RFI - Edition de 6 heures 30

█ Un peu plus de trois mois après l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara, situation fragile et instable selon le dernier rapport d'ICG, l'International Crisis Group. Alors quels sont les défis à relever pour remettre définitivement le pays sur la voie de la paix et du développement. Gilles Yabi est chargé de l'Afrique de l'ouest à ICG. Il est l'invité de Ghislaine Dupont

RFI : Gilles Yabi, bonjour.

Gilles Yabi : bonjour.

RFI : Où en est-on en Côte d'Ivoire sur le plan de la sécurité ? La situation s'est-elle améliorée depuis la prise de pouvoir du Président Ouattara ?

Gilles Yabi : Oui. Je pense que la sécurité s'est améliorée significativement au cours des dernières semaines. Il y a eu toute une période où les éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire, donc essentiellement les anciennes Forces nouvelles qui ont aidé Alassane Ouattara à conquérir le pouvoir, effectuaient des opérations de ratissage à Abidjan. Et on était encore dans une situation très inquiétante sur le plan de la protection de l'intégrité physique des populations civiles. Dernièrement, il y a eu une volonté de la part du Président Ouattara, déjà de mettre un nouveau commandement à la tête des Forces de défense et de sécurité, avec la nomination d'un nouveau chef d'Etat-major et de nouveaux officiers à la tête des différentes composantes des forces ivoiriennes.

RFI : Le nouveau chef d'Etat-major des forces ivoiriennes, le général Bakayoko, est issu de l'ancienne rébellion des forces nouvelles. Est-ce que c'est une bonne chose ?

Gilles Yabi : Au-delà de la personnalité choisie, ce qui me semble être aujourd'hui significatif, c'est au fond la place prépondérante que prennent les Forces nouvelles dans le dispositif politique à travers la présence de Guillaume Soro au poste de 1er ministre. Mais également dans le dispositif sécuritaire à travers la présence d'ex-commandants de zone des Forces nouvelles désormais à Abidjan. Ce que nous soulignons dans ce rapport, c'est que dans les prochains mois, il est impératif qu'Alassane Ouattara diminue l'influence des Forces nouvelles.

RFI : Mais est-ce que les nouvelles autorités ont les moyens de prendre l'ascendance sur ces commandants de zone qui occupent toujours des quartiers d'Abidjan ?

Gilles Yabi : C'est évidement une tâche très difficile. Une tâche politiquement risquée pour Alassane Ouattara. Mais le temps justement des solutions facile doit être révolu en Côte d'Ivoire. Si cela n'est pas fait maintenant, il y aura une grande difficulté pour Alassane Ouattara pour assoir sa légitimité et son autorité tout au long de son mandat. [...]