Revue de presse internationale du 14 Decembre 2010

14 déc 2010

Revue de presse internationale du 14 Decembre 2010








Côte d'Ivoire : le défi du premier ministre Soro, Le Figaro, 14 décembre 2010-


La Côte d'Ivoire, plongée dans une étrange léthargie depuis trois
jours, s'est brusquement réveillée. Le premier ministre Guillaume Soro, nommé
par le président élu Alassane Ouattara, a décidé de mettre un terme à l'impasse
dans laquelle se trouve le pays. Ce lundi, il a annoncé que, jeudi prochain, «le
gouvernement au grand complet marcherait sur la Radio télévision ivoirienne,
RTI, pour y installer un nouveau dirigeant». Le lendemain, Guillaume Soro et ses
ministres se rendront «à la primature (siège du gouvernement, NDLR) pour tenir
un conseil». L'opération sera délicate. Les bâtiments de la RTI, en plein centre
d'Abidjan, sont placés sous une forte surveillance militaire depuis plusieurs
jours. Quant aux locaux de la primature, ils ne se trouvent qu'à une centaine de
mètres du palais présidentiel où siège

Laurent Gbagbo
.
La réussite de la démarche amorcerait l'échec du coup de force électoral de
Laurent Gbagbo, qui, s'il est totalement

isolé sur la scène
internationale
, bénéficie toujours aujourd'hui de la réalité du
pouvoir. Le premier ministre est resté très laconique sur les moyens qu'il
entend employer pour briser l'enfermement d'Alassane Ouattara et de ses proches
dans le Golf Hôtel, un établissement où ils ont tous trouvé refuge il y a plus
de deux semaines (...)





Mettre l'armée à l'épreuve




Il a
justifié l'urgence par la « situation catastrophique des finances». «Les caisses
de l'État sont vides. Elles ont été siphonnées pour des achats massifs d'armes
et le paiement de miliciens». Depuis plusieurs jours, des rumeurs font en effet
état de l'entrée dans Abidjan de troupes parallèles en provenance du Liberia
voisin. Il s'agirait d'anciens guérilleros du Model, un ex-groupe rebelle
libérien largement financé par Laurent Gbagbo, qui avait contribué à la chute du
président Charles Taylor à l'été 2004. Mais aucune source indépendante n'a pu
confirmer ces mouvements. Derrière ce coup de poker, plus que la peur
d'éventuels miliciens, c'est la fidélité de l'armée à Laurent Gbagbo que
Guillaume Soro entend mettre à l'épreuve. Les Forces armées ivoiriennes (Fanci)
et la garde républicaine sont désormais au centre du duel entre Alassane
Ouattara et Laurent Gbagbo. C'est en effet la loyauté du commandement militaire
qui, plus que tout, permet à l'ancien président de se maintenir. Ce lundi, des
forces militaires ont ainsi établi pendant quelques heures un blocus autour du
Golf Hôtel. En coulisses, les diplomates enjoignent les militaires à rester
neutres. Quitte à se montrer plus menaçants. Ainsi, le message de la Cour pénale
internationale (CPI), affirmant «surveiller» la situation en Côte d'Ivoire n'est
pas passé inaperçu dans les casernes. De son côté,
l'Union européenne a accru la pression sur le régime de Laurent Gbagbo

en décidant de le sanctionner, via des restrictions de visas et un gel d'avoirs.





Laurent Gbagbo prolonge le couvre-feu en Côte d'Ivoire, Le Nouvel Observateur,
13 décembre 2010-

Il doit être maintenu jusqu'au 21 décembre.
Le contexte post-électoral demeure tendu, avec deux présidents proclamés. Le


couvre-feu
,
instauré à la veille de l'élection présidentielle en

Côte d'Ivoire
le 28 novembre et qui devait s'achever mardi matin, a été


prolongé

d'une semaine mais allégé de quelques heures, selon un décret de Laurent Gbagbo
lu lundi 13 décembre à la télévision publique. Le couvre-feu est prorogé
jusqu'au mardi 21 décembre et sera en vigueur de 24h à 5h heure locale, au lieu
de 22h à 5h auparavant, indique le texte. Cette décision survient alors que le
pays reste après le scrutin déchiré entre deux présidents proclamés,



Laurent Gbagbo
et son rival

Alassane Ouattara
,
reconnu chef de l'Etat légitime par la communauté internationale. Des forces de
sécurité fidèles à Laurent Gbagbo ont bloqué lundi pendant plusieurs heures
l'accès à l'hôtel qui sert de QG à Alassane Ouattara à Abidjan, premier
face-à-face armé entre les deux camps en deux semaines de crise.





Abidjan: le QG de Ouattara accessible après le blocus de lundi, AFP, 14 décembre
2010-

L'hôtel d'Abidjan servant de QG à Alassane Ouattara, l'un des deux présidents
proclamés de Côte d'Ivoire, restait accessible mardi matin après avoir été
bloqué pendant quelques heures lundi par les forces de sécurité fidèles à son
rival Laurent Gbagbo, a constaté l'AFP. Sur l'unique route menant au Golf hôtel,
dans le quartier chic et verdoyant de Cocody, deux barrages filtrants étaient en
place mardi avant 09H00 (locales et GMT) comme lundi soir, à quelques centaines
de mètres de part et d'autre de l'entrée principale du bâtiment, mais la
circulation restait fluide. A chacun des deux barrages, une dizaine de Casques
bleus de la mission onusienne Onuci et de membres des forces de sécurité étaient
postés, et sur un seul de ces deux points procédaient à des fouilles de
véhicules, a-t-on constaté. Devant l'entrée de l'hôtel situé au bord de lagune,
une dizaine de chars des Nations unies étaient positionnés (...)





Gbagbo Advisor Rejects E.U. Sanctions as 'Irrelevant, Unjust',
VOA, 13 December 2010-
 
A special advisor to Ivorian President Laurent Gbagbo has described as
irrelevant the European Union's imposed sanctions following last month's
disputed presidential run-off vote. Ambassador Yao Gnamien also warned African
countries that the international community could soon, in his words, be meddling
in their internal affairs. "What kind of judge is the European Union that they
don't want to listen to the position (or) statement of President Gbagbo? And, I
think what is going on in Cote d'Ivoire must be a kind of lesson for the
(entire) African continent. So, we must be careful because after Ivory Coast,
which will be the country which will experience this kind of injustice?" asked
Gnamien. "I think that the decision of the European Union is not just, it is a
kind of injustice and we need to combat this kind of situation. We must stand;
we must unite, to fight against this kind of selective attitude of the European
Union." The sanctions are aimed at putting pressure on embattled President
Gbagbo to step down and hand over power to former Prime Minister Alassane
Ouattara, who is internationally-recognized as having won of 28
th
November presidential run-off vote (...) European Union foreign ministers met
Monday in Belgium's capital, Brussels, and agreed to impose financial and travel
sanctions on Mr. Gbagbo and his close allies unless he leaves office. Mr.
Ouattara's would-be Prime Minister, Guillaume Soro, said he and his supporters
will take charge of government buildings later this week. Ambassador Gnamien
told VOA the ongoing impasse should be an example to all African countries about
what he said was the international community's refusal to be impartial in
resolving the ongoing crisis. "When a country like Cote d'Ivoire wants to be an
economic power in the sub-region, those who don't want the African people to
develop, they imagine any kind of scenarios to, let's say, pull down this
country. This is the case in Cote d'Ivoire," said Ambassador Gnamien. Meanwhile,
tension is escalating in Ivory Coast where troops loyal to Mr. Gbagbo blocked
roads to the hotel housing Mr. Ouattara (...)






Côte d'Ivoire : Ces médias qui jouent à un jeu dangereux, Le Pays, 13 décembre
2010-



La guerre des médias fait rage en Côte d'Ivoire. Les démons de la
presse partisane refont surface avec plus de violence, à la faveur de la crise
politique qui secoue durement le pays (...). A l'heure actuelle, le camp Gbagbo a
la haute main sur les médias d'Etat, surtout la RTI. Ce sont, entre autres, les
experts défendant la position du candidat de la majorité présidentielle qui ont
accès aux différents plateaux de la télévision nationale. Cela n'est pas anodin
quand on sait que la télévision est un des outils les plus familiers des
Ivoiriens en ce qui concerne l'accès à l'information. Par le truchement de ce
canal, le camp Gbagbo informe (ou désinforme) ses militants et partisans situés
aux quatre coins de la Côte d'Ivoire. En tout cas, depuis un certain temps, les
médias publics ne distillent que des messages favorables au président sortant.
Pas d'autre son de cloche. C'est de bonne guerre, diront d'aucuns. Seulement, il
y a lieu de reconnaître que dans un tel climat, le risque d'évoluer vers une
pensée unique, un endoctrinement dangereux des populations, n'est pas à écarter.
Le camp de Alassane Ouattara vient de décider de lancer sa propre radio. C'est
sûrement dans l'optique de combler son retard en matière d'information et de
communication avec les Eburnéens de l'intérieur que cette décision a été prise.
Une façon de faire contrepoids à ces médias publics, surtout audiovisuels. La
déchirure du pays s'aggrave donc. La tension entre les deux camps est même
montée d'un cran hier aux alentours de l'hôtel du Golf où se trouvent Alassane
Ouattara et son équipe. Pendant ce temps, la pression de la communauté
internationale sur le camp Gbagbo reste de mise. L'Union européenne vient de
décreter des sanctions à l'encontre de ceux qui bloquent le processus. Outre les
médias d'Etat, les médias proches des deux parties, surtout la presse écrite,
font montre d'un certain zèle dans la défense de la position de leur mentor et
ce, souvent envers et contre les règles les plus élémentaires de la déontologie.
Rien de ce qui peut faire mal à l'adversaire n'est négligé dans cette bataille
fratricide. Des documentaires brûlants aux relents xénophobes sont diffusés et
des informations explosives, publiées. Des horreurs qui ont heurté les
consciences à travers le monde comme le génocide rwandais interviennent
dangereusement dans la campagne de propagande de certains médias. Au regard de
cela, on est fondé à penser que ces médias jouent à un jeu vraiment dangereux
(...). Toujours est-il que cette guerre des médias, si on n'y prend garde, risque
d'envenimer la situation et de conduire droit à un affrontement physique des
protagonistes. Conscients de cela, les médias ivoiriens dans leur ensemble, et
surtout ceux d'Etat, doivent faire preuve d'une hauteur de vue, de modération,
bref, de responsabilité en ces heures graves que traverse le pays. Ils doivent
faire oeuvre utile en contribuant à apaiser les esprits et à trouver une issue
pacifique et rapide à la crise.




Côte d'Ivoire 
:
"Arrêtons d'agiter des épouvantails pour discuter", L'Observateur paalga, 14
décembre 2010-
 
Deux semaines après la tenue du second tour de la présidentielle, la Côte
d'Ivoire a toujours deux présidents, deux premiers ministres et deux
gouvernements. Et la quasi-totalité des commentateurs, observateurs et analystes
crient haro sur l'usurpateur Laurent Gbagbo, qui a arraché par des contorsions
légales un pouvoir légitimement dû à Alassane Dramane Ouattara. Tel ne semble
pas être le sentiment à l'Union nationale pour la démocratie et le développement
(UNDD) de Me Hermann Yaméogo, qui refuse de hurler avec les loups, rappelant la
primauté du droit et demandant de prioriser le dialogue ; une approche à tout le
moins originale ou plutôt inédite. C'est la substance de la déclaration
suivante, signée de son secrétaire général aux Relations extérieures, Deval
Millogo.





Privilégier le dialogue




S'il
faut arrêter d'agiter des épouvantails pour discuter, dialoguer, comme c'est le
propre de l'homme raisonnable, comme c'est la mission première des Etats
pourvoyeurs de sécurité et des Nations unies, gendarme de la paix, une palette
de solutions existe. La première pourrait consister en la reprise de l'élection
dans les zones litigieuses, sur la base d'un consensus et après avoir éliminé
toutes les conditions handicapantes à la tenue transparente, équitable,
sécurisée du scrutin.


Une négociation entre les deux présidents, proclamés par le
Conseil constitutionnel (Laurent Gbagbo) et la Commission électorale
indépendante (Alassane Dramane Ouattara), est possible. Epaulés ou non par de
bonnes volontés (personnes physiques, ONG, Etats ou institutions
internationales) ; cette négociation pourrait aboutir à une réforme des
institutions visant ; entre ; le point focal de la mutation du régime
présidentiel en régime parlementaire pur avec un président de la République et
un président du Conseil. On peut même aller au-delà pour réaliser un partage du
pouvoir, à l'exemple du Togo, voire un nouveau découpage de l'espace national
qui promeuve, à défaut d'Etats fédérés ou confédérés, des régions autonomes. Ces
solutions ont l'avantage de transcender les ego des deux présidents proclamés
afin de s'attacher à la recherche d'une sortie de crise durable. Il faut ici se
convaincre que si la violence globale ne peut être envisagée comme une solution
au problème, celle misant sur l'élimination d'un des protagonistes ne saurait
non plus résorber définitivement cette rupture d'harmonie profonde entre
Ivoiriens. Elle ne ferait que les aviver, voire les « siciliser ». Le
Facilitateur, à notre entendement, ne saurait abdiquer de ses responsabilités.
Nous pensons au contraire que sa position actuelle, à équidistance entre les
adversaires, est indiquée. Elle découle de la substance de la facilitation, de
la nature des relations entre nos deux pays que l'on compare à la langue et aux
dents, obligés de faire tandem dans la bouche. Cette option, instruite par le
passé, traduit un souci de ménager l'intérêt de nos compatriotes vivant en Côte
d'Ivoire. Ce ne sont ni les USA ni la France, qui vantent actuellement leurs
aptitudes à régler avantageusement les crises régionales, qui verront d'un
mauvais œil qu'il garde la main pour une amiable composition dans celle de la
Côte d'Ivoire. Nous nous félicitons du reste à l'UNDD que dans son message du 10
décembre 2010 Blaise Compaoré ait fait la promesse de garder le cap en matière
de contribution à la résolution des conflits. Nous invitons enfin les juristes,
les religieux, les hommes de bonne volonté attachés à la primauté du Droit, à la
culture de la paix et du dialogue à redoubler d'efforts pour que les Ivoiriens
démontrent qu'ils ont compris les enseignements plus suppliants aujourd'hui
qu'hier de feu le président Félix Houphouët Boigny, le père de la nation, et qui
l'amenaient à marteler que « la paix n'est pas un vain mot, mais un
comportement
 », que « le dialogue est l'arme des forts et non des faibles »
et que « dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et
durable, on ne doit pas hésiter un seul instant à recourir avec obstination au
dialogue
 ». Tout le monde ici peut faire la sourde oreille, sauf les
héritiers.




Tiken Jah
Facoly demande à Gbagbo de quitter le pouvoir, Fasozine, 13 décembre 2010-

La
star ivoirienne de reggae, Tiken Jah Fakoly demande à Laurent Gbagbo de
«reconnaître sa défaite et de quitter le pouvoir» au profit de Alassane
Ouattara.


L'appel a été lancé le dimanche 12 décembre 2010, lors d'une conférence de
presse. Les stars ivoiriennes, bien qu'étant éloignées de leur Côte d'Ivoire
natale, n'en sont pas moins préoccupées par l'actualité nationale, surtout en
cette période de crise postélectorale. En effet, après les regrets de Didier
Drogba mardi dernier quant à la situation actuelle de son pays, c'est au tour de
Tiken Jah Fakoly de monter au créneau. Mais lui, n'y est pas allé du dos de la
cuillère. Il demande catégoriquement à Laurent Gbagbo de «reconnaître sa défaite
et de quitter le pouvoir» au profit de Alassane Ouattara. «Tous les candidats
ont pu librement faire campagne au Nord, au Sud, à l'Est et à l'Ouest du pays et
Alassane Ouattara a gagné. Donc Gbagbo doit partir», a-t-il argumenté. Il
demande cependant à ce qu'on trouve, à ce dernier, une porte de sortie. Car
dit-il, «nous sommes aujourd'hui dans un village planétaire et quand le monde
entier vous (Gbagbo, ndlr) parle, vous devez écouter. Il y a eu trop de morts en
Côte d'Ivoire. Nous ne voulons plus que le sang coule». Le reggae-man ivoirien
assure que Laurent Gbagbo «n'a plus le soutien de toute l'armée ivoirienne».
Pour lui, son seul soutien, c'est la télévision ivoirienne et «le jour où il ne
la contrôlera plus, c'est terminé!» Tout en rassurant Alassane Ouattara de sa
présence «pour dire toujours ce qui ne va pas», Tiken Jah a demandé à ses
compatriotes d'œuvrer pour la paix et le respect des urnes.