REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MERCREDI 27 MARS 2013

27 mar 2013

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MERCREDI 27 MARS 2013








Édition de 7H30 du Mercredi 27 Mars 2013   |  RFI




 




La
Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) salue quelques
avancées dans l'affaire de l'attaque du camp de Nahibly, dans l'ouest de la Côte
d'Ivoire. En octobre dernier, six cadavres avaient été retrouvés dans un puits à
Duékoué. Selon la FIDH, partie civile dans ce dossier, ces corps sont ceux de
personnes arrêtées par des soldats des FRCI lors de l'attaque du camp de
déplacés de Nahibly en juillet 2012. Ces derniers mois, l'enquête était au point
mort, mais les investigations viennent de débuter. Pour la FIDH, les premières
investigations vont dans le bon sens. C'est maintenant au juge d'instruction
d'agir. Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération Internationale des
ligues des droits de l'homme.




 





Florent Geel

: La
procédure a réellement commencée. Des témoins et des parties civiles ont enfin
été entendu six mois presque après les faits. Un transport sur les lieux a eu
lieu le 21 mars dernier, en notre présence et qui a permis d'identifier enfin
formellement avec le juge d'instruction la douzaine de fosses communes. On a
identifié ce qui regrouperait l'ensemble des victimes de l'attaque du camp de
Nahibly.




 





RFI

:
Alors maintenant, que doivent faire, selon vous les autorités judiciaires
ivoiriennes pour aller plus loin ?




 





Florent Geel

:
Très clairement procéder à l'exhumation de cette douzaine de fosses communes et
procéder à l'audition et à l'inculpation des présumés responsables de ces crimes
qui sont en partie des Frci, pour d'autres ceux qu'on appelle des combattants
associés qui ne sont pas formellement des soldats de l'armée ivoirienne. Même
s'il faut souligner que ces mesures qui ont eu lieu au mois de mars ont pu être
rendues possible par l'implication réelle des autorités politiques ivoiriennes.
Il faut le saluer. Le pouvoir actuel peut démontrer son impartialité en
expliquant très clairement que ce n'est pas parce que des Frci ont attaqué des
populations réputées fidèles à Laurent Gbagbo, que les auteurs de ces crimes ne
seront pas poursuivis.   




 




 





Édition de 6H30 du Mercredi 27 Mars 2013   |  RFI




 





RFI

: Nous sommes en direct de Côte d'Ivoire ce matin avec Maureen Grisot. Bonjour
Maureen.




 





Maureen Grisot

:
Bonjour.




 





RFI

:
Vous revenez de l'ouest du pays, plus précisément des environs de la ville de
Bloléquin où deux villages voisins ont été attaqués récemment. Plusieurs
milliers d'habitants ont quitté leurs maisons pour fuir l'insécurité. Quelle est
la situation sur place aujourd'hui ?




 





Maureen Grisot

:
Elle est très préoccupante selon les autorités locales. Il y a environ 3 000
déplacés, la plupart sont dans des familles d'accueil Bloléquin. L'État a envoyé
de grandes quantités de riz et de maïs, et puis d'autres lots devraient suivre,
ainsi que de l'aide humanitaire. Mais cela ne suffira pas. Les habitants de
Zilébly et Petit Guiglo ont tout perdu. Leurs maisons ont été incendiées, leurs
réserves de nourritures brûlées ou volées. Le village de Petit Guiglo est
presque entièrement détruit. Même les pépinières de cacao ont été saccagées. Les
humanitaires qui considèrent que le pays va mieux, ont quasiment arrêté l'aide
d'urgence. Ce sera donc à l'État de prendre en charge la reconstruction, mais
aussi l'appui au retour des villageois. Certains ont commencé à rentrer dans les
villages qui n'ont pas été détruits. Et il pleut beaucoup en cette période, donc
ces paysans doivent absolument planter. Mais beaucoup ont la peur au ventre, ils
ont vu leurs voisins se faire tuer. Et ils se doutent bien que les auteurs des
attaques sont encore dans les parages.     




 





RFI

:
Alors évidemment, on comprend que la sécurité est le principal frein au retour
de ces déplacés. Est-ce que le dispositif militaire a été renforcé depuis ces
attaques ? 




 





Maureen Grisot

:
Jusqu'à présent, les contingents dans cette zone n'ont pas été augmentés, alors
qu'on sait que certains assaillants sont encore en brousse. Ce qui ne rassure
pas du tout les populations. Les habitants de Petit Guiglo se sont plaints de ne
pas avoir été protégés, alors que le village voisin de Zilébly attaqué seulement
dix jours avant. Sur le terrain, les moyens alloués aux Frci semblent bien
minces. Alors que le Gouvernement dénonce depuis plus d'un an des tentatives de
déstabilisation venant du Liberia. Les postes frontières sont déserts, les
soldats sont sous-équipés. Certains en viennent même à racketter les villageois
qui fuient les combats. Ils sont aussi en sous-effectifs. J'ai vu de nombreux
dozos, des chasseurs traditionnels à leur côté dans les villages que j'ai pu
visiter dans l'ouest. Les autorités locales ont demandé un renforcement de la
présence des Frci dans la zone. Mais aussi de l'Onuci. Les casques bleus de
l'ONU qui patrouillent régulièrement dans cette région. Mais certains
s'interrogent quand même sur l'efficacité de la coopération entre l'armée
ivoirienne et les militaires de l'ONU sur le terrain.    




 





RFI

: Et
sur les auteurs et les mobiles de ces attaques, est-ce qu'on en sait plus ?




 





Maureen Grisot

: Ils
viennent du Liberia voisin. Certains sont des libériens, d'autres des ivoiriens.
Beaucoup se sont illustrés au sein de milices proches de l'ancien président
Laurent Gbagbo. L'un d'eux Oulaï Tako a d'ailleurs été tué samedi dans la
riposte des Frci à Petit Guiglo. Alors selon Abidjan, ces attaques sont
politiques. Elles visent à déstabiliser le pouvoir. Et certains pensent aussi
que ces violences visent à perturber les élections locales prévues fin avril.
Alors si l'implication des miliciens pro-Gbagbo semble avérée, leur mobile
devrait être le règlement de compte lié au foncier. Les terres de cette région
sont très fertiles. Et il est établi que les parcelles de nombreuses personnes
réfugiées au Liberia ont été vendues à leur insu. 




 





RFI

:
Merci Maureen Grisot.