INTERVIEW DU MAIRE DE BLOLEQUIN

4 jan 2007

INTERVIEW DU MAIRE DE BLOLEQUIN





Onuci FM : Bonjour Mr le maire Dao Benoît

Le Maire : Bonjour

Onuci FM : Monsieur le Maire, votre commune aurait beaucoup souffert de la guerre ?

Le Maire : Oui

Onuci FM : Au point d'être défigurée ?

Le Maire : Très ! Je vais vous donner quelques exemples chiffrés. La commune c'est un élément de développement, et la commune vit de deux sources de financement, il y a les fonds propres générés par la commune elle même, avec les taxes au marché, au niveau des boutiques et aussi les subventions de l'Etat. Avant la guerre, quand Blolequin était le poumon économique du département de Guiglo, nous fassions une recette en fond propre d'environ 60 millions de cfa, mais depuis que les rebelles nous ont visités, nous avons des difficultés pour atteindre même 10 millions par an. Nous avons donc un manque à gagner énorme ce qui ne nous permet pas de reconstruire nous mêmes. Au niveau des subventions de l'Etat, il y en a deux types : les subventions de fonctionnement et les subventions d'investissement. Les subventions de fonctionnement ont été réduites de cinq millions et les subventions d'investissement, on ne les reçoit plus. C'est pour dire que Blolequin a perdu une bonne partie de sa population et de son activité économique. Aujourd'hui du fait de la guerre on n'est plus le poumon économique de l'ex-département de Guiglo. A partir de mars 2003, il a fallu que nous lancions des appels pour que nos opérateurs économiques reviennent progressivement.

Onuci FM: Vous êtes une commune presque frontalière du Libéria ?

Le Maire : Oui, nous sommes adossés au Libéria, le peuple de Blolequin et le peuple de l'autre côté de la frontière c'est à dire au Libéria, est le même peuple Wè.

Onuci FM : A combien de kilomètre de la frontière se trouve Blolequin?

Le Maire : A vol d' oiseau c'est à peu près 18 kilomètres

Onuci FM : Ce voisinage crée t-il des problèmes Mr Le Maire?

Le Maire : J'allais vous dire que nous sommes en guerre depuis 1990, c'est à dire que depuis que les problèmes du Libéria ont commencé, nous avons été une zone d'accueil des réfugiés Libériens et l'insécurité a commencé à partir de ce moment là. Nous avons même eu trois villages au niveau de la sous préfecture qui ont été attaqués par des rebelles Libériens en 1995. Depuis cette date, nous sommes toujours dans une situation d'insécurité hormis ces derniers temps, c'est à dire depuis juillet 2005 où le Président de la république a affecté des préfets militaires. Leur apport nous a été très très utile sur le plan sécuritaire.

Onuci FM: La guerre Mr le Maire aurait profondément affecté les relations inter communautaires chez vous ?

Le Maire : Effectivement, les relations ont été affectées mais ce ne sont pas des querelles, c'est un problème de compréhension. Avant la guerre toutes les communautés vivaient à Blolequin, c'est un peu comme la CEDEAO, on y trouve les Burkinabés, les Nigériens, les Nigérians, les Sénégalais, les Maliens, les Guinéens, et les allogènes, les ivoiriens non Wè c'est à dire le groupe Akan, les Sénoufo, les Gouro. Tout le monde vivait en symbiose tant dans la ville que dans les plantations. Quand la guerre a éclaté, que la rébellion a atteint Blolequin, la population autochtone a constaté qu'il y aurait eu une certaine collaboration entre certaines ethnies et les rebelles qui nous ont attaqués. C'est le reproche fait par la population autochtone qui avait fuit alors que les autres sont restés sur place. Mais depuis 2003 nous travaillons à cela. Ça été un palabre importé et je pense qu'avec l'aide du ministre Oulaye Hubert et les autres élus, nous allons y arriver. Les commerçants sont pour la plupart revenus mais ce sont les paysans qui pour des raisons de sécurité n'ont pas encore rejoint leur plantation y compris les paysans Wè et c'est actuellement le problème .

Onuci FM: Des informations monsieur le Maire, font état du fait que vous avez été freiné dans votre élan d'investissement, que doit-on comprendre?

Le Maire : Aujourd'hui nous sommes bloqués par les problèmes de subventions, nous avons même des projets en souffrance, il y a par exemple l'électrification du nouveau pont, le jardin d'enfant, qui sont des projets que nous avons commencé et qu'on ne peut pas terminer dans l'état actuel des choses faute de financement. Il y a aussi l'extension du collège municipal, on voulait le transformer en lycée mais là aussi il faut des locaux pour pouvoir y affecter des élèves. A ce niveau aussi on se trouve bloqués. Il y a un engorgement au niveau du primaire, il y a un quartier qui n'avait pas d'école et on avait décidé de construire une école mais il n'y a pas de fonds.

Onuci FM: Monsieur le Maire en conclusion pour 2007 de quoi rêvez-vous pour Blolequin ?

Le Maire : Bien ! je vous ait dit tout à l'heure que depuis 1990 nous sommes dans une zone de guerre si on tient compte de la guerre du Libéria dont tous les effets se font sentir à Blolequin puisqu'on a eut à héberger plus de 40000 refugiés .Vingt ans de guerre, j'allais dire c'est trop, c'est dur, c'est dur à vivre . Notre souhait aujourd'hui c'est la paix, que la paix, revienne pour que Blolequin qui était le poumon économique du Moyen Cavally reprenne son rang. Pour que tous nos paysans reprennent leur plantation, pour que tous nos opérateurs économiques puissent revenir, pour que Blolequin revive enfin.

Onuci FM: C'est la main tendue.

Le Maire : Voilà !

Onuci FM: Je vous remercie Mr le Maire.

Le Maire : Merci beaucoup Monsieur.