Revue de presse internationale du 19 mai 2010

19 mai 2010

Revue de presse internationale du 19 mai 2010







Côte
d'Ivoire : Les illusions du RHDP, Le Pays, 19 mai 2010-


Le président ivoirien Laurent Gbagbo continue la tournée des
domiciles des leaders de l'opposition de son pays. En l'espace d'une semaine, il
s'est rendu dans les résidences de deux de ses principaux contradicteurs
politiques. En effet, après l'ancien président Henri Konan Bédié le lundi 10 mai
dernier, Laurent Gbagbo a rendu visite avant-hier à l'ancien Premier ministre
Alassane Dramane Ouattara (ADO) (...)  A première vue, les rencontres séparées
avec les principaux responsables du Rassemblement des houphouëtistes pour la
démocratie et la paix (RHDP) initiées par Laurent Gbagbo, semblent avoir relancé
le processus de sortie de crise ; Tout tournait au ralenti sur les bords de la
lagune Ebrié au point que la jeunesse du RHDP ait voulu marcher le 15 mai
dernier pour exprimer son ras-le-bol. Et les responsables de ce rassemblement
ont eu du mal à leur faire renoncer à leur projet (...) Quelle garantie ont-ils
eue pour devenir subitement dociles ? Laurent Gbagbo est-il devenu sincère au
point que ses opposants irréductibles lui donnent de bon Dieu sans confession ?
Peut-être que le chef de l'Etat a donné des gages aux principaux responsables du
RHDP qu'il mettra tout en oeuvre pour que la nouvelle date soit respectée
(...)Toutefois, il faut d'abord attendre de savoir à quelle période la nouvelle
date sera fixée ; est-ce avant le 7 août, date de l'indépendance de la Côte
d'Ivoire qui correspond cette année à 50 printemps ? Ou sera-ce en octobre comme
beaucoup le susurrent depuis le dernier report de fin février début mars 2010 ?
Les nombreux reports de la présidentielle ont fini par rendre sceptiques
beaucoup de personnes. Celles-ci sont devenues des St Thomas qui attendent de
voir avant de croire. Pour elles, c'est se faire beaucoup d'illusions que de
penser qu'une élection présidentielle peut se tenir en Côte d'Ivoire en 2010.
Beaucoup d'occasions ont été ratées du fait d'un manque de sincérité des
acteurs. Si certains oeuvrent pour que le pays sorte de la crise, d'autres
travaillent, dans le même temps, pour que la situation perdure. Sous cet angle,
la Côte d'Ivoire ressemble à une chaumière de singes en chantier. Les uns y
mettent de la paille, les autres en retirent. Plus d'une fois, on pensait le
chemin de la présidentielle dégagé quand des obstacles majeurs y ont été
sciemment érigés au dernier moment. Et dans la plupart des cas, les partisans du
chef de l'Etat, si ce n'est pas lui-même, se révèlent être les auteurs de ces
obstacles. On se demande donc si ces manoeuvres ne vont pas se répéter quand la
nouvelle date sera fixée. A moins qu'ils se sentent finalement fatigués pour ne
plus entraver la bonne marche du processus. Il reste à savoir si le RHDP a
toujours conscience de la forte probabilité de ces blocages. Il ne s'agit pas de
pousser ce regroupement au radicalisme. C'est une bonne chose que de mettre de
l'eau dans son vin. Mais il faut prendre garde à ne pas se faire rouler au point
de regretter d'avoir fait preuve de trop de naïveté, de modération et de
patriotisme. Car c'est toujours désagréable de perdre toutes ses illusions,
après avoir tant espéré.




 





Rencontre Gbagbo/Ouattara :


C'était en soi un événement, L'Observateur paalga, 19 mai 2010-

Les héritiers de Félix Houphouët-Boigny ont vendangé le capital construit dans
la fraternité, l'entente et la tolérance. Plongée depuis septembre 2002 dans la
crise politique qui a consacré sa partition en deux, la Côte d'Ivoire, jadis
havre de paix, peine ainsi à retrouver sa voie (...) Il n'en fallait pas plus pour
que la méfiance et l'inimitié s'installent davantage entre le camp présidentiel
et l'opposition, balayant ainsi l'espoir d'une élection imminente. Chaque partie
s'était donc inscrite dans une dynamique de démonstration de force tout en
affûtant ses armes pour parer à toute éventualité. C'est dans ce contexte que
l'actuel locataire du palais de Cocody a pris l'initiative de dialoguer avec ses
principaux adversaires. En effet, le 10 mai 2010, il a rencontré l'ancien
président Henri Konan Bédié, leader du Parti démocratique de Côte d'Ivoire
(PDCI), à son domicile. L'un des effets bénéfiques de cette entrevue est sans
conteste le report de la marche des jeunes de l'opposition samedi dernier,
laquelle était qualifiée de tous les dangers avec des risques réels
d'affrontements. Pour ne pas s'arrêter là le mari de Simone Gbagbo s'est rendu
au domicile du leader des Républicains, Alassane Dramane Ouattara (ADO), une
semaine après, précisément le 17 mai. Autour d'une même table pendant 1 heure 20
minutes, les deux hôtes ont réalisé un événement sur lequel bien peu d'analystes
auraient parié. La raison à cela, le président du Rassemblement des républicains
est vu comme l'ennemi public numéro 1 du pouvoir en place ; quelqu'un par qui
serait née cette crise dont on recherche jusque-là l'issue. C'est dire l'abîme
qui sépare les parties, chacune étant décidé à en découdre à tout le moins à
travers les urnes. Si le premier Ivoirien a accepté de se rendre au domicile
d'ADO, lui reconnaissant le droit d'aînesse, son geste est à saluer à juste
titre : "Ceux qui se sont éloignés se jettent des pierres", dit-on. La vertu du
dialogue tient à ce que, s'il est fait de façon sincère, permet de se comprendre
et de faire un pas vers l'autre dans l'intérêt commun. Or ce qui manque aux
protagonistes ivoiriens, c'est la sincérité, chacun s'échinant à faire des coups
tordus à l'autre en ignorant qu'il faut un minium de renoncement à soi et de
compromis lorsqu'on est en quête de paix. Ces 80 minutes de tête-à-tête ont
permis aux deux hommes d'afficher leur convergence de vues quant à la nécessité
de créer des conditions d'une élection dont les résultats ne seront pas
contestés. Pour cela, ils ont convenu d'œuvrer à l'établissement d'une liste
électorale "propre" et à la fixation prochaine de la date du scrutin après des
rencontres avec le Premier ministre, Guillaume Soro, et le président de la CEI,
Youssouf Bakayoko. Espérons que les rencontres d'échanges directs entre le chef
de l'Etat et ses adversaires ne sont pas une simple diversion pour avoir le
temps d'autres coups bas. Pour un événement, cette rencontre Gbagbo/Ouattara, au
domicile de ce dernier, en a été un ; il reste à réussir la tenue de l'événement
tant attendu, c'est-à-dire des élections justes et transparentes le plus tôt
possible. La fatigue, elle, est là depuis et visible chez tout le monde.