REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MARDI 31 MAI 2011

31 mai 2011

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU MARDI 31 MAI 2011


RFI - Edition de 6 heures 30

█ Direction l'ouest de la Côte d'Ivoire à présent, où le processus de réconciliation semble particulièrement difficile. La région vous le savez, était particulièrement touchée par les violences post-électorales. L'ONUCI parle de plus de 1.000 morts, au bas mot, dont 500 pour la seule ville de Duékoué. Dans cette ville carrefour à 500 km d'Abidjan, juste en dessous de l'ex zone tampon entre le nord et le sud, les conflits ne sont pas nouveaux et le climat reste très tendu. Reportage Charlotte Idrac, Mathias Taylor.

Père Cyprien : Quand vous pensez que tout va bien en Côte d'Ivoire, Duékoué vous réserve des surprises. C'est une poudrière. Je le dis avec certitude, c'est une poudrière.

Charlotte Idrac : Pour le Père Cyprien, le responsable de la mission catholique, Duékoué est une ville à part en Côte d'Ivoire.

Père Cyprien : Il n'y a pas quelque chose de nouveau. Bloléquin va reprendre, Toulépleu, Guiglo va reprendre. Ils n'ont pas les mêmes sensibilités là-bas que ceux de Duékoué. Duékoué est un grand carrefour. Et Duékoué a plus de potentialités économiques que toute autre région de l'ouest.

Charlotte Idrac : La région est riche. La terre fertile. Les violences de Duékoué ont dépassé le cadre politique. Les tensions sont communautaires, ethniques, religieuses et aussi et peut-être, surtout foncière. Denis Badouan est adjoint au maire de la ville.

Denis Badouan : Depuis les années 80, il y a eu une affluence très importante de la population allochtone comme allogène pour le cacao.

Charlotte Idrac : Le cacao qui a permis à la communauté malinké de s'enrichir. Les propriétaires de l'ethnie guéré, ont souhaité changer les règles. Avant l'arrivée des FRCI, les populations du nord se sentaient menacées. Aujourd'hui, ce sont les guérés. La tension reste vive. La semaine dernière, le marché en face de la mission catholique a brulé.

Une habitante : Ils étaient en treillis. On était en plein sommeil quand on nous a appelé, on nous a dit « le marché a pris feu ! ». Ça prenait feu, ça prenait feu.

Charlotte Idrac : Pour le Père Cyprien, la réconciliation de la Côte d'Ivoire passera d'abord par Duékoué.

Père Cyprien : Il y a encore des démons. Il y a des gens qui passent et qui viennent les manipuler. Et qui font comprendre à ces populations que ce n'est pas fini. Qu'est ce qu'on veut encore ?

Charlotte Idrac et Mathias Taylor, Duékoué RFI.

VOA - Edition de 5 heures 30

█ En Côte d'Ivoire, des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo disent être traqués par les nouvelles autorités. Depuis le 11 avril, date de l'arrestation de M. Gbagbo, nombre de partisans sont entrés dans la clandestinité, craignant pour leur sécurité. D'autres ont pris le chemin de l'exil. Idriss Fall a joint au Ghana, Dosso Charles Rodel, ancien ministre de Gbagbo chargé des victimes de guerre.

Dosso Charles Rodel : Aujourd'hui en Côte d'Ivoire, on traque sans relâche tous ceux qui ont cru en la politique du président Laurent Gbagbo. Et nous sommes traqués par ceux que la France a bien voulu installer depuis le 11 avril.

VOA : Mais Laurent Gbagbo, c'est fini maintenant ?

Dosso Charles Rodel : Laurent Gbagbo, aujourd'hui, c'est un esprit. Il a planté un esprit, notamment de liberté de la Côte d'Ivoire, liberté de l'Afrique vis-à-vis d'un pouvoir colonial. Cet esprit-là aujourd'hui, quoiqu'on fasse de Laurent Gbagbo, continue son petit bonhomme de chemin. Avec ou sans Gbagbo, la lutte va se poursuivre.

VOA : La lutte va se poursuivre comment ?

Dosso Charles Rodel : Tout d'abord, nous sommes foncièrement démocrates. C'est pourquoi Laurent Gbagbo quand il a eu des problèmes au niveau des élections a demandé à la communauté internationale de venir en Côte d'Ivoire pour recompter les voix. Malheureusement, ça n'a pas été chose faite. On a utilisé les armes pour arbitrer les élections en Côte d'Ivoire. C'est une grande première et c'est dommage que cela soit arrivé. Maintenant comment est-ce que nous allons procéder ? Je vous apprends que Laurent Gbagbo lui-même, il a connu l'exil. Donc nous ne serons pas les premières personnes à connaître l'exil. Laurent Gbagbo a fait trente ans dans l'opposition sans un seul jour prendre un seul fusil pour tuer qui que ce soit. Et nous allons encore nous donner la main pour que demain, le pouvoir d'Etat, nous puissions l'acquérir pas par les armes mais par la voie pacifique.

VOA : Quand est-ce que vous allez rentrer alors ? Le Fpi est même en train de discuter de son entrée éventuelle au sein du gouvernement d'Alassane Ouattara.

Dosso Charles Rodel : Je pense qu'aujourd'hui, lorsqu'on parle de Laurent Gbagbo, il faut aller au-delà simplement du Fpi. Laurent Gbagbo était une incarnation nationale pour que le Fpi. Le président Mamadou Koulibaly a posé un certain nombre de conditions acceptées de tous. Avant le 11 avril, j'ai dit que la situation en Côte d'Ivoire est plus que spirituelle. C'est pourquoi je demande une fois de plus aux Ivoiriens de garder la tête froide. Nous n'avons pas abandonné la population. La Côte d'Ivoire reviendra à elle-même. Nous n'avons pas de problème avec les discussions que le Fpi est en train de mener.

VOA : Est-ce que vous avez des nouvelles de Charles Blé Goudé, l'ancien leader des jeunes patriotes ?

Dosso Charles Rodel : Charles Blé Goudé est le leader des jeunes patriotes. Il n'est pas ancien. Il demeure dans l'esprit, dans le cœur des jeunes ivoiriens. Et Charles Blé Goudé, il est bel et bien portant. Le temps venu, vous l'entendrez certainement.

VOA : Il est toujours vivant ?

Dosso Charles Rodel : Charles Blé Goudé est plus que vivant. Et il est toujours dans la bonne ligne que Laurent Gbagbo a tracée, qui est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire soit libre d'elle-même et qu'elle ne soit pas toujours prête à tendre la main à l'extérieur ou de mendier quoi que ce soit.