Côte d'Ivoire: La Cite des Antilopes accueille un Forum de l'ONUCI

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14 oct 2005

Côte d'Ivoire: La Cite des Antilopes accueille un Forum de l'ONUCI

Daloa, 14 octobre 2005...pour la societe civile Ni la distance ni la pluie qui s'est fortement abattue sur la ville de Daloa, dans le centre-ouest de la Côte d'Ivoire, n'ont réussi à altérer le désir des habitants de la 'Cité des Antilopes' et de ses environs d'échanger avec les représentants de l'Organisation des Nations Unies sur leur rôle et actions dans la recherche d'une solution à la crise en Cote d'Ivoire.

C'était le vendredi 14 octobre lors du deuxième forum de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) avec la société civile, le premier ayant eu lieu dans la ville centrale de Bouaké.



Dans le Camp du Bataillon de Génie bangladais qui a accueilli cette cérémonie, l'atmosphère était conviviale et chaleureuse. Un groupe musicale ivoiro-bangladais fut l'attraction la plus surprenante pour les curieux, qui découvraient des bangladais chantant en français et en
langues locales, sur un rythme tantôt langoureux, tantôt rock'n roll.

Un dialogue franc et honnête

C'est en présence des autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières que le chef de terre de Daloa fit des libations et des bénédictions, tout en invoquant les dieux de la
pluie. Quelques secondes après, la puissance de la pluie diminua considérablement pour faire place, peu à peu, à un soleil radieux.
Estimés à un peu plus de 500, les participants ont écouté attentivement le message du Secrétaire-général de l'Organisation des Nations Unies à l'occasion de la Journée internationale pour la paix, et l'allocution du Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Pierre Schori, lue par la directrice de l'Information de l'ONUCI, Madame Margherita Amodeo. Celle-ci a plaidé, dans ses remarques liminaires, pour un échange franc, honnête et direct avec la société civile.

Rappelant le rôle et les fonctions de l'ONUCI, Mme Amodeo s'est voulue rassurante sur la présence de la mission. "L'Ouest est une des régions qui a le plus souffert de la crise. Nous (l'ONUCI), sommes à vos côtés", a-t-elle dit, avant de plaider pour une complémentarité et
une synergie de toutes les énergies, en appréciant par la même occasion le travail des agences des Nations Unies sur le terrain.

"Personne ne peut donner la paix aux Ivoiriens"

L'hôte de la cérémonie, le Commandant du Secteur Ouest, le Brigadier Général Zahurul Alam, a énuméré les activités quotidiennes du Bataillon Bangladais dans la zone. La force de l'ONUCI surveille toutes les parties, conformément à l'accord de cessez-le-feu, appuie le
gouvernement de réconciliation dans le cadre du désarmament et veille au respect de l'embargo sur la fourniture d'armes à la Côte d'Ivoire, parmi d'autres taches, a-t-il signalé. Le Commandant Alam a insisté sur le fait que "personne ne peut donner la paix aux ivoiriens ».
« Elle est entre vos mains et il revient à la population de Côte d'Ivoire de ramener la paix dans le pays, » a-t-il souligné. « Nous, l'ONUCI, ne pouvons que l'appuyer."

La force onucienne basée à Daloa a à son actif l'assistance médicale aux populations, une action que Cyprien Bouabré, gérant d'hotel, qualifie de salutaire: "L'ONUCI organise des séances de vaccinations gratuites. Ma femme et ma fille s'y rendent régulièrement et j'en
parle à des amis et collègues pour les inciter à y aller aussi »
Les représentants des divisions de l'ONUCI et des agences humanitaires des Nations Unies ont présenté le rôle et les actions de leurs unités avant de se prêter, sans faux-fuyant, aux questions des invités, qui tournaient autour du désarmement, des droits de l'homme, du rôle des Organisations non gouvernementales (ONG) dans le processus de paix, et du rôle "exact" de l'ONUCI en Côte d'Ivoire.

Les chefs traditionnels, interface entre la communaute internationale et les jeunes

Digbeu Marcellin, chef traditionnelle, s'est dit satisfait des échanges: "C'est salutaire ce genre de rencontres car nous sommes interpellés par les jeunes et étant donné que nous sommes l'interface entre eux et la communauté internationale, nous essayons de les calmer quand ils se mettent en colêre. Des réponses satisfaisantes m'ont été données, mais j'ai encore quelques préoccupations que je ferai connaître aux services de la mission basés à Daloa."

M Digbeu a loué cette initiative qui consiste à rencontrer tous les acteurs de la crise pour mieux cerner et appréhender les préoccupations des uns et des autres.

ONG féminine demande a l'ONUCI de prêter une attention spéciale aux femmes
Madame Yéo, présidente de l'Association des épouses de gendarmes de Daloa, a quant à elle, plaidé pour une prise en charge des femmes par l'ONUCI. « Je suis optimiste mais je demande un programme spécial de l'ONUCI pour les plus grandes victimes, qui sont les femmes de ce pays, » a-t-elle dit.

Madame Doh Agnès, originaire de la ville de Logoualé, au nord-ouest de Daloa, a demandé à l'ONUCI d'intervenir pour l'arrêt des ventes d'armes. « Parlez aux fabricants d'armes, qu'ils arrêtent de nous tuer,» a-t-elle supplié en se mettant à genoux.

A part quelques diatribes contre la France, le bon ton était de mise. Des témoignages émouvants ont ému les uns et les autres. Ainsi, le responsable administratif régional de l'ONUCI à Daloa, M. Stanislas Mbananende, a évoqué les atrocités vécues par le peuple du Rwanda, son pays d'origine. «Je vous en parle, a-t-il dit, parce que je veux éviter cela à votre peuple. Je veux que la Côte d'Ivoire ne vive pas cette haine tragique qui nous a traumatisée, et je suis convaincue que la Côte d'Ivoire peut l'éviter».