Revue de presse internationale du 7 juin 2010

7 juin 2010

Revue de presse internationale du 7 juin 2010







Côte
d'Ivoire - Octobre ou le chaos ?





Hebdomadaire Jeune Afrique – 6 au 12 juin 2010 –


Dans cinq mois, le chef de l'Etat pourra célébrer ses dix ans au
pouvoir. Deux mandats et toujours pas de légitimité issue des urnes. Le statu
quo pourra-t-il perdurer au-delà de cette échéance hautement symbolique ?





Laurent Gbagbo est bien parti pour terminer son « mandat cadeau » comme disent
ses opposants, obtenu après cinq premières années d'un mandat issu de l'élection
très contestée, d'octobre 2000. Ce n'est plus qu'un secret de polichinelle : la
présidentielle reportée depuis plus de cinq ans, aura lieu au mieux en octobre
prochain. Cette date est symbolique. Après si le scrutin n'a pas lieu tout est
possible...Il semble cependant que la date d'octobre ait reçu l'aval de l'ancien
Premier ministre Alassane Dramane Ouattara et de même de Henri Konan Bédié, dont
le parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) maintien officiellement  qu'il est
possible d'organiser les élections dès le mois d'août...Il reste de toute façon,
avant d'arriver l'organisation d'un scrutin, encore beaucoup de problèmes à
régler, dont l'épineuse question du recensement électoral. Le chef de l'Etat est
convaincu que la liste est truffée de Maliens, Guinéens, de Burkinabé...qui se
seraient frauduleusement inscrits et seraient favorables au candidat
Ouattara...Choi Young-Jin, le représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu
en Côte d'Ivoire a beau déclarer que « la liste est crédible et équilibrée »,
Gbagbo reste sceptique...Le problème du fichier n'est pas l'unique point de
blocage. Il reste aussi celui du désarmement des Forces Nouvelles (FN,
l'ex-rébellion qui occupe le nord du pays). Un des avenants à l'accord e
Ouagadougou indique que les opérations de désarmement et de cantonnement doivent
être terminées au moins deux mois avant le scrutin. Jusqu'ici, avec des raisons
et arrière-pensées différentes, les protagonistes ont fait mine d'oublier cet
engagement... « Malgré le retard accumulé...la machine peut se remettre très vite en
marche, indique une source proche de la Sagem, l'opérateur technique chargé du
recensement et la population et de l'enrôlement des électeurs...L'élection peut se
dérouler convenablement en septembre.» Les contraintes techniques peuvent donc
être levées. Reste la volonté politique.

[...]





Crise ivoirienne: Ces palabres interminables qui n'accouchent de rien,
L'Observateur Paalga, 7 juin 2010-

Sans doute, c'est en jetant un regard sur le rétroviseur de sa médiation que
Blaise Compaoré, le médiateur attitré de la crise ivoirienne, a lâché, un
tantinet lassé, qu'au-delà de 2010 il pourrait prendre ses distances avec ce
brûlot ouest-africain qui n'en finit pas de feindre de s'éteindre pour se
rallumer de plus belle. Cette sortie du président du Faso, le 2 juin 2010 sur
France 24, ressemble fort bien à une forme de chantage diplomatique pour mettre
non seulement les protagonistes ivoiriens devant leurs responsabilités, mais
aussi la pression sur la communauté internationale. Cette prise de position du
chef de l'Etat burkinabè s'explique également par son programme, en ce second
semestre 2010, qui voit poindre une présidentielle, avec ce qu'un tel événement
comporte comme activités politiques pour celui qui sera candidat à sa propre
succession. D'ailleurs, l'annonce de cette retraite n'est pas pour déplaire aux
Burkinabè, qui estiment que leur président, qu'on sait calme et pondéré, doit
souvent élever la voix pour rééquilibrer les choses (...). Promis par la classe
politique pour être de nouveau sur les rails en mai, le processus électoral
tarde, un mois après, à reprendre. Les deux têtes de l'exécutif, Gbagbo et Soro,
ont, chacun en ce qui le concerne, sa méthode ; même si, officiellement, les
voix semblent s'accorder. Il est évident que les positions sont inconciliables
en ce qui concerne le fichier électoral provisoire. Un fichier qui a donné lieu
à des échanges Gbagbo-Soro et Bakayoko, le patron de la CENI, le 3 juin dernier,
qui, comme d'habitude, ont accouché de points consensuels, selon le mot du
Premier ministre. On connaît souvent la suite... La problématique de la liste
grise et de la liste blanche qui cristallise tous les blocages sera au cœur des
débats lors de la réunion Soro-ADO-Bédié, annoncée par le chef du gouvernement,
pour les prochains jours (...) Aujourd'hui, aucun prophète politique n'ose encore
esquisser de date pour ce scrutin majeur. Chaque camp se dit pressé d'en
découdre avec l'autre. Alors, pourquoi cette lenteur sciemment entretenue ?
Quelque part, quelqu'un ne joue pas sa partition et la Côte d'Ivoire a beau
avoir 100 facilitateurs, la résolution de sa crise reste d'abord l'affaire des
Ivoiriens eux-mêmes. La mise entre parenthèses du déficit de confiance serait un
début de solutionnement d'une crise qui plombe ce pays depuis près d'une
décennie. Laurent Gbagbo n'a pas foi aux ex-croquants du Nord de son pays et on
ne saurait lui donner tort : les ex-rebelles ont pris les armes pour le
renverser et, n'eût été sa témérité pour revenir de Rome et reprendre les choses
en main, il serait aujourd'hui un ex-chef d'Etat, à l'image d'un Ange-Patassé et
d'un Ould Taya. Les Forces nouvelles non plus n'ont pas confiance en Gbagbo.
C'est de bonne guerre, car ils savent que Gbagbo, qui a la rancune tenace,
n'hésitera pas, à la première occasion, à les réduire à néant. Du reste, le
président ivoirien n'a jamais fait mystère de sa volonté de désarmer de gré ou
de force les ouailles de Soro, dès qu'il serait réélu. Ce qui est de bonne
guerre : la tête du roi appartient à celui qui n'a pas peur de perdre la
sienne ! Ce sont les conséquences d'un coup d'Etat mal préparé. Sans la
restauration de cette confiance, en terre d'Eburnie, on pédalera dans la
choucroute. Un homme qui se pose beaucoup de questions, c'est sans doute le
facilitateur Blaise Compaoré, qui a mis tout son crédit et son énergie dans la
résolution de cette crise. Sera-t-il roulé, lui aussi, dans la farine par le
boulanger de Cocody, comme se le demandait l'Observateur paalga au début de la
médiation burkinabè ?





Cote d'Ivoire : avancées et incertitudes politiques, VOA, 6 juin
2010-


De nouvelles manoeuvres politiques s'ouvrent cette semaine en
Côte d'Ivoire. Après le consensus de la classe politique sur la vérification de
la liste électorale provisoire, il reste à surmonter la délicate question du
désarmement des ex-rebelles. D'importantes concertations entrant dans la logique
d'une sortie de crise s'ouvrent cette semaine en Côte d'Ivoire. Les principaux
obstacles sur lesquels achoppe le processus électoral en cours ont désormais
pour noms : vérification de la liste électorale provisoire et désarmement des
ex-combattants, nous dit Saint-Claver Oula, notre correspondant à Abidjan.
L'opposition ivoirienne refuse l'audit de la liste électorale provisoire que le
camp présidentiel appelle de tous ses vœux. « Nous ne voyons pas la nécessite
d'un audit, dès lors que celui-ci a commencé depuis l'affichage des listings
provenant de cette liste », dit Alassane Salif Ndiaye, secrétaire général de
l'UDPCI, membre du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie te la
paix. Le camp présidentiel contre-attaque. « Celui qui dit qu'il ne faut pas
auditer cette liste, c'est qu'il n'aime pas la Côte d'Ivoire, c'est qu'il y ait
encore des problèmes en Côte d'Ivoire » rétorque Sokouri Bouhi, responsable des
élections au Front populaire ivoire, parti du président Laurent Gbagbo. « Nous
FPI, poursuit-il, nous ne voulons pas une deuxième guerre. »Toutefois, les
discussions entre le président de la République, le premier ministre et les
acteurs de la classe politique ivoirienne ont débouché sur un accord en fin de
semaine dernière. « Les techniciens des structures nationales élargis aux
techniciens des partis politiques ont pu convenir d'une méthodologie pour
vérifier la liste électorale provisoire et s'assurer qu'elle ne contient pas de
fraude » a notamment indiqué le premier ministre Soro.  Reste la délicate
question du désarment. L'encasernement des éléments à démobiliser a déjà eu
lieu.  Encore faut-il pouvoir leur verser cinq cents mille francs à ceux d'entre
eux qui auront fait cette option pour solde de tout compte. Les propos tenus en
marge du sommet Afrique-France de Nice par le facilitateur des pourparlers
inter-ivoiriens, le président burkinabè Blaise Compaoré, laissant entendre qu'il
pourrait se retirer si les élections n'étaient pas tenues d'ici la fin de cette
année sont venus compliquer un peu plus le problème ivoirien.




ADAMA DAHICO, HUMORISTE IVOIRIEN 
:
"Gbagbo, Bédié, Ouattara, trois dealers", Le pays, 7
juin 2010-


Présent à Ouagadougou dans le cadre du festival de films Ciné droit libre, Adama
Dahico, humoriste ivoirien, a bien voulu nous accorder un entretien. Outre son
métier, il parle dans les lignes qui suivent de sa candidature à la
présidentielle de son pays, ainsi que des autres leaders politiques et de
l'éventuel retrait du facilitateur Blaise Compaoré (...)





Que pensez-vous de la menace subtile du facilitateur de la résolution de la
crise ivoirienne de rendre sa démission si l'élection ne se tenait pas en 2010 ?




Blaise Compaoré ne menace pas. Ce n'est pas un fonctionnaire
international qui va voyager tous les jours et laisser les dossiers de son pays
ici. Si nous Ivoiriens, nous ne pouvons pas nous entendre à un moment donné,
pour prendre notre destin en main, et on fatigue le monsieur, le peuple
burkinabè va lui dire, mais il faut arrêter de te promener et venir gérer nos
problèmes. Si en 2010 il n'y a pas d'élection et qu'il se retire, je le soutiens
parce qu'il a beaucoup fait pour nous. Non seulement c'est notre beau, mais
aussi c'est un digne fils du Président Félix Houphouët Boigny, qui veut la paix.
Mais il nous appartient à nous Ivoiriens de savoir rechercher cette paix.

Donc, Blaise Compaoré,
tu as raison.


 




Est-ce Laurent Gbagbo qui n'a pas envie d'aller à l'élection ?




Ce n'est pas Laurent Gbagbo seul, c'est tous les acteurs
politiques ivoiriens qui ne veulent pas aller à l'élection. Vous savez que les
Forces nouvelles sont à la primature, elles ne sont pas fatiguées. L'ONU n'est
pas fatiguée. Les partis d'opposition, ils ont leurs militants dans le
gouvernement. Ils ont 800 millions par an, l'argent du contribuable, comme
subvention de l'Etat. Vous voulez qu'ils se plaignent pour quoi. Ce ne sont pas
des opposants, ce sont des coopérants.

Ils ont des statuts d'anciens
présidents, ministres ; etc.




Que pensez-vous de l'état de la liberté d'expression en Afrique ?




Je crois que la liberté a un coût. Elle s'arrache, elle a un
prix. Si les Sankara, les Lumumba sont morts, c'est parce que quelque part il y
a un combat qui a été mené. Tant que nous vivrons sur la terre, nous ne serons
pas libres, nous serons toujours opprimés, et c'est à nous de nous battre pour
avoir cette liberté. Et ça commence par soi-même, par une prise de conscience et
de responsabilité personnelle.




Un dernier mot ?




Je voudrais quand même dire merci à toute l'organisation de Ciné
droit libre qui nous a donné l'occasion de nous rencontrer, Mamane, Gérard et
moi, sur une même scène pour procurer la joie et le bonheur au peuple ouagalais.
Je crois que l'Afrique, les peuples doivent s'unir. Si les humoristes peuvent
s'unir pour faire une tournée africaine et apporter le message aux gens, ce sera
une bonne initiative. Je remercie le public ouagalais pour son accueil
chaleureux, s'il a encore besoin de nous, c'est avec plaisir que nous
reviendrons.





Blaise Compaoré revient aux affaires domestiques, Fasozine, 6 juin 2010-
 
Grand «facilitateur» et «médiateur» reconnu par ses pairs, le chef de l'Etat
burkinabè Blaise Compaoré doit désormais faire face à ses propres affaires
domestiques qu'il semble avoir un peu trop abandonné ces deux dernières années.
Il devra assumer toute sa responsabilité de président-candidat à la
présidentielle du 21 novembre 2010. Au risque de paraître comme un président qui
est plus préoccupé par les problèmes des autres, il ne pourra pas continuer à
être entre deux avions toutes les semaines ou encore à ne s'occuper que la
recherche de solutions aux crises des autres pays. Les protagonistes de la crise
ivoirienne sont désormais avertis. S'il n'y a pas d'avancée significative d'ici
là vers l'organisation d'élections, la recherche du remède au mal de l'éléphant
d'Afrique devra se poursuivre sans Blaise Compaoré. Le moins que l'on puisse
dire, c'est que les Ivoiriens eux-mêmes paraissent bien préparés à cette
éventualité. Cela fait déjà longtemps qu'il n'y a pas eu de rencontre à
Ouagadougou. Certaines mauvaises langues susurraient même que le président
ivoirien, Laurent Gbagbo, ne voulait plus de la médiation de Compaoré. Vrai ou
faux?

Dorénavant, tout le monde est situé. Le président burkinabè n'aura
personnellement plus du temps à investir ailleurs que dans ses affaires
domestiques. Tant mieux pour les Burkinabè, qui avaient l'impression de partager
leur président avec d'autres pays, aussi frères soient-ils. Fini donc le temps
des médiations et des facilitations chez les autres. Place aux préoccupations du
Faso.