Une sensibilisation de l’ONUCI fait renoncer les populations de Tiénigbe à l’excision et aux mutilations génitales

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30 juil 2013

Une sensibilisation de l’ONUCI fait renoncer les populations de Tiénigbe à l’excision et aux mutilations génitales

Nous sommes le dimanche 23 juin 2013. En passant à proximité de la brousse du village de Tiénigbé, village situé à 95 km au nord-est de Séguéla, ce jour, le jeune Cissé est alerté par des cris de détresse. Il est alors loin de s'imaginer qu'il s'apprête à être le témoin d'une séance d'excision de plusieurs filles de son village. Cissé de retour au village, se rend directement chez le Président de l'association des jeunes, à qui il rapporte les faits. Le Président informe à son tour le Chef du village. Ce dernier se souvient alors de l'avertissement donné quelques temps auparavant par les autorités administratives et judiciaires de la contrée, elles mêmes sensibilisées par des agents de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) sur le respect des droits de l'Homme et les dommages causés aux femmes et aux filles par les mutilations génitales. Conscient donc de cet avertissement, le Chef Digbé, soutenu par les jeunes du village, alerte le Commandant de brigade de la gendarmerie.



 

Les exciseuses, deux femmes, comprennent que découvertes, elles risquent d'être arrêtées. Elles s'apprêtent alors à monter à bord d'un car, mais en sont empêchées par les jeunes du village qui se sont regroupés pour s'assurer qu'elles ne puissent s'échapper. Elles sont arrêtées et remises à la gendarmerie. Sur les lieux du drame, les instruments ayant servi aux actes de mutilations sont saisis et placés sous scellés. Interrogées au cours de l'enquête, les exciseuses confessent avoir excisé au total 64 jeunes femmes, l'une 40 et l'autre 24. Déférées au parquet du tribunal de Séguéla, ces femmes sont condamnées, le 3 juin 2013, à un an de prison ferme avec une amende de 360. 000 FCFA.



 

Cette condamnation ne plait pas à tout le monde. Le Chef de village est pointé du doigt comme un traitre par des habitants qui soutiennent l'excision. La tension est palpable.



 

Pour ramener la cohésion sociale et la quiétude dans le village, le Sous-préfet de Kongasso, chef-lieu de la localité, invite l'ONUCI, le vendredi 26 juillet, à une rencontre, à la laquelle participent tous les chefs coutumiers, les leaders religieux et les populations villageoises. L'équipe de la Mission onusienne saisit l'occasion que lui offre cette tribune, pour sensibiliser les populations sur les dommages causés par les mutilations génitales aux femmes et aux filles. la délégation de l'ONUCI salue l'action du Chef du village qui a eu le courage de dénoncer les exciseuses. Une femme officier de la Police des Nations Unies chargée des questions du Genre, pour les régions du Wôrôdougou et du Béré, projette à l'assistance des images sur les conséquences des mutilations génitales et des mariages précoces.



 

Félicitant le Chef Digbé pour son action, le Sous-préfet réaffirme devant la foule que le Chef de village est son représentant légal. Il a donc le devoir de protéger sa population en dénonçant les actes criminels qui mettent en danger la vie de ses administrés. « Le chef n'a fait que son travail, rien que son travail, pour protéger sa population », soutient l'autorité Sous-préfectorale.



 

Le Représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), invite quant à lui les femmes du village qui, pour certaines trouvaient en l'excision un fond de commerce, à s'organiser en coopérative pour le financement de projets, afin de sortir de la pauvreté.



 

La rencontre s'achève. Les populations s'expriment et disent avoir compris le message de l'ONUCI. Elles promettent de renoncer à la pratique de l'excision. Un ouf de soulagement pour toutes les femmes et les filles non excisées du village de Tienigbe, qui craignaient, chaque jour d'être les victimes de certains bourreaux, sans pouvoir se défendre.