BBC – Edition du 22 Mai 2008 à 6 H

Deux jours après les critiques du Président Gbagbo à l'encontre de la FESCI, Humann Right demande au gouvernement de mettre fin à l'impunité dont bénéficie, selon lui, le syndicat étudiant. La FESCI est plus qu'un simple syndicat, elle a joué un rôle important durant le conflit ivoirien et une grande partie de la jeune classe po9litique ivoirienne en est issue. On en parle ce matin avec Richard Banegas, maître de conférences à l'université de Paris I.

R.B. : « Il faut noter surtout et c'est peut-être ça le plus important pour comprendre, pour décrypter la situation actuelle, c'est que depuis la signature des accords d'Ouagadougou, on a le sentiment, comme ça, d'une réconciliation nationale dans le pays, mais ce sentiment de réconciliation il se fonde aussi sur un processus, je dirais, de retrouvailles entre fescistes de deux bords. C'est-à-dire les fescistes de la galaxie patriotique, mais aussi les militants fescistes de la rébellion qui aujourd'hui se retrouvent à la même table, ont décidé, en quelque sorte de taire leurs querelles pour une certaine manière passer à vitesse supérieure et cette vitesse supérieure-là pour eux c'est quoi ? C'est, en quelque sorte, de prendre le pouvoir d'une façon ou d'une autre, non pas tout de suite, mais peut-être dans les années à venir. Ce n'est pas simplement au niveau politique que cette influence se joue, mais également au sein des administrations, au sein de tout un ensemble de corps de l'état où les anciens militants étudiants, et bien, se font recruter et exercent désormais une influence aussi importante. »

BBC : «Est-ce que les médiateurs de la crise ivoirienne ont utilisé justement l'appartenance à la FESCI de deux camps, qui étaient opposés en Côte d'Ivoire ? »

R.B. : «Les témoignages que j'ai pu recueillir, notamment auprès de Sidiki Konaté, indiquent qu'effectivement ces solidarités militantes-là ont joué un rôle assez important dans les négociations. C'est par exemple, qui est assez paradoxal, Blé Goudé qui a fait accepter à son camp la nomination de son « frère », comme il l'appelle désormais, Guillaume Soro à la Primature. Donc, oui effectivement ces solidarités ont pu jouer jusqu'à quel point, je ne peux pas vraiment le mesurer. »

Richard Banegas, spécialiste de la Côte d'Ivoire, au micro de Rinaldo De Pagne.