LES POPULATIONS DU DENGUELE PARTICIPENT EN MASSE AU FORUM DE L'ONUCI.

précédent suivant
18 aoû 2007

LES POPULATIONS DU DENGUELE PARTICIPENT EN MASSE AU FORUM DE L'ONUCI.

Les populations du Denguelé se sont déplacées en masse pour accueillir samedi 18 août le Forum itinérant de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) qui a fait une halte dans leur capitale, Odienné, à 860 km d'Abidjan, au nord-ouest du pays.

Etrange paradoxe ou signe des temps: Odienné, dont le nom serait dérivé du mot arabe Aldiana -qui signifie paradis- est aujourd'hui l'une des villes les plus sinistrées de la Côte d'Ivoire. Cinq années de crise ont eu entre autres conséquences, un chômage endémique, un délabrement des infrastructures routières, sanitaires et une sous-alimentation qui frappe une grande partie des habitants. La pauvreté s'est généralisée dans cette région connue naguère pour la vitalité de son économie, basée essentiellement sur l'agriculture et le commerce.


Si pour de nombreux Odiennékas, la présence de l'ONUCI a aidé à l'instauration de la paix et de la sécurité dans cette région où sévissaient de nombreux hors-là loi, la partition de la Côte d'Ivoire a été vécue comme un drame familial pour cette population qui compte une importante "diaspora" dans toutes les parties du pays.

"Odienné dit oui à la réconciliation nationale". Ce slogan inscrit sur de nombreuses pancartes et répété à l'envi lors du forum de l'ONUCI, pourrait être interprété comme un signe que les femmes et les hommes du Denguélé veulent donner de l'élan à la volonté de réconciliation nationale née de l'Accord Politique de Ouagadougou du 4 mars 2007 et magnifiée par la cérémonie de la Flamme de la paix organisée à Bouaké le 30 juillet dernier. Cadres, élus, dignitaires religieux et traditionnels ont, pour l'occasion, tenu à affirmer leur engagement à œuvrer en faveur de la consolidation de la paix.

Pour le maire de la commune, Hamidou Kourouma, la paix est devenue une réalité depuis l'Accord de Ouagadougou. Mamadou Touré, le représentant du chef de Canton a, de son côté, rendu un vibrant hommage aux forces de l'ONUCI qui ont su éviter à la ville d'Odienné les affres de la guerre que d'autres régions de la Côte d'Ivoire ont malheureusement connues. Yaya Touré, au nom du Président du Conseil général, a rappelé le rôle dévolu à l'ONU : promouvoir et préserver la paix entre les nations et assurer la sécurité collective. Il s'est ensuite félicité de l'appui des principales agences du système des Nations Unies aux populations et aux collectivités locales de sa région. Parlant des conséquences de la crise, l'élu d'Odienné a déploré la chute de la production de coton et d'anacarde et la mévente de ces deux produits sur lesquels reposait l'économie de la région. Il s'est aussi insurgé contre les tracasseries et le racket auxquels sont soumis les voyageurs aux points de contrôle tenus par les hommes en uniforme.

Pour sa part, Ibrahim Doumbouya, chef de cabinet du Commandant de zone des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) a cité les quatre dates-clés qui, a son avis, ont marqué la sortie de crise en Côte d'Ivoire : le 4 mars, date de la signature de l'Accord de Ouagadougou, le 29 juin, jour de l'attentat contre l'avion du Premier ministre et de la déclaration de Guillaume Soro disant que le processus de paix était irréversible, le 30 juillet, date de la cérémonie de la flamme de la Paix et le 7 août, jour où les FAFN ont reçu les FANCI à Odienné à l'occasion du 47ème anniversaire de l'indépendance de la Côte d'ivoire.

A la suite de ces interventions, la Directrice de l'Information de l'ONUCI, Margherita Amodeo, représentant le chef de mission par intérim, Abou Moussa, a rendu hommage aux acteurs politiques ivoiriens qui, selon elle, ont su garder leur optimisme malgré les effets pervers de la crise. Expliquant les raisons de la présence de l'ONUCI en Côte d'Ivoire, elle a rappelé que ce sont les pays en conflit qui faisaient appel à l'ONU pour privilégier le dialogue. Bien que se félicitant les progrès enregistrés depuis la signature de l'Accord de Ouagadougou, la représentante d'Abou Moussa a fait remarquer que beaucoup restait à faire, notamment l'organisation des audiences foraines, le désarmement, l'identification et les élections. Elle a réitéré l'appui de l'ONUCI aux Ivoiriens en vue du rétablissement de la paix, de la promotion des droits de l'Homme et de l'instauration d'un Etat de droit.

Les représentants des sections de la Force, de la police onusienne, de l'Assistance Electorale, du Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR), des droits de l'homme et de la Division de l'Information ont expliqué au nombreux public leur rôle dans le cadre du mandat que le Conseil de Sécurité a confié à l'ONUCI. Ils ont aussi répondu aux questions des Odiennékas qui ont pour l'essentiel porté sur les voies et moyens pour l'obtention de documents administratifs tels que les pièces d'identité, les tracasseries des forces de l'ordre et les moyens de lutter contre la pauvreté et le chômage dans la région.

Le prochain forum de l'ONUCI aura lieu le 29 août à Ferkéssédougou, 580 km d'Abidjan.