Général Didier L’Hôte : « Nous continuerons à travailler pour que les élections soient les plus apaisées, inclusives et transparentes »
Nommé par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, le tout nouveau
Commandant de la Force de l'ONUCI, le
Général de
Division Didier L'Hôte, a pris fonction le 9 juillet 2015. Il a accordé sa toute
première interview à ONUCI FM ; entretien
axé, entre autre, sur l'aspect militaire du mandat de la Mission contenu dans la
Résolution 2226 (2015) du Conseil de sécurité de l'ONU.
ONUCI FM: Général
Didier L'Hôte, bonjour !
Général Didier
L'Hôte :
Bonjour Monsieur
ONUCI FM : Vous
venez d'entamer une nouvelle fonction en tant que Commandant des Casques bleus
de l'ONUCI, quels sont les défis à relever ?
Général Didier
L'Hôte :
Prioritairement,
c'est un défi sécuritaire, exactement comme l'année dernière, avec la nouvelle
Résolution 2226 qui nous donne encore un mandat pour un an ; on marque bien ce
défi sécuritaire, avec plus particulièrement la protection de la population
civile.
ONUCI FM : Vous
êtes passé d'une force statique des Casques bleus à une force dynamique.
Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Général Didier
L'Hôte :
Nous avons dû
sortir de nos différentes casernes pour aller au contact de la population, même
dans les endroits les plus reculés de la Côte d'Ivoire, pour nouer des contacts
avec cette population, de manière à avoir en permanence une bonne appréciation
de cette situation et surtout de voir un petit peu comment elle peut ou risque
d'évoluer. Cette force, beaucoup plus dynamique, veut dire également que nos
troupes, aujourd'hui, sont capables de sortir relativement loin de leurs
casernes pour pouvoir intervenir à peu près partout dans leurs zones d'action,
avec leur matériel majeur ; cela veut dire également la mise sur pied d'une
force de réaction rapide qui, aujourd'hui, est basée à Yamoussoukro et qui peut
intervenir en totalité ou avec une partie de ses effectifs, en tout point de la
Côte d'Ivoire.
Nous l'avons,
très récemment, engagée dans le Grand Ouest de la Côte d'Ivoire et dernièrement
dans les régions de Kong, de Korhogo et du saillant de Tengrela avec des
résultats plutôt satisfaisants. Bien évidemment, je ne peux pas perdre de vue
l'échéance électorale dans quelques mois. Il s'agit de s'arcbouter vers cette
échéance présidentielle. Nous travaillons déjà depuis un certain nombre de mois
et nous continuerons à travailler pour que ces élections soient les plus
apaisées, inclusives et transparentes.
ONUCI FM : Avec
la réduction de l'effectif, pouvez-vous maintenir cette force dynamique que vous
venez d'évoquer ?
Général Didier
L'Hôte :
Je vais revenir
très rapidement sur la 2226. Cette Résolution stipule que pour fin juin 2015
jusqu'à juin 2016, la Force des Casques bleus de l'ONUCI ne connaitrait pas de
diminution de ses effectifs. Donc, si nous avons su être dynamiques au mois de
juin 2015, nous le serons automatiquement en octobre 2015 ou en décembre 2015.
ONUCI FM :
Bientôt les élections. Les populations ont elles raison de s'inquiéter, si on se
réfère au passé ? Que pouvez-vous leur dire ?
Général Didier
L'Hôte :
Aujourd'hui, je
dirais que l'indice de sécurité dans le pays s'est quand même amélioré. Je crois
que tous les acteurs qui travaillent sur ces élections sont en train de faire un
travail de fond très important. Au niveau de l'ONUCI, tout le monde est arcbouté
vers cette échéance majeure. Donc aujourd'hui, il y a quand même lieu d'être
plutôt optimiste. En l'état actuel des choses, je dirais également que la
population est lasse de ces guerres intestines qui n'apportent pas grand-chose,
mais essentiellement des souffrances pour cette population et elle a envie de
tourner la page et de voir un pays en plein développement comme devrait l'être
la Côte d'Ivoire.
ONUCI FM :
Toujours en terme de sécurité, les Casques bleus n'ont participé ni de près, ni
de loin à aucune opération lors des attaques à la frontière ivoiro-malienne, on
le sait, mais y a-t-il des dispositions prises pour faire face aux attaques
terroristes éventuelles en Côte d'Ivoire ?
Général Didier
L'Hôte :
Nous n'avons pas
participé à des opérations de ratissage sur le sol malien, aux côtés des Forces
maliennes ou aux côtés des FRCI (NDLR : Forces Républicaines de Côte d'Ivoire).
Néanmoins, dès que j'ai appris l'attaque sur la localité de Misséni, nous avons
déployé un élément de cette force de réaction rapide dans la région de Tengrela,
toujours dans le but de protéger les populations civiles qui auraient pu être
exposées à ce type d'attaques. Bien évidemment, les deux épisodes de Misséni et
de Fakola ont permis de développer une coopération qui était déjà très bonne
avec tous les acteurs de la sécurité sur le territoire de la Côte d'Ivoire.
Aujourd'hui, nous essayons de cerner au mieux cette menace terroriste mais le
combat contre le terrorisme est avant tout un combat collectif et j'insiste bien
sur cet adjectif pour lui donner tout son sens.
ONUCI FM : Avec
la réduction des effectifs, est-ce que la répartition de façon géographique des
forces a changé ?
Général Didier
Lhote :
Oui !!! Au cours
de l'année dernière, nous avons fermé un certain nombre d'emprises des Casques
bleus sur le territoire de la Côte d'Ivoire et nous avons également construit de
nouveaux camps de manière à ce que cette répartition soit la plus harmonieuse
possible. Nous avons également redéployé nos équipes d'observateurs militaires
pour qu'ils soient davantage au contact de cette population locale et surtout
dans les endroits les plus reculés.
ONUCI FM:
Général Didier L'Hôte, je vous remercie.
Général Didier
L'Hôte :
Je vous remercie
aussi. Très agréable journée !