COMPTE-RENDU DU POINT DE PRESSE HEBDOMADAIRE - 04/10/2007

4 oct 2007

COMPTE-RENDU DU POINT DE PRESSE HEBDOMADAIRE - 04/10/2007

L'ONUCI présente son deuxième rapport sur les prisons en Côte d'Ivoire

Des changements positifs non négligeables, notamment dans le domaine du respect de l'intégrité physique des détenus et une amélioration de leur prise en charge médicale, ont été notés dans les établissements pénitentiaires ivoiriens, a déclaré jeudi à Abidjan, la chef de la section Etat de droit de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), Françoise Simard.

Intervenant au cours du point de presse hebdomadaire de la mission, Madame Simard a présenté à la presse, le deuxième rapport de la section sur la situation des établissements pénitentiaires en Côte d'Ivoire. Ce rapport, qui avait également été présenté aux autorités pénitentiaires et judiciaires ivoiriennes lors d'une cérémonie tenu ce jeudi au siège de l'ONUCI à Abidjan en présence des représentants du corps diplomatique, d'institutions internationales et d'ONG, couvre une période allant de mai 2006 à mai 2007. Il est basé sur le suivi de 22 établissements pénitentiaires au sud et cinq au nord.

Un premier rapport, publié le 26 août 2006, avait dépeint un tableau sombre de la situation des prisons en Côte d'Ivoire. La prise en compte par l'administration nationale de certaines de ses préoccupations a favorisé des changements positifs constatés par l'Unité de l'Etat de droit.

Le deuxième rapport note, cependant, la précarité des conditions de détention des prisonniers, particulièrement en ce qui concerne l'alimentation et les soins de santé. « Tous ces problèmes graves appellent des solutions urgentes et encore plus d'efforts de la part du gouvernement » a indiqué le chef de la section. Selon Mme Simard, malgré une augmentation des fonds destinés à l'alimentation en 2006, les détenus continuent de recevoir, par jour, un repas unique sans valeur nutritive. Sur ce chapitre, elle a salué les efforts considérables réalisés par certains organismes dont le Comité International de la Croix Rouge (CICR) à travers son programme nutritionnel, qui a entrainé une réduction significative de la mortalité en milieu carcéral. Celle-ci est passée de 445 en 2005 à 87 en 2006.

Le rapport a également mis en exergue le problème de la surpopulation des prisons, notant que les détenus vivaient sur 2.5 m2 de cellule chacun, loin des 11m2 prévus par les standards internationaux. Le rapport a abordé le problème des femmes, des enfants et des mères accompagnés de leurs enfants au sein des prisons. Si ces groupes vulnérables représentent un faible pourcentage de la population carcérale, il n'en demeure pas moins que leur traitement n'est pas toujours conforme aux standards internationaux et aux lois ivoiriennes. Ainsi, du fait d'un déficit d'agents pénitentiaires, les femmes sont gardées la nuit par des hommes.

Mme Simard a soulevé le problème des infrastructures, déjà évoqué dans le 1er rapport. « Ils sont dans un état de délabrement très avancé, à un tel point qu'il y a un risque de voir le système pénitentiaire défaillir si des mesures ne sont pas prises sur le plan financier, matériel et humain » a-t-elle indiqué, ajoutant que la plupart des prisons n'avaient reçu aucune réhabilitation depuis au moins dix ans.

Concernant la gestion des prisons, le Chef de la section de l'Etat de droit a expliqué que par manque d'effectifs, la sécurité n'était pas assurée à l'intérieur des prisons : ce sont des détenus qui gèrent l'ensemble des prisonniers, ce qui laisse la place à beaucoup d'abus et à des traitements de faveur.

Le rapport fait des recommandations et demande au Gouvernement de prévoir un plan de réhabilitation des établissements pénitentiaires en zone Centre, Nord et Ouest (CNO) et d'établir les besoins en termes de personnel pour anticiper sur le redéploiement de l'administration préconisé par le programme de sortie de crise. La section de l'Etat de droit de l'ONUCI travaille avec les ONG et les autorités dans le développement des projets et l'identification des bailleurs de fonds pour la réhabilitation et la rénovation des prisons.

Auparavant, la directrice de la Division de l'Information publique de l'ONUCI, Mme Margherita Amodeo, a exhorté tous les Ivoiriens à s'engager résolument pour la réussite des audiences foraines. La mission apporte son soutien total aux autorités ivoiriennes dans ce processus. Elle joue son rôle d'observateur et fait partie du groupe de communication des audiences foraines mis en place par le Gouvernement ivoirien.

Madame Amodeo a, par ailleurs, indiqué que la mission exploratoire de l'ONU actuellement en Côte d'Ivoire est venue pour étudier la demande faite par le Président Laurent Gbagbo d'une enquête internationale indépendante sur l'attentat manqué du 29 juin dernier contre le Premier Ministre. La mission n'est pas dans le pays pour mener une enquête, a-t-elle précisé, tout en expliquant qu'un rapport sera fait à New York sur la base des informations recueillies. La mission se félicite de la disponibilité et de la coopération des autorités ivoiriennes, a-t-elle noté.

Par ailleurs, Mme Amodeo a rappelé la tenue au siège du Bureau International du Travail (BIT) à Abidjan, d'un atelier national d'informations organisé par la division des Droits de l'Homme de l'ONUCI, à l'attention de 40 ONG ivoiriennes, sur le thème : « Techniques de surveillance, d'enquête et de rédaction de rapport sur les violations des droits de l'homme »