REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 5 MARS 2010

5 mar 2010

REVUE DES MEDIAS AUDIOVISUELS DU 5 MARS 2010







 




RFI – édition du 5 mars 2010 à 6 H 30




 




█ En Côte d'Ivoire, l'opposition a rejoint hier le gouvernement
du Premier Ministre Guillaume Soro. Les 11 postes qui lui étaient réservés dans
la nouvelle équipe ont été attribués à des personnalités du RHDP. Le
gouvernement au grand complet s'est aussitôt réuni pour un Conseil des
Ministres, sous la présidence de Laurent Gbagbo. C'est, semble-t-il, la fin de 3
semaines de crises, provoquées par la décision du Chef de l'Etat de dissoudre le
gouvernement et la CEI. Cyril Ben Simon :




 




« Dans cette partie qui se joue sans que l'on connaisse le temps
de jeu et le nombre de coups, le RHDP a remporté les 2 premiers jeux. Tout
d'abord, la coalition de l'opposition a su faire sortir ses militants sur toute
l'étendu du territoire ivoirien. Ensuite, elle arrivée à conserver la tête et le
format de la CEI. En entrant finalement dans le gouvernement, elle vient
cependant de perdre du crédit auprès de ses militants, qui, dans une large part,
lui demandaient d'assumer son rôle d'opposant, en restant en dehors de
l'exécutif. Laurent Gbagbo a, lui, su se plier comme un roseau pour mieux se
redresser. Il y a encore quelques jours, il semblait avoir cédé surtout et même
des sources diplomatiques considéraient que la machine présidentielle
paraissait, pour la 1ère fois, enraillée. Finalement, le Chef de
l'Etat est arrivé à se débarrasser des plus fortes têtes du précédant
gouvernement, à savoir Amadou Gon Coulibaly, Patrick Achi, ou bien Louis André
Dacoury-Tabley. Pour la prochaine manche qui s'annonce, la remise en cause des
listes électorales provisoires, la mouvance présidentielle est déjà en ordre de
bataille. Dans son rôle d'arbitre, Guillaume Soro semble, en fait, le seul à
avoir gagner sur tous les tableaux. Il n'est pas arrivé à retirer le nom de
Désiré Tagro du ministère de l'Intérieur, mais au final, il a su ménager tous
les camps, tout en faisant valoir ses idées. De quoi renforcer sa stature
d'homme politique et ses ambitions pour l'avenir. » 




 




█ Invité de ce matin est le Premier Ministre ivoirien
Guillaume Soro
. Il répond aux questions de notre envoyé spécial à Abidjan,
Cyril Ben Simon




 




RFI : « Monsieur le Premier
Ministre, bonjour ! »




 




S.G. : «Bonjour ! »




 




RFI : « Vous êtes satisfait,
soulagé ? »




 




S.G. : «C'est vrai, il y a quelques raisons d'être satisfait
quand on sort d'une aussi grave crise dans l'histoire de notre pays. C'est la 1ère
fois qu'il y a la dissolution du gouvernement et la dissolution de la CEI, en
même temps. Quand nous faisons le bilan, à ce jour, nous avons une Commission
électorale indépendante fonctionnelle, qui a été installée conformément aux
accords. Nous avons un gouvernement, qui est installé, conformément aux accords
et aux engagements que nous avons pris. C'est vrai qu'il y a quelques raisons
d'être satisfait, surtout que ceci intervient le 4 mars, qui est quand même une
date repère en Côte d'Ivoire. C'est la date à laquelle nous avons signé l'accord
politique d'Ouagadougou en 2007. »




 




RFI : « Et justement, en 2007 au
moment de cet accord politique d'Ouagadougou, on prévoyait les élections en 10
mois. Aujourd'hui, on parle de 3 ou 4 mois, qu'est ce que vous pouvez dire pour
rendre un peu confiance aux gens qui ne croient plus vraiment aux élections ? »




 




S.G. : «C'est vrai que quand nous signions l'accord, nous
avions espéré faire les élections dans les 10 mois qui devraient suivre.
Naturellement, il faut bien dire que cet accord a été signé par des hommes
politiques, qui, peut-être, n'ont pas évalué, à sa juste valeur, l'ampleur des
tâches que nous attendaient. Naturellement, quand nous avons été nommé Premier
Ministre et que nous avons assumé les charges de cette fonction, nous nous
sommes bien rendu compte que s'il fallait reprendre l'identification et la
confection de la liste 1'électorale à zéro, même dans les pays normaux, c'est au
moins un délai d'un an qu'ils prennent pour faire la révision des listes. Mais,
nous, nous  partions à zéro et dans une situation et un contexte difficile de
sortie de crise. Je crois qu'au delà des dates, ce qui est important c'est
d'apprécier le volume des tâches à exécuter. On n'a jamais été en Côte d'Ivoire
aussi proches de faire une élection. On n'a jamais été aussi proches de réussir
l'exploit d'obtenir une liste électorale définitive, acceptée par tous. Encore,
les défis restent nombreux et je le sais, dont parachever la confection de la
liste électorale, la distribution des cartes d'électeurs et des cartes
d'identité  et l'organisation du scrutin lui-même. »    




 




RFI : « Et les élections dans 3 –
4 mois, ça vous paraît possible aujourd'hui ? »




 




S.G. : «Je pense que c'est effectivement possible, si tous
les acteurs politiques se mettent d'accord pour avoir cette volonté politique
d'aller aux élections. »




 




RFI : « Est-ce que vous craignez
une nouvelle crise sur les listes électorales maintenant ? »




 




S.G. : «Il est certain, de mon point de vue, qu'il y a encore
des questions à régler. La liste électorale est l'épine dorsale de l'élection.
Donc, il y a forcément des questions encore à voir sur la liste électorale
définitive. » 




 




RFI : « Selon vous, est-ce que la
mouvance présidentielle et l'opposition jouent franc jeu ? »




 




S.G. : « Je n'ai pas de raison de me laisser aller à croire à
une mauvaise foi d'un camp ou de l'autre. De toute façon, mon rôle d'arbitre est
de faire en sorte qu'au-delà des positions initiales des différents camps, nous
puissions aller à une sorte de compromis, qui permette que l'élection soit
possible dans notre pays. »




 




RFI : « Guillaume Soro, est-ce que
vous avez tenté de démissionner au moment de la dissolution du gouvernement ? »




 




S.G. : «On n'en est plus là. Démissionner et laisser le pays
plongé dans l'abîme et dans la catastrophe, cela aurait été irresponsable. C'est
pourquoi nous sommes resté pour continuer d'assurer la stabilité de ce pays et
pour donner de l'espoir aux ivoiriens que les élections sont possibles dans
notre pays. » 




 




RFI : « Guillaume Soro, de l'avis
général, vous avez bien manœuvré pendant ces 3 semaines de crises. On dit même
que vous avez, en quelque sorte, gagné encore plus de galons d'homme politique.
Qu'est-ce cela à renforcer vos ambitions pour l'avenir ? Vos ambitions
politiques ? »




 




S.G. : «Quand on est dans la crise et dans le feu de
l'action, on ne pense même pas au son avenir. Ce qui était sûr, c'est que
j'étais conscient qu'il ne fallait pas que la Côte d'Ivoire bascule dans la
guerre civile. C'est pourquoi j'ai tenu. Maintenant que ceci renforce le Premier
Ministre ou non, ce n'était pas ça ma préoccupation première. Pour l'heure, je
continue d'assumer ma fonction et d'exécuter la tâche qui est d'amener la Côte
d'Ivoire à des élections. »




 




 




BBC – édition du 5 mars 2010 à 6 H 00




 




█ Valérie Boni à Abidjan :




 




« Le gouvernement ivoirien est désormais bouclé. L'opposition
est entrée au gouvernement, comme elle l'avait annoncé après la réinstallation
de la CEI. Si dans les rangs du parti présidentiel et des forces nouvelles peu
de ministres ont changé, ce n'est pas le cas du côté de l'opposition. La
présidence, la primature et le RHDP ont mis près d'une semaine pour se mettre
d'accord sur tous les postes. Et chacun a mis de l'eau dans son vin. Résultat :
sur 4, seul un ministre du PDCI d'Henri Konan Bédié reste en place. 2 sur 4 pour
le RDR. Les 3 ministres du MFA, de l'UPDCI et du PIT changent. Des nouvelles
têtes font donc leur apparition, comme les maires de Man et de Sinfra. Sinon peu
d'entre eux ne sont pas connu du grand public. Le Premier Ministre Soro
Guillaume a rappelé que ce nouveau gouvernement a été formé le jour du 3ème
anniversaire des accords d'Ouagadougou.




 




Soro Guillaume : « Ça ne pouvait pas aussi bien tomber, car
aujourd'hui nous sommes le 4 mars 2010, date anniversaire de la signature de
l'accord politique d'Ouagadougou. Certains avaient prédit la mort de cet accord
depuis. Mais malgré les problèmes, cet accord a survécu. Et cet accord continue
de demeurer la seule issue pour la Côte d'Ivoire. Donc, dans les jours
prochains, nous allons travailler avec la CEI pour préparer rapidement les
élections. Nous allons travailler aussi pour mettre au goût du jour les
questions de la réunification. Ce qu'il faut privilégier, c'est la voie du
dialogue entre les acteurs parce que nous avons remarqué que pendant cette
crise, il y a eu beaucoup plus un déficit de communication qu'autre chose. »




 




De son côté, le Président Laurent Gbagbo a mis l'accent sur la
solidarité gouvernementale. Il demande aux ministres de laisser de côté leur
couleur politique. La priorité de la nouvelle équipe sera donc avec la
Commission électorale de préparer les élections, prévues fin avril – début
mai. »




 




█ De nombreuses interrogations restent en suspend. Est-ce que la
crise ivoirienne est désormais close ? La présidentielle aura-t-elle lieu cette
année ? Ecoutez l'analyse du chargé du dossier ivoirien International Crisis
Group, Arnaud Depagne :




 




A.D. : « C'est la fin d'un épisode de la crise ivoirienne,
mais ce n'est pas la fin de la crise ivoirienne.  Vous savez depuis le début,
cette crise fonctionne d'une manière assez chaotique. On a des périodes
d'accalmie, on a des périodes de tensions. Là on sort d'une période de tensions
assez importantes, avec, je vous rappelle, plusieurs morts, 7 au total et un
compromis qui a été très très difficile à trouver. Sachant que le Président de
la république, cette fois, avait mis la barre très haute, en procédant le 12
février à la dissolution du gouvernement et de la CEI. Si le Président, ou si
l'opposition, ça fonctionne dans les 2 sens, met la barre encore plus haut que
la dernière fois, est-ce que le compromis sera encore possible ?  »




 




BBC : « On parle désormais de fin
avril – début mai, comme la date probable du 1er tour du scrutin.
Est-ce qu'il y a encore une certaine possibilité que le scrutin soit reporté ? »




 




A.D. : « Bien sûr qu'il y a encore une possibilité de report.
Sachant que le travail à accomplir pour aller à l'élection est encore très très
long. Il faudra, d'abord cette ouverture du contentieux, afin d'avoir d'abord
une liste provisoire complète et ensuite, une liste définitive. Et ensuite, il
faudra mener la campagne électorale. Le problème du désarmement n'est toujours
pas réglé en Côte d'Ivoire. Il est possible que l'un des acteurs, s'il a envie
de freiner encore le processus, use de ce problème de désarmement pour ralentir
la sortie de crise. Donc, la date d'avril – de mai semble quand même assez peu
probable pour l'instant. »