L’ONU, l’Etat et les médias se penchent sur le rôle des médias pour une élection réussie

24 nov 2010

L’ONU, l’Etat et les médias se penchent sur le rôle des médias pour une élection réussie

Abidjan, le 23 novembre 2010... « Votre travail est aussi essentiel que les efforts déployés aux plans politique, logistique et sécuritaire pour aider à la restauration d'une paix définitive dans votre pays », a souligné, mardi 23 novembre 2010, le Représentant spécial adjoint principal du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire, Abou Moussa, à la presse ivoirienne.

« Aucun processus ne peut réussir sans un accompagnement conséquent au niveau de l'information », a-t-il ajouté, lors de la clôture d'une Journée d'échanges et de réflexion avec les médias ivoiriens sur le thème du « Rôle central des médias pour un scrutin présidentiel réussi ».

M. Moussa a expliqué qu'au moment où est amorcé le dernier tournant pour le second tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire, il était important de prendre les dispositions nécessaires pour renforcer la transparence et la crédibilité du scrutin et d'en sauvegarder les résultats. A cet égard, il a rappelé que des mesures ont été prises, notamment « la diffusion progressive des résultats dès le soir du 28 novembre, l'absence d'auto proclamation des résultats par les candidats et la formulation des réclamations par les moyens démocratiques ».

Le chef de la Division de l'Assistance Electorale (DAE) de l'ONUCI, Ahmedou El Becaye Seck a rappelé l'appui de la mission au processus électoral ivoirien, ajoutant que l'ONUCI ferait le maximum pour assurer le succès du second tour.
M. Seck a indiqué notamment que la mission déposerait le matériel nécessaire au scrutin dans les 326 commissions électorales locales au niveau des sous-préfectures, avant que celui-ci ne soit acheminé par le Bureau des services d'appui aux projets des Nations Unies (UNOPS) dans les différents bureaux de vote du pays. Après avoir félicité les Ivoiriens pour le succès du premier tour M. Seck a rappelé que « l'élection est une parenthèse ; après elle, les uns et les autres doivent être la main dans la main pour construire le pays ».

Le Ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, qui avait ouvert la journée d'échanges, a rappelé l'importance des médias dans la préservation de la paix et face aux désastres qui, selon lui, ne sont pas une fatalité, car il est possible de les éviter si le sens de la mesure, l'équité et la capacité à transcender les intérêts immédiats sont observés. M. Sy Savané a appelé la presse à contribuer à apaiser l'environnement électoral. « L'obligation de service public s'impose à tout le monde, même à la presse privée. Les images susceptibles d'exacerber les tensions doivent être bannies. Nous devons tous souhaiter ensemble ne plus utiliser des images choquantes », a indiqué le Ministre.

Auparavant, les participants à la rencontre avaient eu l'occasion de suivre quatre exposés portant sur l'accès égal à la presse, l'accès égal à l'audiovisuel, l'indépendance éditoriale et la couverture électorale ainsi que le traitement professionnel de la presse.

Intervenant sur l'accès égal à la presse, le Président du Conseil National de la Presse (CNP), Eugène Dié Kacou, a souligné que tous les candidats y ont droit. Il s'est félicité de ce que la plupart des quotidiens aient bien joué leur rôle lors du premier tour de la présidentielle. « Malheureusement, pour le second tour, ce n'est pas le cas et force est de constater que sont véhiculés des messages de xénophobie, de tribalisme, de haine religieuse, des tares contraires aux principes du CNP », a déploré M. Dié Kacou.

Pour sa part, le Président du Conseil National de la Communication et de l'Audiovisuel (CNCA), Franck Anderson Kouassi, a rappelé les dispositions prises lors du partage des temps d'antenne pour les 14 candidats en lice pour le premier tour. Se félicitant de ce que ces dispositions aient correctement fonctionné, il a rappelé que celles-ci sont reconduites pour le second tour, avec quelques innovations, dont la diffusion de trois éléments des deux candidats dans chacun des journaux de la radio et de la télévision ivoirienne avec un face à face prévu le jeudi 25 novembre à 21 heures.

Abdoulaye Sangaré, Président du Conseil d'administration du Groupement des Editeurs de Presse en Côte d'Ivoire (GEPCI), a souligné qu'en dépit des avancées constatées, les contingences économiques ou celles liées à l'assujettissement à des partis politiques ne permettaient pas d'affirmer aujourd'hui l'existence d'une indépendance éditoriale, ce qui influe sur la couverture électorale. « Les enjeux électoraux exposent les journalistes à la manipulation », a-t-il noté.

Le Président de l'Union des Journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), Mam Camara, a fait remarquer que son organisation s'est inscrite dans la logique du désarmement des plumes. Rappelant que cette éthique avait été observée avant, pendant et après le premier tour de l'élection présidentielle, il a recommandé aux journalistes ivoiriens de travailler avec professionnalisme et prudence en respectant le droit du citoyen, en vérifiant les sources, en utilisant un ton modéré, courtois et en refusant d'être des relais de certaines informations.

Les débats qui ont suivi ont permis d'apporter un éclairage approfondi sur les préoccupations des participants.