REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE DU MERCREDI 14 AOÛT 2013
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, veut régler la délicate question de la
nationalité et de la propriété foncière.
Mais il se heurte aux vieux réflexes nationalistes hérités des
régimes précédents.
Jeuneafrique.com
- « L´année 2013, avec la fin du cycle électoral, doit être celle où nous
devrons régler cette question de la nationalité et du foncier. » En prononçant
ce discours, début mai, à l´issue de sa visite dans la région du Tonkpi, dans
l´ouest de la Côte d´Ivoire, Alassane Dramane Ouattara (ADO) n´imaginait
peut-être pas la tâche si ardue, à propos d´un sujet qui divise les Ivoiriens
depuis des décennies. Les partisans de Laurent Gbagbo, le président déchu, ont
rapidement dénoncé la volonté du chef de l´État de recruter du « bétail
électoral » pour 2015, en naturalisant massivement 950 000 apatrides. Même le
Parti démocratique de Côte d´Ivoire (PDCI), fidèle allié au pouvoir, a émis des
réserves. Pour certains cadres de la formation houphouétiste, comme Kouadio
Konan Bertin, une alliance avec les partis soutenant Gbagbo est même
envisageable.
Il faut dire que le sujet est sensible. Depuis la fin des années 1990 et les
crispations autour de « l´ivoirité », propriété des terres et citoyenneté sont
intimement liées (la seconde étant la condition de la première). Dans un pays à
vocation agricole, qui dès l´époque des indépendances africaines, a bâti sa
prospérité au moyen de la culture exportatrice du cacao et du café, désigner
celui à qui appartient la terre revient à dire qui possède une partie de la
richesse de la nation. « Devant les tribunaux, 80 à 90 % des affaires concernent
les litiges fonciers, explique Mamadou Koulibaly, ancien président de
l´Assemblée nationale. Mais les juges n´ont souvent pas les moyens pour trancher
».
À qui appartient la terre ? À l´État, bien sûr, mais aussi aux Ivoiriens qui
doivent faire établir des titres fonciers depuis la loi foncière de 1998. Les
étrangers – individus ou sociétés – peuvent aussi louer les terres afin de les
cultiver. ADO souhaite qu´on accélère la mise en oeuvre de cette loi et a confié
cette tâche délicate à Mamadou Sangafowa Coulibaly, le ministre de
l´Agriculture. Toute la difficulté consiste notamment à faire accepter aux
propriétaires coutumiers l´immatriculation de leur terre au registre foncier.
Ils sont parfois réfractaires aux démarches administratives et au coût que
celles-ci impliquent.
La relecture du code sur la nationalité, quant à elle, a échu au ministre de la
Justice Gnénéma Mamadou Coulibaly. Alors que beaucoup s´attendaient à voir la
réforme intervenir au moyen de la création d´une loi, le gouvernement a plutôt
choisi de faire entrer dans le droit national une convention onusienne sur la
réduction des cas d´apatridie signée par la Côte d´Ivoire en 1961. Lancée
mi-juillet, la procédure d´urgence permettant au chef de l´État d´intégrer ce
nouveau texte n´a pas abouti avec la facilité escomptée, et a révélé les
crispations partisanes et les clivages idéologiques qui traversent la grande
alliance au pouvoir.
Procédure d´urgence, procédure sommaire ! » a ainsi objecté le groupe
parlementaire PDCI-RDA, qui malgré son alliance avec le RDR d´Alassane Ouattara
au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP)
a demandé et obtenu l´ajournement de la discussion à l´Assemblée nationale, le
19 juillet. Henri Konan Bédié, le président du PDCI, n´est lui favorable qu´à la
naturalisation des personnes nées avant 1961 en Côte d´Ivoire. Les élus PDCI
estiment plus généralement que la question des apatrides n´a rien de
prioritaire. Invoquant l´exemple des 8 133 individus régularisés à Bouaflé
(Centre) en mars, sans qu´il n´ait été besoin de recourir à une convention
internationale, ils considèrent que leur situation peut être réglée au cas par
cas en s´appuyant sur la loi déjà existante. « Le président a envoyé cette
question en urgence parce qu´il estime qu´elle doit être traitée le plus
rapidement possible. Les problèmes de nationalité empoisonnent notre vie
politique depuis des années. Nous estimons qu´à un moment donné il faut décider
», commente Joël Nguessan, porte-parole du RDR. D´autres raisons avancées par le
parti d´Henri Konan Bédié révèlent des craintes bien différentes que la simple
naturalisation massive à des fins électorales. « Les personnes qui auront acquis
la nationalité ivoirienne pourront, par l´effet de cette convention,
légitimement prétendre à la propriété foncière », s´inquiète de fait le groupe
parlementaire PDCI. En d´autres termes, la terre de Côte d´Ivoire ne saurait
appartenir à des individus encore considérés comme des étrangers.
Mise en valeur des terres
Le réflexe de l´ivoirité est encore vivace, ainsi que le confirment ces propos
tenus par Sivori Boga, chef du service politique du quotidien Notre voie, titre
de la presse bleue, dite pro-Gbagbo. « Si on leur donne la nationalité, c´est
comme si on les installait de force sur nos terres. Ils ne seront pas ivoiriens
dans leur cœur ni dans leur esprit », s´indigne ce compagnon de route de
l´ex-président. Chef d´un village situé dans l´Ouest depuis 2006, il affirme
même être témoin du refus des expatriés burkinabè de s´intégrer aux communautés
autochtones. Des polémiques qui ne semblent pas perturber le RDR. « Ce qui nous
importe, c´est la mise en valeur des terres, ce n´est pas la propriété. Et de
toute façon, rien ne prouve qu´un régularisé aura systématiquement des vues sur
la terre », affirme Joël Nguessan. La tentative avortée du 19 juillet pourrait
n´être, finalement, qu´un ballon d´essai afin de prendre la mesure de la
contestation. Dans le parti d´ADO, on jure que le projet sera remis sur la table
à la prochaine session parlementaire qui s´ouvre le 2 octobre, voire plus tôt,
lors d´une session extraordinaire.
Un très vieux contentieux
Si dès 1963, le père de la nation Félix-Houphouët Boigny évacue très
astucieusement le contentieux du foncier en déclarant que « la terre appartient
à celui qui la met en valeur », son successeur, Henri Konan Bédié, casse sa
jurisprudence en décembre 1998, en faisant voter une loi sur le domaine foncier
rural qui stipule que seuls les Ivoiriens peuvent être propriétaires de ces
terres. En pleine crise de l´ivoirité, possession terrienne et citoyenneté
s´entremêlent au même moment où les critères d´accession à la nationalité se
durcissent. Dans l´administration ivoirienne, le délit de patronyme est courant.
Les populations dont les noms ont une consonance nordique sont obligées de
fournir une multiplicité de documents afin de prouver leur nationalité. Cette
pratique se perpétue lorsque Laurent Gbagbo s´installe au pouvoir en octobre
2000, certains cadres du FPI continuant à surfer sur la vague. Le 19 septembre
2002, la rébellion – qui prendra, quatre mois plus tard, le nom de Forces
nouvelles – se déclenche au motif que de nombreux Ivoiriens n´ont pas droit à
leur carte d´identité. En janvier 2003, les accords de Marcoussis, qui visent à
mettre fin à la guerre, tentent de régler le fond du problème. Sur la
nationalité, les protagonistes adoptent un nouveau règlement qui stipule que
toutes les personnes présentes sur le sol ivoirien avant 1961 peuvent obtenir
leur pièce d´identité, et demandent que tous ceux nés avant 1972 bénéficient du
droit du sol. Ils confirment par ailleurs la loi foncière de 1998 et demandent
même son application. Mais, dix ans plus tard, elle n´a pas vraiment été
appliquée.
Côte d'Ivoire : Dano Djédjé demande à Soro de renoncer à se rendre dans les
villages de Gbagbo et Blé Goudé
(Koaci.com – 13/08/2013)
Alors que la tournée va commencer, le degré de polémique et de
protestation en tout genre n'a pour l'heure diminué. Sébastien Dano Djédjé a
annoncé ce mardi au nom du '"collectif des Cadres de Gagnoa", que s'il ne
s'opposait pas à la visite de Guillaume Soro à Gagnoa, il lui demandait
néanmoins de la limiter à cette seule ville l'appelant à renoncer aux étapes des
villages de Laurent Gbagbo, Mama ainsi que ceux de Gnalapia, et Kpogrobre, celui
de Charles Blé Goudé,
Le cadre du FPI indique que le Collectif a conseillé le retrait des villages de
Mama et Gnaliépa du programme final, parce que "trop sensibles et susceptibles
de prêter à confusion" comme selon les propos rapportés d'un communiqué transmis
à KOACI.COM. L'ancien ministre de Laurent Gbagbo indique par ailleurs avoir été
surpris d'apprendre à travers les médias la rencontre du bureau du Conseil des
chefs avec le Président de l'Assemblée Nationale à Yamoussoukro où il a été
décidé, selon le communiqué, de maintenir non seulement les village de Mama et
de Gnaliépa mais d'ajouter au programme le village de Kpogrobré, village de
Charles Blé Goudé.
Pour finir le communiqué révèle que depuis le 10 août 2013 un détachement
militaire est positionné dans le village de Mama où, selon Sébastien Dano
Djédjé, "toutes sortes de pressions s'exercent sur ces autorités coutumières et
chefs de villages, ainsi que sur les populations" comme lu dans le communiqué
qui se conclu par des interrogations quant aux conséquences sur la
réconciliation estimant que cette tournée de l'ancien élève de Gbagbo ne serait
pas à mettre dans le lot des "solutions appropriées dans la recherche d'une
réconciliation vraie, sincère et durable".
De son côté Guillaume Soro prépare sa tournée dans la région du Gôh qu'il
effectuera, à son habitude tel un candidat en campagne électorale, du 15 au 18
août prochain. Des délégations du Président de l'Assemblée nationale parcourent
depuis quelques jours la région en attendant l'arrivée de leur chef.
Tout indique à cette heure que rien, pas même la déclaration du collectif du
jour, ne pourra arrêter Guillaume Soro dans sa conquête de l'ouest qu'il compte
mener par tous les moyens, même financiers, apprend t'on. Demain mercredi des
convois quitteront Abidjan pour le pays bétés ou nombre de ses habitants et
cadres seront, à coup sûr, heureux de recevoir les deniers du numéro deux
constitutionnels du pays.
Côte d'Ivoire: polémique autour d'une visite officielle dans la région natale de
Laurent Gbagbo
(Xinhua – 14/08/2013) La polémique enfle autour de la visite officielle du président de
l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, jeudi à Gagnoa (centre-ouest), région
natale de l'ex-président Laurent Gbagbo en détention à La Haye.
Le président de l'Assemblée nationale se rend à Gagnoa sur invitation du
Collectif des chefs de village du département pour l'inauguration officielle du
siège du Collectif bâti à Garahio, dans la commune de Gagnoa.
Guillaume Soro devrait profiter de son séjour pour visiter Mama, village natal
de Laurent Gbagbo, mais également Gnaliépa, village de sa mère en exil au Ghana
depuis la fin de la crise post-électorale, et Kpogrobé, village de Charles Blé
Goudé, l'ex-chef des "Jeunes patriotes" (farouches partisans de M. Gbagbo), en
détention à Abidjan.
Dès l'annonce de la visite du président de l'Assemblée nationale, les réactions
de réprobation ont fusé de partout.
Dans un communiqué mardi, le Collectif des cadres du département de Gagnoa a
appelé le président de l'Assemblée nationale à "limiter sa visite à la commune
de Gagnoa au regard de l'objet principal annoncé" et à renoncer aux étapes de
Mama, Gnaliépa et Kpogrobé, s'interrogeant sur "la motivation réelle d'une telle
visite dans ces villages symboles" où le "traumatisme a été très grand" après la
chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011.
Selon le communiqué, "la majorité" de la population du département est "scandalisée"
par ces visites annoncées dans les villages de ces personnalités qui constituent
pour elle "des symboles" même en étant dans les liens de la détention ou en exil.
"Nous ressentons cette visite comme une opération de diabolisation,
d'humiliation voire de soumission", affirme le Collectif des cadres.
"Face à cette situation qui divise plus qu'elle ne rassemble, il importe de
faire preuve de discernement et de responsabilité pour préserver les chances de
succès de la réconciliation", conclut le communiqué
Mali : Alassane Ouattara salue l'élection d'IBK et l'appelle pour le féliciter
(Koaci.com
– 13/08/2013) Le président de la CEDAO et de la Côte d'Ivoire a salué, à travers
un communiqué reçu ce mardi soir, la victoire d'Ibrahim Boubacar Keïta (surnommé
« IBK ») à l'élection présidentielle malienne. Le communiqué précise que les
deux hommes ont échangé ce mardi par téléphone, Alassane Ouattara étant depuis
plus d'une semaine au repos en France. Ce dernier, toujours selon le communiqué
de la présidence ivoirienne transmis à KOACI.COM, a adressé à IBK "ses vives et
chaleureuses félicitations pour sa brillante élection et lui a exprimé son
engagement et sa disponibilité à l'accompagner, avec la CEDEAO, dans l'exercice
de la mission que vient de lui confier le peuple frère du Mali." comme indiqué.
Le communiqué révélé également qu'Alassane Ouattara s'est entretenu avec le bon
perdant, Soumaîla Cissé. qui a reconnu ce lundi soir la victoire du candidat
Ibrahim Boubacar Keita. Le numéro un de la sous région lui lui a exprimé sa
satisfaction et salué son attachement aux valeurs républicaines et démocratiques.
Le communiqué indique que Dioncounda Traoré n'a pas été oublié, en effet, il a
également été appelé par le président de la Cedeao qui, avec son gouvernement, a
été salué pour l'organisation des deux tours de scrutin dans les délais requis
et dans des conditions de "transparence et de paix". Pour finir, Alassane
Ouattara a tenu exprimer à chacun de ses interlocuteurs sa confiance quant à la
capacité du Mali à relever les défis auxquels il est confronté, à savoir : la
réconciliation nationale et le développement pour le bénéfice de tous les
Maliens.
Autoroute du nord: des villageois bloquent les travaux pour impayés
d'indemnisations
(Connectionivoirienne.net – 13/08/2013)
Pour indemnisations non payées suite à la destruction de plantations ou terres
cultivables, huit localités du département de Toumodi ont décidé, lundi matin,
de bloquer les travaux de l'autoroute du Nord, en divers endroits, pour réclamer
leur dû.
Après les populations
de Fondi, Gourominankro et Logbakro dans la commune de Yamoussoukro qui ont
demandé purement et simplement aux employés de la Société de routes et bâtiments
(SOROUBAT) de surseoir à la réalisation de travaux à hauteur de leurs localités,
le 1er août, ce sont les villages d'Anikro, Assounvouè, Blai, Djèkèkro, Dougba,
Kahankro, N'Doukahakro et Zahakro, dans le département e Toumodi qui ont prié,
bruyamment, les employés de SOROUBAT d'arrêter toute activité sur le tracé de
l'autoroute du Nord.Toutes ces localités villageoises reprochent à l'Etat de
Côte d'Ivoire de « n'avoir tenu sa promesse d'indemnisation liée aux terres dont
elles ont été dépossédées, de leurs plantations et cultures détruites du fait du
tracé de l'autoroute. » Selon le président des jeunes et porte-parole des
populations de Kahankro, visité par l'AIP, si les populations de ces huit
localités ont décidé de bloquer les travaux en se déployant concomitamment lundi
dès 6H sur les différents sites, c'est « pour réclamer le paiement sans
condition et sans délai de ce qui leur est dû en terme de compensation des
dommages et intérêts par rapport à la destruction de leurs biens respectifs. »«
Ce sont de nombreux champs, cultures et plantations mais aussi terres
cultivables qui ont été détruits pour permettre le passage de l'autoroute.
Depuis le 18 octobre 2012, nous avons signé les différents états. Mais
jusque-là, on ne nous dit rien de bon sur notre indemnisation. Or les travaux
sont à leur terme », a expliqué Brou Koffi.« Suite à l'intervention du
sous-préfet de Toumodi, nous nous sommes retirés momentanément en vue de
rencontrer les responsables de la lAgence de gestion des routes (AGEROUTE) au
plus tard mercredi. Si rien n'est fait, nous allons tout bloquer jusqu'au
paiement effectif de nos dus », menace-t-il.C'est pendant plusieurs heures (soit
de 7h à 11h), lundi, que les travaux ont dû être interrompus par les villageois
sur différents sites. Devant la détermination des villageois, les responsables
de SOROUBAT et de l'AGEROUTE sur les sites ont dû faire appel aux autorités
administratives locales, notamment le sous-préfet, pour calmer ses administrés,
invitant à une rencontre avec la direction de l'AGEROUTE dans les plus brefs
délais devant pas excéder 48 heures (mercredi, ndlr).Cependant, un responsable
de la mission de contrôle de l'AGEROUTE s'est exprimé devant l'AIP, sous couvert
d'anonymat. « Aujourd'hui, la pression est forte car la livraison de cette
autoroute devrait intervenir avant les fêtes de fin de l'année 2013. Il ne reste
plus que la couche dite de roulement, avant les panneaux de signalisation, la
délimitation des voies, et le chantier sera terminé », confie-t-il.