L'ONUCI ET SES PARTENAIRES EVALUENT LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME EN COTE D'IVOIRE

9 déc 2008

L'ONUCI ET SES PARTENAIRES EVALUENT LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME EN COTE D'IVOIRE

Abidjan, le 09 décembre 2008...L'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), le ministère de la justice et des droits de l'homme, la société civile ainsi que les représentants des communautés religieuses, signataires de la déclaration de Korhogo sur la responsabilité de tous en faveur du respect des droits de l'homme, se sont retrouvés mardi 9 décembre à Abidjan pour faire le point sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans le pays.

Regroupés autour d'une table ronde sur le thème « La Déclaration de Korhogo, 1 an après : bilan et perspectives », les panélistes ont, dans un premier temps, exposé sur le bilan de leurs activités et les actions à mener pour les renforcer.

S'exprimant au cours de la cérémonie, le Représentant spécial adjoint principal du Secrétaire général des Nations Unies, Abou Moussa, a rappelé que la Déclaration de Korhogo à laquelle ont adhéré les différents signataires, les engageait à poser des actes concrets en vue d'améliorer la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire.
Selon lui, au cours des douze derniers mois, l'ONUCI a fait des réalisations sous quatre rubriques notamment la sensibilisation sur les droits de l'homme par l'organisation de séminaires sur toute l'étendue du territoire à l'intention des autorités civiles et militaires, des organisations de la société civile et des leaders d'opinion., la mise en place de clubs des droits de l'homme dans les écoles primaires et secondaires, une campagne de sensibilisation aux droits de l'homme par le théâtre dans plusieurs villes de la Côte d'Ivoire...
Sur le plan de la protection des droits de l'homme, les bureaux régionaux des droits de l'homme de l'ONUCI, en collaboration avec les partenaires nationaux et internationaux, ont mené des enquêtes et publié des rapports sur les multiples violations des droits de l'homme. A cet égard, M. Moussa appelé le gouvernement à prendre des actions en vue de mettre fin aux abus récurrents dans l'ex-zone de confiance, notamment les abus faits aux femmes.
Au titre du renforcement des capacités, il a noté l'appui à la mise en place d'un réseau de journalistes pour les droits de l'homme et l'organisation d'ateliers à leur intention, la mise à disposition de fonds en vue de l'installation et du fonctionnement, dans une commune du district d'Abidjan, d'un centre d'accueil des femmes victimes de violences basées sur le genre, en partenariat avec une ONG locale.

Concernant les activités marquant la commémoration du 60è anniversaire de la DUDH, le Représentant spécial adjoint principal a indiqué que l'ONUCI avait défini une stratégie de communication au sein du système des Nations Unies pour la vulgarisation de la DUDH. Au cours de l'année 2009, la mission prévoit d'appuyer le Ministère de la justice et des Droits de l'homme dans l'élaboration d'un Plan d'action national de promotion et de protection des droits de l'homme.

Cette idée a été fortement approuvée par le Ministère de la justice. M. Ali Yeo, Directeur de cabinet du Ministre de la Justice a, de son côté, fait le point de la situation des droits de l'homme sur le territoire national. Il a insisté sur le surpeuplement carcéral. Selon lui, la visite de trois lieux de détention (Aboisso, Abobo et Odienné) a permis de noter le mauvais état des prisons, d'où la nécessité de leur délocalisation, et plaidé pour un meilleur traitement des prisonniers. Il a aussi dénoncé la situation extrêmement difficile des enfants qui évoluent de plus en plus dans un environnement malsain. Quant à la situation des femmes, M. Yeo a dénoncé le phénomène de plus en plus décrié subit par celles-ci à savoir la violence de leur intégrité physique et morale et dont les auteurs restent impunis. Il a remercié l'ONUCI pour le soutien logistique lors des visites dans les prisons à l'intérieur du pays.

Pour sa part, Mme Avo Bile Bernadette a fait le bilan des activités de la Coalition des femmes leaders en Côte d'Ivoire. La société civile, a-t-elle dit, a fait une large diffusion de la Déclaration de Korhogo, assuré le suivi des procès notamment celui des déchets toxiques et procédé à la mise en place d'un observatoire des libertés en milieux universitaires. Avec le soutien de l'ONUCI, la société civile ivoirienne a pu installer des clubs des droits de l'homme dans les écoles, a-t-elle ajouté. Elle a également analysé et fait des propositions sur l'Accord politique de Ouagadougou.

Panélistes et participants ont discuté de divers sujets, notamment les mauvaises conditions dans les prisons, les abus des agents des forces de l'ordre, le statut de la chefferie traditionnelle, la situation des détenus en zone Forces Nouvelles, les faiblesses dans le suivi de la Déclaration de Korhogo, l'intégration des droits de l'homme dans le code pénal ivoirien, le déclassement du viol de son statut de crime en simple délit, du problème des déplacés et le droit à la propriété, la formation et l'information des membres de la société civile, l'harmonisation des législations ivoiriennes avec les instruments internationaux.

La manifestation, organisée par la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) et l'Ambassade de Suisse en collaboration avec la Division des Droits de l'Homme de l'ONUCI, s'inscrit dans le cadre de la commémoration du 60è anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui avait lancé ses activités le 10 décembre de l'année dernière.

L'Ambassadeur de Suisse en Côte d'Ivoire, Lachenbacher Dominik, en clôturant la cérémonie, a insisté sur la collaboration entre la société civile et le gouvernement. « L'ONUCI est certes là et vous aide, mais elle est appelée à s'en aller un jour et vous, vous serez là à trouver des solutions à tous ces problèmes. Travaillez ensemble, collaborez » a-t-il insisté. Il a demandé à la société civile de maintenir la pression sur ceux qui sont appelés à agir.