime que c'est entaché d'irrégularités. Voyez-vous, le rôle est fondamental.

ONUCI-FM : Vous l'avez dit, votre rôle est fondamental. Alors s'il arrivait, par exemple, que la CEI proclame un résultat, peut-il arriver que le Conseil Constitutionnel l'invalide ?

YANON YAPO : Oui ! Il ne le fera pas pour le plaisir de le faire. Mais justement comme juridiction, le Conseil Constitutionnel mène une enquête, vérifie les élections lorsqu'il y a des réclamations. Si ces réclamations sont fondées, le Conseil Constitutionnel en tient compte. Dans le cas contraire, la réclamation est rejetée. Donc le Conseil Constitutionnel joue un rôle de juridiction.

ONUCI-FM : Le président de la CEI l'a plusieurs fois dit, il faut que ces élections respectent les standards internationaux. On sait aussi qu'en Afrique aux lendemains des élections, il y a toujours eu des conflits. Les syndromes zimbabwéen, kenyan sont là. Comment les éviter ?

YANON YAPO : On nous parle de standards internationaux. Moi, personnellement, j'ignore ce que c'est ! Mais ce que je peux dire, nous avons une mission précise qui nous est assignée et que nous devons remplir en toute conscience. Si chacun joue son rôle et que certains n'agissent pas de mauvaise foi - parce que c'est cela aussi le problème aujourd'hui- on voit ce qui est blanc et on dit que c'est du noir. Parfois il y a des problèmes de personnes, mais nous devions dépasser cela et faire en sorte que chacun à son niveau joue pleinement son rôle. Dès lors, il ne peut pas y avoir le syndrome, comme vous l'avez appelé, kenyan et zimbabwéen. Voilà ! Donc je pense que chacun doit jouer clairement, avec conscience et avec responsabilité, son rôle.

ONUCI-FM : Le Conseil Constitutionnel jouera clairement son rôle !

YANON YAPO; Le Conseil Constitutionnel est prêt à jouer son rôle et déjà il joue son rôle. Depuis qu'il est là, il a pris des décisions qui vont dans le sens du rôle qu'il a à jouer.

ONUCI-FM : Yanon Yapo, je vous remercie !

YANON YAPO : C'est moi qui vous remercie !

- [Ecouter