RFI- Edition de 7 heures 30

Présentation : Sonia Rolley

█ Le panel des cinq chefs d'Etat désignés par le dernier sommet de l'Union Africaine pour mener une médiation en Côte d'Ivoire n'a pas encore véritablement commencé son travail. Mais les deux camps rivaux, ceux du président sortant Laurent Gbagbo, et de son rival Alassane Ouattara, ont déjà émis de sérieuses réserves, même si personne ne se risque à récuser ce panel d'entrée de jeu. A Abidjan, les précisions de Norbert Navarro :

« Avant même le début de la nouvelle médiation de l'Union Africaine, les deux camps rivaux ivoiriens prennent date avec elle, en émettant des réserves sur le panel des cinq chefs d'Etat. Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, sans attendre prévient ainsi que Laurent Gbagbo opposera une fin de non recevoir au panel. Lequel est aussi critiqué par le camp opposé, mais pas pour les mêmes raisons. Le chef des jeunes patriotes, partisan de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, ne souhaite pas une bonne arrivée à l'un des cinq membres du panel, le président burkinabé Blaise Compaoré. « C'est un belligérant », lance le ministre Blé Goudé, « son pays continue d'être l'arrière base de la rébellion ». Pour autant, les deux camps acceptent cette nouvelle médiation. Dans le camp Gbagbo, Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement, souligne que la création du panel rejoint le souhait de Laurent Gbagbo de voir une commission mise en place pour résoudre la crise. Et dans celui d'Alassane Ouattara, la porte-parole, Anne Ouletto, dit ne nourrir aucune crainte relative au panel. La médiation va donc pouvoir commencer à travailler. Pour chaque camp, il sera toujours temps dans un mois d'éventuellement rejeter ces conclusions en déclarant : nous vous l'avions bien dit. Norbert Navarro, Abidjan, RFI »

Oui ce panel a en effet un mois pour émettre des décisions qui seront, selon l'Union Africaine, contraignantes pour les deux camps.

█ Dans ce contexte les ministres des finances de l'UEMOA, l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, affichent leur fermeté.
Une réunion extraordinaire s'est tenue hier au siège de la BCEAO, la Banque Centrale de la zone monétaire à Dakar. L'UEMOA a mis en garde le camp du président sortant Laurent Gbagbo contre toute opération illégale visant sa banque d'émission, la BCEAO en Côte d'Ivoire. Depuis le 26 janvier des éléments des forces de défense et de sécurité restés fidèles à Laurent Gbagbo occupent sur ordre les agences de la BCEAO. Une occupation condamnée par les ministres de l'organisation sous régionale ouest africaine. Mais aucune mesure précise de rétorsion n'a été officiellement annoncée pour le moment. A Dakar, les précisions de Laurent Koro :

« C'est un ton solennel qu'a emprunté dès la cérémonie d'ouverture de ce conseil extraordinaire, Jose Mario Vage, le ministre des Finances de Guinée Bissau. La situation est grave, lance le responsable pour accueillir ses collègues et il explique en substance après la décision de reconnaitre le gouvernement Ouattara comme le seul habilité à effectuer des mouvements sur les comptes de l'Etat ivoirien, les locaux de la banque Centrale en Côte d'Ivoire ont été investis par des partisans du président sortant Laurent Gbagbo. Le personnel a été réquisitionné, il a été contraint en présence de la force publique à effectuer plusieurs opérations. Depuis lors, explique le ministre, l'agence principale d'Abidjan ne répond plus aux injonctions et aux instructions du siège. Ces actes sont sans précédent dans l'Union. Les discussions sont ouvertes. Le communiqué final est diffusé dans l'après midi. Les ministres n'y révèlent pas leur préconisation au président en exercice de l'Union. Mais lancent une mise en garde. Ils condamnent fermement l'occupation des locaux de la BCEAO en Côte d'Ivoire, de même que je cite « l'exécution illégale et frauduleuse des opérations qui y ont été effectuées. » Pour les ministres de l'UEMOA, ces faits constituent une violation flagrante des engagements internationaux pris par la Côte d'Ivoire. Laurent Koro, Dakar, RFI. »