Conférence de presse du RSSG YJ Choi, concernant les rapports de la BBC et Save the Children UK sur l’ONUCI,

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30 mai 2008

Conférence de presse du RSSG YJ Choi, concernant les rapports de la BBC et Save the Children UK sur l’ONUCI,



Mesdames et Messieurs,

Merci de votre présence à cette conférence de presse. Aujourd'hui, je voudrais parler du rapport publié par Save the Children UK le 27 mai 2008, particulièrement des articles de presse choquants consacrés aux Casques bleus de l'ONUCI à la suite de la publication de ce rapport.

Mon intervention tournera autour de quatre points.

- Un: les faits concernant cette affaire
- Deux: les mesures prises par l'ONUCI
- Trois: qu'aurait-on pu faire de plus?
- Quatre: que faut-il faire?

1- Un, les faits concernant cette affaire

Il y a trois jours, le mardi 27 mai 2008, la BBC a diffusé une information sur la base d'un rapport de Save the Children UK indiquant qu'il y a environ un an, une jeune fille ivoirienne de 12 ans a été violée par 10 Casques bleus. Ainsi, l'ONUCI et le reste du monde ont appris cette nouvelle de la part de la BBC et de Save the Children UK environ un an après cet événement. Il y a des allégations selon lesquelles la victime aurait tenté d'approcher le bataillon l'année dernière. Au moment où nous parlons, nous n'avons pas de preuve à ce sujet. Notre enquête se penchera également sur cet aspect d'une façon très sérieuse. Voilà les éléments dont je dispose pour l'instant sur cette affaire.

2- Deux, mesures prises par l'ONUCI

Dès que nous avons pris connaissance du rapport, l'ONUCI a immédiatement saisi le Bureau des Services de Contrôle Interne, le bras armé des Nations Unies en matière d'enquête, pour qu'il se penche d'une manière approfondie sur cette affaire grave. Dès que l'enquête sera terminée, les Nations Unies en rendront publics les résultats. Nous tous à l'ONUCI prenons cette affaire très au sérieux. Notre rôle en Côte d'Ivoire est de protéger les populations, en particulier les femmes et les enfants. L'ONUCI fait et continuera de faire tout ce qui est possible pour prévenir et chercher des solutions à chaque cas d'exploitation et d'abus sexuels.

3- Trois, qu'aurait-on pu faire de plus?

Il y a seulement trois jours que cette affaire a été portée à notre connaissance. En plus de la mobilisation du Bureau des Services de Contrôle Interne, l'ONUCI est prête à redoubler d'efforts dans son travail de sensibilisation en vue de former toutes ses composantes à la politique de Tolérance Zéro des Nations Unies en la matière. L'ONU n'est pas un Etat souverain. Elle ne dispose donc ni de sa propre armée ni de ses propres ressources financières. En revanche, elle jouit d'un capital unique: son autorité morale. L'ONU ne saurait se permettre d'être prise dans la tourmente de cas d'exploitation et d'abus sexuels. Cela risquerait de porter un coup aux fondements mêmes de son autorité morale.

Un facteur crucial dans cette affaire, c'est la responsabilité. Tous ensemble, nous devons corroborer les faits, et si les preuves existent, traduire les coupables devant la justice et, de ce fait, créer une force dissuasive pour l'avenir. A ce propos, l'ONUCI regrette d'avoir seulement appris l'incident presqu'un an après qu'il a déjà eu lieu. L'aurions-nous appris plus tôt, une enquête aurait été diligentée en temps opportun, les présumés coupables auraient pu être arrêtés et justice aurait pu être rendue à la fille ainsi qu'à sa famille. En raison du principe de rotation des troupes, les soldats qui auraient été impliqués dans cette affaire devraient être rentrés chez eux. Alors que faut-il faire?

4- Quatre, que faut-il faire?

Je voudrais souligner que dans le cadre de sa stratégie de prévention et de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels, l'ONUCI s'est employée à mettre sur pied un réseau avec les communautés locales et les ONG aussi bien nationales qu' internationales. Save the Children UK est au nombre des ces organisations que l'ONUCI a rencontrées en maintes occasions au cours des douze derniers mois pour renforcer les relations de coopération, d'estime et de respect.

Save the Children UK suggère la création d'un organe de surveillance international. Cette idée mérite certainement d'être examinée, mais je voudrais fortement plaider pour la mise sur pied d'un mécanisme de responsabilité.

Comme vous le savez, l'ONU a déjà bien accueilli la publication du rapport de Save the Children UK. Il va sans dire que pour l'ONUCI, des améliorations sont toujours possibles en matière de formation et de sensibilisation. Nous devons continuer de faire encore de notre mieux. Cela dit, nous ne devrions jamais nous trouver dans une position d'être soupçonnés d'inaction, de complicité ou d'irresponsabilité. Je ne saurais couvrir ceux qui compromettent la précieuse autorité morale de l'ONUCI en se livrant à des crimes horribles. Ils ne méritent pas protection car ils ont déjà trahi la confiance et l'amitié de leurs collègues, et surtout celles des Ivoiriens; aussi ai-je le devoir et la responsabilité de protéger l'honneur de tous les autres Casques bleus dont je demeure reconnaissant du dévouement à la cause de l'ONUCI, qui est de servir le peuple ivoirien.

Je vous remercie de votre attention.