REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 27 DECEMBRE 2010

27 déc 2010

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 27 DECEMBRE 2010



RFI- Edition de 05H30 du 27 Décembre 2010

█ En Côte d'Ivoire, les proches d'Alassane Ouattara lancent un nouvel appel à la population. La coalition politique qui soutient le président élu demande aux ivoiriens de cesser toute activité à partir d'aujourd'hui lundi. Et ce je cite « jusqu'au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo. » Parmi les signataires de cet appel on trouve notamment Alphonse Djédjé Mady, l'un des principaux dirigeants et porte-parole du RHDP, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix. Au micro de Cyril Ben Simon, il justifie cet appel à la mobilisation comme une protestation nécessaire pour faire respecter le résultat des urnes.

Alphonse Djédjé Mady : « On demande à tous ceux qui ont voté pour ce 2ème tour de respecter leur vote et de faire en sorte que les résultats des urnes puissent être respectés par les ivoiriens. »

Cyril Ben Simon : « Et pour vous le meilleur moyen, c'est une grève générale ? »

Alphonse Djédjé Mady : « C'est d'éviter toute solution entrainant des tueries et des pertes en vie humaines. Et nous pensons que cette solution fait partie des protestations démocratiques qui peuvent nous amener au but recherché qui est de respecter les résultats des urnes et de mettre tous les ivoiriens ensembles pour travailler et reconstruire ce pays. »

Cyril Ben Simon : « Donc après la fonction publique, vous souhaitez que le secteur privé, lui aussi, cesse les activités. »

Alphonse Djédjé Mady : « Tous les acteurs, tous les acteurs du processus électoral, nous leur demandons de faire en sorte que leur choix soit respecté. »

Cyril Ben Simon : « Jusque là, l'appel à la désobéissance civile n'a pas été vraiment respecté. Qu'est ce qui vous laisse penser que cette fois les Ivoiriens vont se mettre en grève ? »

Alphonse Djédjé Mady : « On verra bien. Je ne peux pas vous donner de recette miracle. On verra bien. On s'adresse à la conscience des uns et des autres. On verra bien. »

Car ce communiqué fait, en effet, suite à l'appel à la désobéissance lancé la semaine dernière par Guillaume Soro, le 1er ministre d'Alassane Ouattara. Une annonce qui n'avait pas alors été suivie d'effet à Abidjan, la capitale économique du pays.

█ Laurent Gbagbo reste sous pression de la communauté internationale. Washington a renouvelé son soutien à la CEDEAO et donc à la médiation que doivent engager les trois présidents béninois, Sierra léonais et capverdien à partir de demain mardi. Leur mission Emmanuel Dabzack est ; convaincre le président sortant de quitter le pouvoir pacifiquement.

« C'est une troïka africaine qui parlera au nom de tous les pays membre de la CEDEAO. Elle redira au président sortant qu'une intervention militaire n'est pas exclue, s'il refuse toujours d'abandonner le pouvoir au profit d'Alassane Ouattara, le vainqueur désigné de la dernière présidentielle. Si les Cap verdien refuse de communiquer autour de cette initiative, c'est pour laisser toutes ces chances à cette mission de médiation comme nous l'a expliqué José Brito, le ministre des affaires étrangères du Cap Vert. Moins on parle avant dit-il, plus on a de chance d'être entendu. Ajoutant que la mission qui s'annonce est difficile et qu'il n'est pas utile de la compliquer par des déclarations qui pourraient être mal interprétées. Quant au ministre béninois des affaires étrangères, Jean Marie Ehouzou que vous avez pu entendre dans nos éditions. Il explique que cette médiation représente un geste de bonne volonté de la part de la CEDEAO qui souhaite trouver une issue pacifique à ce problème. Répétant cependant à plusieurs reprises que la mission est extrêmement difficile. Même état d'esprit, le chef de l'Etat se rend à Abidjan afin de convaincre Laurent Gbagbo d'abandonner le pouvoir. Trois présidents qui palerons donc d'une seule voix et qui devront ensuite rendre compte de leur mission. En cas de refus de Laurent Gbagbo, le recours à la force sera alors fermement envisagé et des poursuites internationales seront engagées. »

█ La France de son côté a décidé de bloquer l'avion de Laurent Gbagbo. Il ne pourra donc pas décoller de l'aéroport de Bâle-Mulhouse où il est stationné. Paris honore là une demande du camp d'Alassane Ouattara considéré comme je cite « les autorités légitimes de Côte d'Ivoire. »

█ Quand à Laurent Gbagbo, il dénonce à nouveau un complot. Oui, dans un entretien au journal français Le Figaro, il pointe du doigt la France et les Etats-Unis. Et il dit prendre très au sérieux les menaces d'intervention militaire exprimées vendredi par la Communauté Economique Des Etats d'Afrique de l'Ouest. Par ailleurs devant l'éventualité d'une action judiciaire internationale, son ministre de l'intérieur, Emile Guiriéoulou, il dénonce lui la partialité du tribunal pénal international et il en veut pour preuve, une demande d'enquête du gouvernement ivoirien en 2002. Une demande ignorée selon lui par les juges du TPI. On l'écoute.

« L'armée française a tué 64 jeunes ivoiriens, tout le monde le sait. Mais cela n'a jamais été condamné par personne dans le monde. Comme si ces 64 jeunes Ivoiriens qui sont morts là, étaient des poulets. Et nous attendons que le TPI se prononce dessus. On nous dit oui, le TPI... mais les 64 Ivoiriens qui ont été tués par l'armée française que dit le TPI ? Est-ce que c'est normal ? Où alors, parce que c'est des africains qui ont été tués par des blancs? Alors c'est normal, le TPI n'a rien à dire dans ça. Et c'est chaque fois à nous qu'on brandit le chiffon rouge. Oui on va vous envoyer au TPI. Mais qu'on nous envoie au TPI. C'est malsain et c'est pourquoi nous en Côte d'Ivoire, nous nous battons pour que la souveraineté de nos pays soit respectée. Qu'on n'infantilise pas les structures internationales parce qu'on veut nous faire taire. On ne nous fera pas taire. Si on pense qu'en brandissant l'épouvantail du TPI, on veut nous faire taire. On ne nous fera pas taire. Chers amis, là où nous sommes là, on n'est pas là pour rigoler. Parce que les crimes là, on sait qui les commet. La rébellion qui a éclatée ici en Côte d'Ivoire en 2002, vous savez combien de personnes on été tuées ? Le gouvernement ivoirien à l'époque a demandé qu'il y ait une enquête de la part du TPI, rien n'a été fait. Qu'on ne pense pas nous faire peur. »

Emile Guiriéoulou, le ministre de l'intérieur de Laurent Gbagbo. Des propos recueillis par Claude Verlon.

BBC- Edition de 06H00 du 27 Décembre 2010

█ Toujours à propos de la Côte d'Ivoire, le HCR annonce que plus de 14.000 personnes ont fui le pays pour se réfugier au Liberia. Depuis le début de la crise post électorale, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés indique que le nombre croissant de réfugiés pèse sur les communautés d'accueil au Liberia. Les stocks alimentaires s'amenuisent malgré les efforts déployés par le gouvernement et les agences humanitaires pour apporter d'avantages de vivres. L'agence Onusienne exprime son inquiétude face à des informations selon lesquelles des personnes voulant fuir la Côte d'Ivoire seraient empêchées de le faire. Fatoumata Lejeune Kaba, porte-parole du HCR à Genève au micro d'Ibrahima Diané.

Fatoumata L. Kaba : « Ca nous préoccupe de savoir que des personnes sont empêchées de chercher la ville et donc le HCR demande à ce qu'on respect le droit des civils en Côte d'Ivoire et le droit à l'asile également. »

Ibrahima Diané : « Comment est organisée l'aide à ces personne à leur arrivée au Liberia ? »

Fatoumata L. Kaba : « A l'arrivée des réfugiés au Liberia, ils sont hébergés par les communautés locales. Ça c'est sur demande du gouvernement du Liberia qui a souhaité que les réfugiés soient plutôt dans les villages que dans les camps. Evidemment ça pose quelques problèmes parce qu'ils sont éparpillés, en terme de livraison d'assistance. Mais cela dit, nous arrivons à distribuer l'aide humanitaire. Nous avons déployé assez de personnels dans l'est du Liberia dans le conté du Nimba pour atteindre tous les réfugiés. C'est comme ça qu'on arrive à les enregistrer. »

Ibrahima Diané : « Que vous disent ces personnes ? Est-ce que vos responsables au Liberia, par exemple, leur ont parlé, qu'est-ce qui les poussent à partir de la Côte d'Ivoire ? Parce que jusque là, le problème se situe plutôt à Abidjan. »

Fatoumata L. Kaba : « Les réfugiés nous disent qu'ils ont fui par peur de ce qui pourraient arriver. Et non parce qu'ils ont subi des violences en Côte d'Ivoire. A l'exception peut être moins de 10 cas sur les 14.000. Et donc c'est un mouvement préventif. Ce sont les femmes et les enfants. Le mari les escorte jusqu'à la frontière. Une fois qu'ils ont traversé, les maris repartent en Côte d'Ivoire et attendent de voir ce qui va se passer. Donc il est vrai que pour l'instant, c'est plutôt un mouvement préventif parce que les gens ont vécu la guerre avant. Et ils ne voudraient pas revivre des violences. »

Fatoumata Lejeune Kaba, porte parole du HCR avec Ibrahima Diané.

█ Sur le terrain en Côte d'Ivoire, la situation humanitaire se dégrade de jour en jour. Le Mouvement Ivoirien de défense des Droits de l'Homme, MIDH, dit craindre l'installation d'une famine à Abidjan. En raison notamment des salaires qui pourraient ne pas être payés dans le secteur privé à cause du blocage des activités depuis le début de ce mois de décembre. Me Drissa Traoré, le président du MIDH au micro de Souleymane Issa Maïga :
Me Drissa Traoré : « Il faut dire que depuis le 2ème tour du scrutin présidentiel, la Côte d'Ivoire a arrêté de travailler quasiment. Les gens ont arrêté de travailler de sorte qu'il est à craindre que non seulement il ait un problème au niveau surtout du privé de payer les salaires des travailleurs. Donc ce qui va entrainer également un problème du droit à une alimentation, du droit à la vie même pour certaine population. Et puis également les marchés d'Abidjan ne sont plus totalement ravitaillés. Cela nous inquiète parce que cela pourraient déboucher sur la faim à Abidjan et généralement en Côte d'Ivoire. Il y a eu beaucoup de violation des droits humains. Et je vous rappelle également l'épisode non seulement des journaux, jugés proches du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, qui ont été interdits de parution par une autorité qui n'avait aucune compétence pour le faire. Et deuxièmement, les chaines internationales qui sont reçues à Abidjan sur le bouquet de Canal Horizons, malheureusement ont également été interrompues. Ce sont des violations graves du droit à l'information des ivoiriens. Et puis au niveau de la télévision ivoirienne, nous n'entendons qu'un seul son. C'est-à-dire que ce n'est que les messages, ce n'est que les points de vue d'un seul camp qui sont diffusés. Cela est dramatique pour la situation de droit de l'homme en Côte d'Ivoire. »

Souleymane Issa Maïga : « Oui mais justement. Vous association de défense des droits de l'homme, que peuvent-elles faire concrètement ? »

Me Drissa Traoré : « Nous ce que nous pouvons faire, c'est de dénoncer et d'interpeller. Et surtout de dire aux populations... »

Souleymane Issa Maïga : « Mais jusqu'à présent ça ne change rien ? »

Me Drissa Traoré : « Malheureusement au niveau, par exemple, de la télévision le Conseil national de la communication audiovisuelle, l'autorité qui devait réguler, qui devrait agir conformément à la loi, aujourd'hui est totalement hors la loi. Et donc c'est de l'arbitraire. Et vous savez que devant l'arbitraire, devant l'injustice ce qu'on peut faire c'est de dénoncer, de dénoncer et de rappeler les uns et les autres à leur rôle, à leur pouvoir de sorte que les choses vont changer. Nous ne disposons pas, nous en tant qu'acteur de la société civile, en tant que défenseur des droits de l'homme, d'une armée. Nous ne disposons pas de bras pouvant forcer ou obliger à le faire. Mais nous pensons qu'en interpellant, notre appel sera non seulement entendu par les ivoiriens mais également par la communauté internationale qui pourrait faire en sorte que toutes ces violations puissent s'arrêter définitivement. ». Me Drissa Traoré du MIDH.