Message du Secrétaire général publié à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars 2016)

21 mar 2016

Message du Secrétaire général publié à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars 2016)

21 Mars 2016

Depuis la tenue, il y a quinze ans, de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance à Durban (Afrique du Sud), il est indéniable que le monde a considérablement progressé pour ce qui est d’assurer l’égalité des droits et la non-discrimination. Les États Membres ont adopté de nouvelles lois, prévu des garanties et mis en place de nouvelles institutions qui ont pour vocation de promouvoir et de protéger les droits de l’homme. Les organisations de la société civile dans le monde luttent activement et vigoureusement contre le racisme. Et pourtant, tout cela demeure fort insuffisant. Nous assistons aujourd’hui à une montée de l’intolérance, du racisme patent et de la violence motivée par le racisme. Le profilage racial et la violence à l’encontre de certaines communautés augmentent. Les rigueurs de la situation économique et l’opportunisme politique suscitent une hostilité croissante à l’égard des minorités et un ressentiment à l’égard des réfugiés et des migrants, qui se manifestent notamment par une intolérance à l’encontre des musulmans qui subissent des attaques et des actes de violence. Des partis politiques d’extrême-droite fomentent des dissensions et propagent des mythes dangereux. Des partis jadis centristes durcissent leurs positions ; des pays autrefois modérés assistent à une flambée de la xénophobie ; des personnes naguère tempérées instrumentalisent les craintes, ce qui rappelle dangereusement les chapitres les plus sombres du siècle dernier. Tout cela ne fait qu’augmenter le risque de fracture sociétale, d’instabilité et de conflit. En cette époque tumultueuse, il nous faut défendre les droits et la dignité de tous ainsi que la diversité et le pluralisme. Il nous faut dénoncer l’antisémitisme, l’islamophobie et les autres formes de haine. S’en prendre à une communauté minoritaire veut dire s’en prendre à tous.

La Déclaration et le Programme d’action de Durban continuent d’être le cadre de référence le plus complet pour lutter contre le racisme sur les plans international, régional et national. Je crains cependant que la volonté collective qui avait favorisé la signature d’un accord aussi ambitieux soit minée par des considérations d’opportunité politique.

La communauté internationale avait constaté à Durban qu’aucun pays ne pouvait s’enorgueillir d’avoir totalement éliminé le racisme. C’est encore le cas aujourd’hui. Il faut constamment se souvenir que la discrimination raciale a fait d’innombrables victimes. Grâce à l’application des accords de Durban, nous pourrons non seulement aider ceux qui souffrent le plus, mais élever aussi l’humanité tout entière. Unissons-nous pour garantir la dignité, la justice et le développement pour tous.