Abidjan, le 14 juin 2012... Un forum régional sur rôle des médias dans la promotion de la paix et la sécurité en Afrique de l'ouest s'est ouvert ce jeudi, 14 juin 2012, à Abidjan. Ce forum de deux jours est une initiative conjointe du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'ouest (UNOWA), et de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), avec l'appui technique et logistique de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et de l'Opération des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire (UNOCI) et en partenariat avec le Gouvernement de la Côte d'Ivoire, la CEDEAO, et l'Union Africaine.

Le forum a pour objectif, notamment, de renforcer le rôle des médias dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique de l'Ouest et d'identifier les défis auxquels sont confrontés les médias dans le contexte de la nouvelle dynamique sécuritaire dans la sous-région. Il vise aussi à établir une plate-forme de discussions, à réfléchir sur les moyens d'appuyer les efforts des gouvernements et des organisations sous-régionales pour promouvoir la paix et la sécurité, et à renforcer le professionnalisme, la protection et l'indépendance des médias.

En ouvrant les travaux, le Ministre d'État, Ministre des Affaires Étrangères, Daniel Kablan Duncan, a salué la tenue d'une telle rencontre, qui intervient à un moment où la région fait face à d'énormes défis sécuritaires. M. Duncan a mis en exergue le rôle important des médias dans la construction d'une zone de paix et de développement. « Le rôle des médias devrait s'inscrire dans le sens de la sauvegarde des valeurs socioculturelles, de la cohésion sociale et de la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable », a-t-il indiqué.

Pour sa part, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire et chef de l'ONUCI, Bert Koenders, a mis l'accent sur le rôle clé des médias dans la promotion de la paix et de la sécurité dans la sous-région. « L'ONUCI », a-t-il dit, « accorde une importance particulière à la liberté de la presse, d'expression et à la diversité d'opinions. Mais, la liberté, dans sa jouissance quotidienne, n'a de valeur que par le sens des responsabilités qui l'accompagnent ».

« Malheureusement, certains médias, et non des moindres, ont adopté et continuent d'adopter un comportement dangereux, aux antipodes des principes d'éthique et de déontologie du journalisme, mettant à mal une cohésion sociale déjà fortement ébranlée dans le pays, à travers la diffusion de fictions, de rumeurs et d'informations non vérifiées ». « J'en appelle au sens de la responsabilité et au respect des règles du métier de journalisme [...] Comment les populations peuvent-elles cultiver la paix, lorsqu'elles sont abreuvées de rumeurs alarmantes aux conséquences ravageuses et destructrices ? » s'est interrogé M. Koenders.

Le Représentant spécial a lancé un appel pressant aux professionnels des médias pour une réduction du ton alarmiste actuel, qui installe la peur et un sentiment d'insécurité chez les populations. Les médias se doivent de multiplier les plates-formes de débats contradictoires, de favoriser la participation des populations et le dialogue inclusif, a-t-il dit, soulignant l'importance de s'inscrire dans une telle dynamique favorable à la paix.

Le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de l'ouest, Said Djinnit, a, lui aussi, salué la tenue de ce forum, tout en faisant remarquer qu'il était d'actualité et qu'il entrait dans le cadre des efforts menés pour relever les défis sécuritaires dans la sous-région, qui est menacée de déstabilisation. Il en a appelé à la mobilisation de l'ensemble des acteurs pour lutter contre ces défis et créer des conditions propices à la paix, et à la cohésion. A cet égard, M. Djinnit a souligné le rôle déterminant des medias, qui mobilisent les acteurs clé et doivent informer les populations des développements dans la sous-région.

« Ce rôle est délicat : les médias peuvent contribuer à exacerber les tensions comme à les aplanir. La tentation est grande pour certains dirigeants de les instrumentaliser à des fins partisanes, d'autres ont tendance à rechercher le sensationnel au détriment d'une information vérifiée et équilibrée. Les conditions dans lesquels opèrent les journalistes en Afrique et notamment en période d'instabilité, sont de plus en plus difficiles », a reconnu M. Djinnit, qui a déploré le fait que ceux-ci ne disposent pas toujours de cadres légaux pour exercer.

Hugo Sada, délégué à la Paix, la Démocratie et aux Droits de l'Homme de l'OIF, a estimé pour sa part, que cette rencontre s'avérait nécessaire et urgente eu égard aux menaces répétées et aux dangers qui menacent toute la sous-région. Il a appelé à la mise en place d'un mode de gestion à travers la mobilisation de tous et informé que l'OIF avait une expertise à offrir en la matière. M. Sada a salué l'implication des médias. « Comment gérer les médias, en particulier publics, en situation de crise pour qu'ils ne soient pas les instruments au service de mauvaises causes, comment reconstruire un paysage médiatique respectueux des principes démocratiques, comment assurer le bon équilibre entre l'indépendance et la liberté de la presse et le stricte respect de la déontologie et du droit d'autres part? », a-t-il dit, en indiquant quelques pistes de discussion du forum.

Le Dr Doga Mac Intosh, Vice-président de la CEDEAO, a indiqué que son institution continuait de suivre l'action et l'influence des médias dans la sous-région en matière de paix et de sécurité. « Nous avons noté le rôle crucial des médias dans la réconciliation nationale au Libéria et en Sierra Leone et examiné l'apport des medias dans le respect de l'Etat de droit, l'impunité et les droits de l'homme » a indiqué le Dr Mac Intosh avant de se réjouir du rôle important des médias dans la promotion de la paix dans la sous-région.

Le Représentant spécial de l'Union Africaine, Ambroise Niyonsaba, a rappelé que si les conflits commencent dans les esprits, il en est de même pour la paix. A ce niveau, a-t-il indiqué, les médias sont un important canal pour véhiculer ce qui se passe dans les esprits. « Il faut que chaque citoyen se sente concerné par la paix et pour cela il faut que chacun ait accès à l'information et là, le rôle des médias est important. (...) il faut renforcer le rôle des medias en tant que promoteur de paix », a suggéré M. Niyonsaba.

Une centaine de professionnels des médias et des partenaires participent à cette rencontre, qui doit s'achever vendredi par une déclaration finale sur le rôle des médias dans la promotion de la paix et la sécurité dans la sous-région.