La situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire reste à améliorer, selon la Division des Droits de l’Homme de l’ONUCI

2 mai 2008

La situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire reste à améliorer, selon la Division des Droits de l’Homme de l’ONUCI

La situation des Droits de l'Homme reste préoccupante en Côte d'Ivoire. Dans une interview accordée à ONUCI FM, Simon Munzu, le chef de la Division des Droits de l'Homme de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) déplore la situation d'impunité qui a cours dans le pays, en dépit de la sonnette d'alarme tirée par les organisations de défense des Droits de l'Homme.

ONUCI-FM : Mr. Simon Munzu, bonjour ! Vous êtes le Directeur de la division des Droits de l'Homme de l'ONUCI.
Alors récemment Human Rights dans un rapport a fait cas des violations des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire, tant dans la partie gouvernementale que dans les zones CNO, quelle est la position de l'ONU sur ce rapport publié par Human Rights Watch ?

Simon Munzu : En faite, l'ONU n'a pas une position particulière par rapport à ce rapport parce que de toutes les façons, nous sommes entièrement d'accord avec le contenu de ce rapport, dans la mesure où à plusieurs égards, il ne fait que reprendre et répercuter ce que nous même, nous savons et que nous avons toujours présentée comme étant la situation à travers nos propres rapports. [...] Nous publions des rapports sur la situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire de manière permanente et continuelle. C'est-à-dire trimestriellement nous publions un rapport sur la situation des Droits de l'Homme en général sur la Côte d'Ivoire. Nous nous félicitons donc de ce que ce rapport de Human Rights Watch vienne en complément du travail permanent que nous faisons dans ce domaine depuis plus de quatre ans en Côte d'Ivoire.

ONUCI-FM : Concernant la situation de la violation des Droits de l'Homme, doit-on dire que la situation est alarmante ou la situation va dans le sens de l'amélioration ?

S. M : Bon, les termes comme « alarmante », je n'aime pas les utiliser parce que c'est comme si c'était de la démagogie. La situation est suffisamment préoccupante et tous ceux qui vivent en Côte d'Ivoire peuvent le constater. Ce n'est pas le Gouvernement ou les autorités, que ce soient ceux que vous appelez la partie Sud et la partie Nord, qui me démentiront.
Ce que Human Rights Watch a fait et que nous approuvons entièrement, c'est encore une fois, et je le dis, [un travail que nous avons] déjà fait à maintes reprises. C'est encore une fois dénoncer l'impunité qui caractérise la violation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire. Que cela soit porté à la connaissance des autorités à travers différents mécanismes y compris nos propres rapports mais de manière permanente. Mois après Mois, Année après Année, rien n'est fait pour traduire en justice ou autrement demander des comptes à ceux qui commettent ces actions là. C'est ça vraiment qui est particulièrement écœurant et le fait que Human Rights Watch vienne encore une fois attirer l'attention sur cette situation ne peut qu'accueillir entièrement notre adhésion.

ONUCI-FM : En tant que spécialiste des Droits de l'Homme d'où est ce qui vient le blocage par rapport à l'impunité, selon vous ?

S. M : Je ne saurai vous dire, parce que nous sommes dans un Etat de droit, nous sommes dans un Etat où malgré la crise, les institutions ont pu fonctionner. Les forces de maintien de l'ordre sont restées en place, les juridictions, les différents cours et tribunaux ont fonctionnés dans la partie Sud du pays et on pouvait s'entendre pour que ces instances là fassent leur travail pour effectivement tenir responsable les auteurs de ces actions. D'autant plus que chaque violation de Droits de l'Homme constitue en même temps, une violation d'une disposition du code pénal Ivoirien. Autrement dit, les violations sont également des crimes ou des délits qui normalement doivent être réprimés par les instances nationales qui ont pour vocation de faire exactement cela. Mais on assiste dans l'impuissance au désistement de ces instances. Dans la partie Centre, Nord, et Ouest, on pourrait dire que là-bas, l'appareil judiciaire, a été complètement en disfonctionnement je dirais même, absent, depuis la crise, mais quand même il y eu des autorités militaires et civiles qui pouvaient par d'autres moyens et mécanismes, tenir coupable les auteurs de ces actions également. Donc de part et d'autre, nous ne comprenons pas du tout ce qui explique cette impunité caractérisée qu'on dénonce à plusieurs reprise mais à propos de laquelle aucune mesure n'est prise.

ONUCI-FM : Alors doit-on dire que l'ONUCI s'en lave les mains et que l'ONUCI fait correctement son travail mais c'est au niveau du pouvoir répressif de la justice que tout bloque ?

S. M : L'ONUCI n'a pas à se justifier d'autant plus que l'ONUCI n'a jamais eu la prétention d'être la première responsable ni du maintien de l'ordre dans ce pays ni de la garantie de la promotion et de la protection des Droits de l'Homme des personnes dans ce pays. Nous sommes là, pour accompagner l'action des autorités compétentes. Donc pour elle, il n'est pas question de se laver les mains ou bien de se disculper, c'est plutôt de déplorer le faite qu'il en soit ainsi et je pense que même au sein du gouvernement, il doit y avoir des gens qui sont eux aussi préoccupés que l'ONUCI. Ce que nous pouvons dire, c'est de lancer encore un appel à l' endroit des autorités pour que chacun assume ses responsabilités.

ONUCI-FM : Mr Simon Munzu je vous remercie !!!

S. M : C'est moi qui vous remercie !!!